Attention les yeux, ça va pleurer des larmes de sang rance dans les chaumières. Mesdames et messieurs, un one man band de black dépressif (c’est presque un pléonasme) de plus débarque. En plus, il vient du Portugal. Une forte propension, de par la latinité du caractère, à donner dans le « too much », en principe. Pire, il s’agit d’un premier album, faut donc mettre les points sur les « i » tout de suite et montrer qu’on en chie plus que son voisin sur le sentier de la vie. Toutes les conditions sont réunies pour passer un moment entre le risible et l’insoutenable.
Pourtant, Ars Diavoli n’est pas à prendre à la légère. Il ne sombre pas, par exemple, dans la surenchère esthétique en évitant de nous gratifier des sempiternelles scarifications ou autres sucettes en forme de revolver. Et ça, déjà, c’est bien. Bon point.
Bon point également pour l’exécution et la production. C’est tout de même, en effet, un peu plus ambitieux que la cohorte de projets puérils torchés en une demi journée sur un dictaphone. Une vraie batterie, de vraies guitares écorchées qui lacèrent l’esprit, un vrai (bien que discret) clavier lugubre qui vient rajouter quelques kilos au poids qui nous attire dans les bas fonds. Mais un chant ultra saturé. On présume qu’il est délicatement vomi dans la douleur, comme de bien entendu. Mais il est ultra saturé. Alors bien sûr le genre n’en est pas à ces balbutiements en la matière et quiconque y est aguerri ne devrait pas sursauter en l’écoutant ; malgré cela, je préfère tout de même le signaler car la logique est ici poussée à l’extrême.
Musicalement, Ars Diavoli met l’accent sur les atmosphères. On a droit à quelque chose de plus massif et spatial que de pauvres arpèges stridents accompagnant une voix décharnée. J’imagine plus une âme errant dans une forêt dévastée qu’un apprenti cuisinier aiguisant ses couteaux sur ses poignets, voyez ? Pour le dire tout de go : c’est quand même assez proche de Krohm. Et à mon humble avis, il vaut mieux être proche de Krohm que de Fear of eternity.
Le Portugal ne nous a que très peu gratifié d’ (excellentes) offrandes black metal, notamment en matière de musique dépressive. Mais force est de constater qu’il vient de gagner, avec Ars Diavoli, le droit de ne plus figurer dans la liste des pays parents pauvres du genre. Espérons simplement que Malleus, l’autre projet du sieur Vilkacis, n’accaparera pas trop ce dernier et qu’il lui restera suffisamment de temps pour donner un successeur à cette entité savamment mortifère qu’est Pro nihilo esse.
- angústia sufocante
- ira auto-infligida
- pro nihilo esse
- vis compulsiva
- veneração suicida
- derrames…
il n’aura échappé à personne que le nom du groupe est en fait un anagramme de Sad Ravioli, ce qui explique largement leur état d’esprit…
J’allais poster sur le forum dans le topic découverte ce groupe pour avoir ton avis darkantitos car je viens d’aller sur leur myspace (un pote local vient de m’en parler)…
Bah pas la peine tu connais déjà :)
Sinon je suis pas trop connaisseur du genre pour faire des comparaison avec la concurence mais c’est pas mal du tout.