C’est comme si Underoath avait connu trois vies. Les choix de carrière du groupe de Tampa (Floride) ayant été en effet assez radicaux, modifiant pas mal leur fanbase. Ayant débuté dans un format hardcore chaotique sacrément secoué avant de muter en emo/metalcore (mallcore ou post-hardcore selon les différentes descriptions leur ayant valu une énorme popularité du temps de Myspace), le quintet a connu un nouveau changement drastique d’approche avec son album Erase Me, poussant sa facette modernisée du côté d’un Bring Me The Horizon, mélange de puissance et de facilité pop/electro reprochée par mon collègue Krakou sur la chronique de Voyeurist, leur dernier album en date. Mais voila que Spencer Chamberlain annonce The Place After This One comme l’entame d’une nouvelle ère démarrant pour « les vingt ans à venir »: Underoath version 4.0 ?
Eh bien pas grand chose de nouveau en réalité. Underoath semble vouloir condenser sur ce dixième album ses envies parmi les plus récentes: de l’énervé (l’introductif « Generation No Surrender » qui renoue avec le son de The Sound Of Separation), des refrains fédérateurs (« Devil »), tout ça avec quelques effets modernes, mais qui laissent soudain place à des carrément envies electro rock (« Loss » ou « All Love Is Gone » qui touche à l’indus sur ses couplets).
Une première partie d’album qui se montre malgré tout plutôt efficace bien que la ligne directrice du groupe soit un brin brouillée. Et la suite va surprendre à bien des égards et pas dans le bon sens du terme. A commencer par un titre comme « Teeth » où l’agressivité (jusque là omniprésente) laisse place à une electro-pop molle et passe-partout, certes ça s’énervera vite fait sur la fin mais le mal était déjà fait.
Et cette seconde partie d’album va continuer à décevoir, notamment avec « Shame » puis « Spinning In Place » qui nous rejoueront des parties mielleuses à gogo. L’énigmatique présence de Troy Sanders (Mastodon) sur « Vultures » n’y changera rien malgré son refrain plutôt catchy, c’est comme si Underoath avait laissé son inspiration aux vestiaires, comme sur le final saturé/larmoyant « Outsider », sorte de remplissage histoire d’avoir un douzième morceau.
Bien sûr on connaissait le goût des mélodies emo d’Underoath mais prises dans ces effets modernes omniprésents, cela donne un côté « bande-son de magasin de vêtements ». En effet, ces mélodies chargées en sirop s’oublient aussi vite qu’elles arrivent, voire s’écoutent sans s’écouter, balayant toutes les bonnes intentions visibles en début d’album où les nerfs ont la part belle. Alors vingt ans de plus comme ça vous dites ? Bof…
- Generation No Surrender
- Devil
- Loss
- Survivors Guilt
- All The Love Is Gone
- And Then There Was Nothing
- Teeth
- Shame
- Spinning In Place
- Vultures
- Cannibal
- Outsider