Le post-rock a souvent été considéré comme l’un des styles se prêtant le mieux à l’univers du cinéma. Ses arpèges souvent mélancoliques, ses passages contemplatifs et autres mouvements laissant l’âme divaguer, autant de possibilités instrumentales à marier avec les images filmiques quelles qu’elles soient. Dumbsaint voit même au-delà de cette idée, cherchant à extraire de chacune de ses compos un potentiel cinématographique rarement atteint dans le style.
Car c’est ainsi que le groupe australien conçoit sa musique depuis ses débuts: marquer une filiation entre musique et cinéma puis l’illustrer concrètement en réalisant des courts-métrages (principalement à l’univers sombre et dérangeant). Pour ce panorama, in ten pieces, deux titres ont (pour l’instant) eu droit à leur film: Communion et Cold Call, deux clips à l’aura aussi mystérieuse que paranoïaque (que vous pouvez visionner sous cette chronique), très pros et surtout à l’atmosphère anxiogène marquant l’esprit. Et c’est par l’image que l’on se rend compte de son accord parfait avec la musique des australiens.
Tantôt subtile et douce par ses arpèges avant d’exploser avec fracas, celle-ci s’inscrit pas loin de ce que produisent leurs voisins néozélandais Kerretta grâce à cet aspect massif dû à cette basse résonnant très métallique (celle-ci évoquant aussi parfois Isis, Pelican ou encore Russian Circles). Même sans l’image, les dix pièces musicales de Dumbsaint fonctionnent donc aussi parfaitement, allant (comme le veut le style) de leurs instants célestes (le début de Long Dissolve/Temps Mort) laissant place à des attaques un peu plus musclées, voire des moments de tension vraiment saisissants (l’énorme montée pendant Cold Call ou celle(s) de Of No Return).
De son concept très original mais toujours cohérent à sa réappropriation d’un style duquel il est pourtant délicat de se distinguer, Dumbsaint réalise un nouvel album à l’ambiance singulière, donnant à l’auditeur un pouvoir de réalisation de films mentaux à l’histoire faisant intervenir bien des sentiments/sensations. Sans doute le meilleur album de post-rock de 2015 de la part d’un groupe qui mérite beaucoup plus d’exposition qu’il n’en a actuellement.
- Low Visions
- Communion
- Love Thy Neighbour
- (Partition)
- Cold Call
- Graceland
- Long Dissolve/Temps Mort
- Neighbour (Reprise)
- Of No Return
- Barren Temples
Les vidéos sont vraiment bien foutues, celle de « Communion » m’a même paru trop courte tellement j’avais envie d’en savoir plus sur cette histoire dérangeante. En revanche j’aurais du mal à dire si la musique seule pourrait me captiver autant, à réécouter.