Etant apparus avec deux premiers albums post-metal/sludge (Tomb Of Feathers – 2012, Wound Empire – 2015), les californiens d’Abstracter ont choisi ensuite d’ajouter pas mal d’extrême à leur son, le rendant pour l’occasion encore plus destructeur et éreintant (par exemple sur le précédent Cinereous Incarnate – 2018). On pourrait parler de continuité avec ce Abominion, pourtant le groupe mené par d’anciens Atrament a vu en son sein quelques mouvements de line-up: le bassiste James Meyer (Vale, ex-Moral Void) est passé à la guitare, son remplaçant (G.) arrive de chez Mefitic tandis que Justin Enis (Ulthar, Void Omnia) est arrivé à la batterie. Bref, ce ne sont pas des manchots qui ont débarqué !
Comme prévu, Abominion nous plonge dans une atmosphère aussi lourde que délétère, Abstracter nous immisçant sous une terrifiante masse de distorsion surplombée par une voix de monstre semblant sortir des limbes. Se dégage alors de ces cinq titres une impression ambigüe, le pouvoir de dévastation du groupe se fait lentement mais sûrement, étourdissant sur ses phases de langueur mais sachant accélérer sans sommation (« Warhead Twilight »). Le poids des riffs pachydermiques allié à ces rythmiques ultra ralenties (ça cite Khanate et Disembowelment) se vit telle une apnée dans des eaux putréfiées aux effluves souillées d’immondices, pour schématiser, respirer devient difficile ici. Mais Abstracter sait aussi accélérer, calant ça et là des blasts au milieu de ces paysages de désolation (« Tenebrae », titre contenant d’ailleurs des riffs mouvants et hypnotiques).
Baigné d’une atmosphère plus que moribonde, Abominion créée une sorte de transe malsaine et inconfortable tandis que tout semble s’effondrer autour de vous. On hésite alors, est-ce que je dois être bouleversé devant tant de désolation ou bien continuer d’avoir peur car la menace plane toujours ? Un album dur pour les nerfs, comme toujours avec Abstracter, mais certainement leur plus abouti.
- Eclipse Born
- Warhead Twilight
- Tenebrae
- Abyss Above
- Lighteater