Årabrot – Norwegian Gothic

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Style: Rock +/- barré et gothiqueAnnee de sortie: 2021Label: Pelagic Records

Après Arab Strap, c’est au tour d’Årabrot de faire partie de mes découvertes tardives de l’année. Tardives, car (au delà d’un patronyme proche mais sans aucun rapport) il s’agit dans les deux cas de groupes bien établis et qui n’en sont pas à leur coup d’essai, mais dont je n’avais jusqu’à aujourd’hui encore jamais croisé la route. Årabrot est né en 2001 et son noyau dur s’est concentré progressivement, au gré des départs des membres originels, sur Kjetil Nernes, ce drôle de bonhomme avec une petite tête et un grand chapeau qu’on croirait échappé d’une secte de mormons, et sur son épouse Karin Park qui joue du clavier dans le groupe et a aussi elle-même une carrière artistique en propre, surtout dans la musique (elle a sorti plusieurs albums en solo) mais aussi ponctuellement dans le cinéma. Ajoutons que le couple vit dans une ancienne église réaménagée et on saisit bien qu’on a affaire à deux personnes qui viendront facilement titiller et amener à revoir la notion de normalité en 2021. Des artistes de la tête au pied en somme qui, on le devine aisément doivent d’ailleurs concevoir toute leur vie sous cet angle artistique.

Ayant apparemment démarré dans un registre noise rock, le combo devenu duo œuvre désormais dans un rock aux influences assez larges, et le titre de leur album peut d’ailleurs donner quelques éclairages sur les ambitions et l’ambiance un peu gothique qui se dégage de certains morceaux (cf les claviers étranges de « Kinks of the Heart » par exemple). Les Swans sont aussi souvent cités comme une influence (consciente ou inconsciente) du groupe (« The Moon is Dead » étant probablement le morceau le plus réminiscent de la bande à Gira), mais heureusement Årabrot se veut plus direct et moins expérimental (façon polie pour moi de dire moins… « chiant »).

Sorti sur Pelagic Records, Norwegian Gothic est produit par Jaime Gomez Arellano (Black Eyed Peas, Paradise Lost, Hexvessel ou Oranssi Pazuzu), voit aussi une belle brochette d’invités prestigieux venir prêter main forte au couple  et dont on ne saura pas forcément facilement retrouver la trace  sur l’album (Lars Horntveth de Jaga Jazzist qui fait parler son saxo sur « The Moon is Dead », Tomas Järmyr de Motorpsycho, Anders Moller de Turbonegro et Ulver, ou encore le bassiste Massimo Pupillo de Zu), et est mis en avant par le label à travers plusieurs clips aussi esthétiques qu’ambitieux, à l’image de l’artwork très travaillé. Bref on sent bien que Nernes/Park et leur label ont décidé de mettre les grands moyens pour faire sortir Årabrot de l’underground et le propulser enfin sous les projecteurs. Et à l’écoute de l’album on ne peut que les comprendre vu la qualité de l’affaire.

16 titres, dont 3 interludes (« The Voice », « Impact Heavily Onto the Concrete » et le final « You’re Not That Special »), une grande variété de tons et d’approches, du barré (« Hailstones for Rain », le bruitiste « Deadlock »), du direct tubesque (« Feel It On », « Kinks of the Heart ») mais aussi du plus aérien et lyrique même avec ce « Hallucinational » qui fait figure de moment de grâce et de calme sur lequel Karin Park nous fait profiter de son impressionnante voix (parfois pas très éloignée d’une Björk) et sur lequel le violoncelle de Jo Quail est à l’honneur. Sur le reste des titres c’est son mari qui tient le micro avec sa voix très particulière, oscillant entre crooneries Nick Caviennes et moments beaucoup plus nasillards (qu’on pourrait situer au croisement de Marilyn Manson et Jimmy Urine de Mindless Self Indulgence), mais souvent sur un tempo bien rock et enlevé, sa femme venant ponctuellement le seconder dans des vocaux d’arrière-plan.

Beaucoup d’éléments pour un album dense (près d’une heure) et indéniablement doté d’un cachet et d’une identité très singulières qui ne devraient en tout état de cause pas laisser indifférent qui décidera de s’y frotter. Tout le monde n’accrochera probablement pas à l’ensemble des facettes présentées par le couple mais sur la globalité de l’œuvre on est de notre côté vraiment séduits par la folie, la variété qui l’habitent, sans heureusement sacrifier la musicalité sur l’autel de la folie.

A découvrir!

Tracklist :
01 – Carnival of Love
02 – The Rule of Silence
03 – Feel it On
04 – The Lie
05 – The Crows
06 – Kinks of the Heart
07 – Hailstones for Rain
08 – The Voice
09 – Hallucinational
10 – (This is) The Night
11 – Hard Love
12 – Impact Heavily onto the Concrete
13 – Hounds of Heaven
14 – Deadlock
15 – The Moon is Dead
16 – You’re not that Special

krakoukass

Chroniqueur

krakoukass

Co-fondateur du webzine en 2004 avec Jonben.

krakoukass a écrit 1161 articles sur Eklektik.

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