Cet album m’a posé de sérieux problèmes d’appréciation. Finalement je me rends compte que mon sentiment à son égard n’a guère varié depuis la 1ère écoute, et ce malgré la bonne vingtaine d’écoutes qui s’en est suivie.
Voilà un album que nos amis norvégiens expliquent avoir conçu comme les vieux 33 tours de nos parents, avec (virtuellement) 2 faces distinctes, comme s’il fallait considérer être en présence d’un album à 2 facettes.
Cette explication lue dans une interview me comble au plus haut point car elle confirme totalement mon sentiment à l’égard de cet album à la personnalité complexe et me permet de justifier ma double opinion à son égard.
Je suis en effet très partagé entre mon coup de foudre total pour la 1ère face, ces 4 premiers titres absolument fantastiques qui sont (de mon point de vue) les meilleurs titres d’Enslaved que j’aie jamais entendus, et l’indifférence que me font ressentir les 3 titres suivants et plus généralement donc la « face B ».
Je passe rapidement sur le blah-blah de présentation, on ne présente plus Enslaved aujourd’hui, l’un des seuls rescapés de la glorieuse (et controversée aussi) scène black metal norvégienne des années 90. Ce qu’il est en revanche essentiel de savoir, c’est qu’on est avec Ruun, une fois de plus très loin des premières œuvres du groupe, et que si Isa sorti en 2004 vous avait laissé de marbre, il est inutile de vous torturer à écouter ce nouvel album qui s’inscrit dans la pleine continuité de son prédécesseur, en proposant un black qui n’en est quasiment plus un (si ce n’est pour la voix de Grutle qui maintient quand même un semblant de filiation avec le genre). On pourrait quand même voir dans les agressions de « Fusion Of Sense And Earth », un certain relent black metal, mais les orientations progressives empruntes de feeling et de sonorités 70s, auront tôt fait de ressurgir pour confirmer ce que l’on savait déjà : la simple étiquette de « black metal » ne sied plus du tout au cas Enslaved qui s’y trouve bien trop à l’étroit. Cet album confirme mon idée qu’Enslaved est en quelque sorte devenu le pendant black de Opeth.
Et pour ma part je m’en félicite, tant j’adhère totalement à cette orientation progressive fortement marquée, et qui transcende des titres comme le FA-BU-LEUX « Ruun » ou « Heir To The Cosmic Seed ». Les chœurs en voix claire sont désormais fréquemment de la partie et tranchent idéalement et de façon parfaitement réussie avec la monotonie éventuelle que l’on pourrait reprocher à la voix agressive de Grutle. A noter aussi qu’un titre comme « Path To Vanir » fait aussi la part belle à des growls death, qui renforcent l’atmosphère sombre et caverneuse de l’album.
Oui parce que cet album est certes très loin du black metal « de base », mais il n’en reste pas moins sombre. Cependant il est aussi empreint d’une poésie et d’un lyrisme d’une grande classe auxquels on adhérera ou non selon ce qu’on en attend.
Ce qui m’empêche de proclamer cet album comme encore meilleur qu’Isa est malheureusement l’essoufflement que je ne peux m’empêcher de constater à chaque écoute, justement après l’énorme « Ruun » qui marque la fin de la « face A ». « Tides Of Chaos » m’apparaît clairement comme le titre le plus faible de la galette, avec un refrain en choeurs plutôt pataud et un décollage qu’on attend et espère en vain jusqu’à la dernière seconde. Je trouve que ce titre plombe complètement la fluidité de l’album si bien qu’il m’arrive fréquemment de couper après le 4ème titre. Le charme est en quelque sorte rompu.
« Essence » et « Api-Vat » tentent pourtant de repartir sur de meilleures bases, mais il n’y parviennent qu’approximativement et n’atteignent jamais la classe des 4 premiers titres.
Attention, ces titres sont loin d’être mauvais, ils sont même plutôt bons en fait mais le problème du disque est à mon avis que le groupe tire ses meilleures cartouches en début d’album affadissant dramatiquement le reste. Heureusement que le superbe (et quasi instrumental) « Heir To The Cosmic Seed » redresse la barre (avec ses chœurs majestueux) avant le passage de la ligne d’arrivée. Il n’empêche, me voilà un peu déçu car avec une « face B » à la hauteur de la « face A », je tenais l’album parfait des norvégiens.
J’en arrive à la conclusion que peut-être faut-il écouter ces 2 faces de façon distincte, auquel cas on se retrouve d’une part face à un EP extraordinaire (sur la « face A ») et d’autre part face à un bon EP, malheureusement dépourvu de génie (sur la « face B »). C’est ce qui expliquera la double note donnée au disque en bas de page.
Alors acheter ou pas acheter ? Personnellement j’achète (et j’ai acheté) parce que la majesté des 4 premiers titres (et en particulier de « Ruun ») suffit amplement à me faire décaisser. A vous de voir à partir de là, sachant que si vous n’accrochez déjà pas sur les 4 premiers morceaux, votre cas me semble particulièrement désespéré…
2 notes donc :
Face A : 19/20
Face B : 13/20
- entroper
- path to vanir
- fusion of sense and earth
- ruun
- tides of chaos
- essence
- api-vat
- heir to the cosmic seed
Je trouve réducteur le fait de décliner cet album en deux parties, ce disque est une tuerie qui s’écoute agréablement en une fois !!! Comme je l’ai déjà mentionné, Enslaved est véritablement le « Pink Floyd » du black !!! Bravo Messieurs Les Norvégiens !!!
excellent album, du début à la fin. Je le trouve parfait, vraiment planant.
Je ne suis pas trop d’accord avec le côté face A/face B étant donné que ma préférée et la dernière. Pas aussi bon que Isa mais très bon album!
Bah que vous soyez d’accord ou non, c’est le groupe lui-même qui le revendique, alors…
Perso j’ai toujours trouvé très bon tout ce que faisait Enslaved, mais cette fois je n’adhere pas. J’ai pourtant apprecié le changement vers une musique plus progressive avec Monumension et les albums qui ont suivis mais ici j’ai l’impression que tout est plus facile que les 3 albums precedents. Rien de transcendant en somme, un disque moyen, une grosse deception…
J’essayerais d’y jeter de nouveau une oreille à l’occase mais pour l’instant cet album ne me passione guere…
bah tout pareil que mister munch !
Même chose que les deux énergumènes du dessus. J’ajouterai que dès « Isa », la recette d’Enslaved commencait à sentir un peu le grenier. Mais je fais confiance au groupe pour revenir d’autant plus éblouissant. Après tout j’avais aussi lâché le groupe entre « Eld » et « Monumension » pour mieux tomber en pamoison devant ce dernier.
@ellestin: t’es en train de dire que t’as loupé le fabuleux et bien déjanté « mardraum » ??? je vais attendre un peu pour ce ruun, pas le temps en ce moment…