Chez Blurr Thrower, douleur et hypnose vont de pair. Ce mystérieux projet parisien est actif depuis 2014 mais aura attendu 2018 pour sortir Les avatars du vide, carte de visite aux deux titres-fleuves aussi poignants qu’éprouvants. Officiant dans une sorte de relecture personnelle du « cascadian black metal », pas très loin d’un Wolves In The Throne Room, d’un Fluisteraars ou d’un Ash Borer, mêlé à une bonne dose de black dépressif, Blurr Thrower livre avec Les Voûtes quatre nouveaux titres ultra denses.
Le contraste entre le dénuement de la cover et la musique de Blurr Thrower est conséquent: « Cachot » ouvre l’album avec force, nous immergeant directement dans un voile de guitares raw à l’ancienne installant cette atmosphère tendue, où les vocaux possédés surnagent dans la saturation. Et pourtant derrière ces étourdissants trémolos semblent transparaître une fragilité née de ce désespoir ne quittant la pièce qu’à de très rares occasions (notamment sur « Fanes », sorte d’interlude mystique où l’inquiétude se transforme en fascination).
Et finalement même si les durées sont fleuves pour trois de ces quatre morceaux, on reste happé par ces titres lancinants aux nappes atmosphériques, douloureuses mais parsemées de faisceaux de lumière transperçant l’opacité ambiante, nous plaçant dans un entre-deux d’extrême crise de nerfs et de sérénité. Et même si quelques breaks ambient viennent parfois faire retomber la pression (notamment sur l’incroyable « Amnios » allant du côté de Throane), Les Voûtes demeure dans une constante déferlante. Une œuvre aussi émotionnelle qu’exigeante, prenant son temps (et de nombreuses écoutes) pour se dévoiler comme elle se doit. Superbe !
- Cachot
- Germes Vermeils
- Fanes
- Amnios
