Alexisonfire – Otherness

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Style: Post Hardcore RevisitéAnnee de sortie: 2022Label: Dine Alone Music Inc.

S’il est bien un retour qu’on n’osait plus espérer en 2022, c’est bien celui d’Alexisonfire. Formé en 2001, le groupe de post-hardcore canadien avait sorti 4 albums très bien reçus par la critique. J’avais pour ma part était vraiment séduit par leur dernier album Old Crows / Young Cardinals sorti en 2009, et qui est revenu régulièrement sur la platine ces dernières années. Leur post-hardcore d’origine s’était un peu calmé, pour devenir très mélodique et flirter même avec l’émo, mais le résultat était aussi pêchu que prenant. Une des forces du groupe était déjà à l’époque la dualité vocale qui le caractérisait, avec un hurleur principal, George Pettit, et un guitariste/chanteur au registre plus clair/emo particulièrement brillant, Dallas Green (dualité complétée pour être précis de backing vocals ponctuels de Wade Mc Neil l’autre guitariste). Ce dernier s’est d’ailleurs illustré en solo ces dernières années, dans son groupe City and Colour avec lequel il a d’ailleurs sorti au final plus d’albums qu’Alexisonfire. Séparé en 2012 peu après la sortie d’un EP qui voyait le groupe revenir à un son plus agressif (Dog’s Blood), le groupe s’était rapidement reformé en 2015, mais en terme de nouveauté à écouter on restait depuis franchement sur notre faim, le groupe n’ayant (si l’on met de côté l’EP Death Letter, sur lequel il reprenait en acoustique certains titres passés) distillé que quelques singles au compte-goutte (titres d’ailleurs bien réussis, renforçant encore la frustration de l’attente d’une annonce éventuelle) entre 2019 et 2020 : « Familiar Drugs » puis « Complicit » et enfin le plus tempéré « Season of the Flood ». Et puis plus rien. Plus rien en tout cas avant l’annonce en début d’année 2022 de la sortie d’un nouvel album, Otherness donc. Et l’excitation était alors réelle et croissante, surtout que le premier titre extrait de l’album « Sweet Dreams of Otherness » est absolument génial et laissait imaginer qu’on allait avoir affaire à quelque chose de fameux, et ce malgré une pochette disons… particulière.

Et au final, on retrouve avec bonheur le groupe au top de sa forme et avec une approche encore un peu renouvelée de son post-hardcore. Le groupe a muri, évolué avec les années, comme ses fans d’ailleurs, et ça s’entend. L’album propose quand même des morceaux directs et rentre-dedans qui sonnent comme du pur Alexisonfire, à l’image de « Conditional Love » (titre le plus direct du disque, expédié en moins de 3 minutes), « Committed to the Con » ou « Reverse the Curse », mais les canadiens amènent aussi et surtout des choses bien différentes sur ce disque, les moments « classiques » étant finalement les moins nombreux.

C’est surtout et d’abord un vrai « Dallas Green show » en terme vocal, tant son timbre est désormais celui qui domine le plus les débats sur la majorité de l’album. George est moins présent mais ses interventions sont toujours efficaces néanmoins, à l’image de l’excellent « Dark Night of the Soul » qui représente la facette la plus surprenante et réjouissante du nouveau visage du groupe, à l’instar de celle de « Sweet Dreams of Otherness », qui sonne presque comme la rencontre qu’on aurait pas osé imaginer, de l’émo/post hardcore de Alexisonfire avec le Wovenhand de David Eugene Edwards tout simplement. Et cette évolution est juste parfaite, le groupe paraissant complètement à l’aise et également naturel sur ces deux morceaux qui sont probablement les morceaux que je préfère sur l’album. Entre les rythmiques bien puissantes et le chant limite incantatoire de Dallas Green, avec d’autres petits détails en prime qui parsèment le tout, le coup de maître est là et la réussite insolente. « Dark Night of the Soul » contient même quelques petits éléments électroniques, là aussi une nouveauté, que l’on retrouve un peu plus loin également sur le très bon « Survivor’s Guilt » et son refrain terrible encore une fois signé Dallas.

Si les autres titres ne sont pas forcément aussi énormes que ceux-ci, on appréciera quand même également « Blue Spade », un titre lourd et mélancolique à la limite de la ballade et sur lequel Dallas fait encore une fois étalage de son talent vocal. C’est d’ailleurs lui qui est clairement en avant vocalement sur la majorité de l’album, George étant cette fois moins sollicité, mais restant impeccable dans son registre dégueulé/aboyé qu’on lui connaît.

Concernant « Sans Soleil » et « Mistaken Information », on est cette fois clairement dans le registre de la ballade pure et simple, mais le groupe s’approprie à merveille l’exercice pour en faire de très beaux titres, en particulier « Mistaken Information ». Une fois encore Dallas Green est impérial. Même si l’on préfère Alexisonfire dans un registre un peu plus agressif, l’exercice est indéniablement réussi là aussi.

Otherness se termine avec « World Stops Turning », sorte de ballade crépusculaire heavy et épique de plus de 8 minutes, un genre de titre à la « Freebird » sur lequel les guitaristes s’en donnent à cœur joie et dont le placement en fin d’album apparaît parfaitement approprié.

9 ans donc pour enfin avoir la possibilité d’entendre la suite de Old Crows / Young Cardinals, ce fut long, très long même, mais l’attente est récompensée et les canadiens ne déçoivent pas!

Tracklist :
01 – Committed to the Con
02 – Sweet Dreams of Otherness
03 – Sans Soleil
04 – Conditional Love
05 – Blue Spade
06 – Dark Night of the Soul
07 – Mistaken Information
08 – Survivor’s Guilt
09 – Reverse the Curse
10 – World Stops Turning

krakoukass

Chroniqueur

krakoukass

Co-fondateur du webzine en 2004 avec Jonben.

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