Si vous aimez les records, voici certainement celui du plus long titre d’album de 2019 ! En effet, Så kom mørket og tog mig på ordet En sort sky af minder I afgørende stunder Frosset fast til mit indre Jeg håber det forsvinder med lyset At dø eller blive fri est le genre d’albums à faire criser les téléchargeurs qui aiment écrire le nom complet des albums sur leurs dossiers. Cet album est donc le premier de Morild, mystérieux quintet danois qui a donc découpé son titre d’album pour en faire six morceaux. Ah oui, et si vous n’aviez pas pris danois LV1 au collège, voici sa traduction « Puis les ténèbres sont venues et m’ont pris au mot, Un nuage noir de souvenirs À un moment crucial figé dans mon intérieur, J’espère qu’il disparaîtra avec la lumière, Mourir ou être libre ». Oui ça promet du joyeux !
Morild joue donc un black metal contenant des atmosphères entre froideur et folie mais avec surtout beaucoup d’émotions. Les danois font donc baigner leur black metal dans des paysages sonores assez originaux, créant pour le coup des sensations peu communes. Ainsi « Så kom mørket og tog mig på ordet » démarre avec des chœurs envoûtant peu à peu recouverts par un voile noir accompagné par une voix torturée, pas très loin de la mouvance DSBM (Depressive Suicidal Black Metal). Une intro assez répétitive qui nous immerge dans l’univers ambivalent de Morild, coincé entre douceur éthérée et démence. « En sort sky af minder » poursuivra de manière plus « traditionnelle », black metal plus rageur avec force blast. Pourtant il ressort de ce second titre une mélancolie prenante grâce à l’apport de discrets synthés dont les mélodies flirtent avec le tragique. On se fait facilement happer par la puissance mais aussi l’espèce de délicatesse sortant de ce titre, surprenant entre ses trémolos, ses breaks puis ses incroyables redémarrages jusqu’à ce mémorable final collant des frissons.
« I afgørende stunder » la joue ensuite mid-tempo. Un titre qui, avec sa mélodie lancinante évoque Sleeping Peonies. Malgré son côté très répétitif, on se fait une nouvelle fois prendre tant le rendu est bouleversant. « Frosset fast til mit indre » est ensuite un titre qui parlera le plus aux amateurs de blackgaze, les blasts étant soutenus par des synthés éthérés tandis que les guitares soutiennent délicatement les mélodies. Derrière, le chant est toujours aussi expressif, mais c’est pourtant paradoxalement un sentiment d’apaisement qui prédomine, la faute peut-être au break avec chœurs féminins presque angéliques.
« Jeg håber det forsvinder med lyset » est un interlude acoustique, instrumental que l’on a d’habitude envie de passer vu que c’est souvent là pour faire du remplissage. Pas ici, ce titre aura beau être facile et répétitif, il se dégage à nouveau quelque chose du domaine de la tristesse. Une jolie manière d’annoncer « At dø eller blive fri », conclusion évolutive entre passages tendus, pont post rock et final plus orchestral développant encore plus les capacités épiques de Morild.
Débarquant de nulle part, ce jeune groupe danois vient donner un bon coup de pied dans la fourmilière « post black metal ». Même s’il en contient de nombreux éléments, cet intense premier album donne un sacré coup de frais, marquant par sa gestion des textures, des mélodies et des compositions (si bien que l’on s’habitue très vite à cette voix pourtant très stridente du chanteur). Une superbe découverte.
- Så kom mørket og tog mig på ordet
- En sort sky af minder
- I afgørende stunder
- Frosset fast til mit indre
- Jeg håber det forsvinder med lyset
- At dø eller blive fri