La carrière de Spock’s Beard, assez étonnamment, a été relancée en 2002, suite au départ de son leader et principal compositeur Neal Morse. Depuis, le groupe devenu quatuor a continué des albums de très bonne qualité, et est passé d’un groupe dominé par une seule personnalité à un collectif ou toutes les sensibilités pouvaient s’exprimer. Loin de tuer le groupe, cette renaissance a été salutaire pour Spock’s Beard qui sort aujourd’hui sont neuvième album en 11 ans de carrière. Sans doute confiant en ses capacités, le groupe a choisi de ne pas donner de titre à ce disque, qui porte donc juste le nom du groupe sur une pochette des plus simples. Qu’en est il donc de cette nouvelle galette ?
On entre avec « On A Perfect Day » en terrain connu avec des harmonies vocales, des sons de claviers et des rythmes qui n’auraient en rien détonné sur Octane, le précédent album du groupe. Ce titre d’ouverture est un mid-tempo dans la plus pure tradition du groupe, agrémenté de jolis arpèges de guitare acoustique qui rappelleront aux premiers fans du groupe le bon vieux temps de « The Doorway ». Le second titre s’enchaîne sans un temps mort : « Skeletons At The Feast » est un instrumental de six minutes, offrant des solos de claviers atonaux pouvant faire penser à ceux de Frank Zappa. Un titre court et plus direct, plus rock, dans la lignée du « Nouveau Spock’s Beard » vient ensuite : « Is This Love » ne dure pas plus de trois minutes, mais l’efficacité est de mise, et la frappe de Nick D’Virgilio fait des merveilles. Suite à ce titre, petit retour au calme, avec « All That’s Left » qui offrira aux amateurs des belles harmonies vocales et du chant en canon typique du groupe de Los Angeles. Le début de « With Your Kiss » est dans le prolongement du titre précédent, tout en mélodie, mais ce long titre (quasiment douze minutes) s’oriente vite vers une deuxième partie plus énervée, construite autour d’un jeu de batterie tribal quasi-hypnotique. Nick D’Virgilio se fait plaisir sur ce disque, et ça s’entend. Après ces quelques minutes bien énervées, on retourne au thème initial du morceau, repris cette fois ci à la guitare acoustique et en voix de tête par le chanteur / batteur de la formation. Le titre suivant « Sometime They Stay, Sometimes They Go » est un titre lancinant au refrain simple (mais efficace) chanté en lead par le guitariste Alan Morse.
« The Slow Crash Landing Man » est un titre dans la lignée du Spock’s Beard classique, une ballade progressive assez calme, mais ponctuée d’un beau solo de guitare comme seul Alan Morse sait les faire. « Wherever You Stand » quant à lui, lorgne plutôt du coté des Beatles et nous fait penser à ce que Paul, George, John et Ringo auraient pu faire s’ils avaient composé de nos jours (et avec une pédale de distorsion sur leur ampli). Le groupe nous propose encore un titre calme avec « Hereafter », une complainte piano + voix du plus bel effet.
Traditionnellement les albums de Spock’s Beard (et bon nombre d’albums de progressif Old School) ont toujours comporté un « Epic » titre long et à tiroir. Ce neuvième disque ne pouvait décidément pas déroger à la règle et « As Far As The Mind Can See » est une longue suite en quatre parties Si la première partie est assez classique, la seconde partie, sonne parfois très Jazz, un peu nouveau pour le groupe. « They Know We Know » donne dans le refrains collégial chanté en choeur et doublé par une chorale d’enfants, original, « Stream Of Unconsciousness » la quatrième partie de cet « Epic » est en grande partie instrumental et aux instruments traditionnels viennent s’ajouter des instruments à vent pour un final guilleret. Ce n’est sans doute pas le meilleur instrumental que Spock’s Beard ait composé, mais il n’en reste pas moins qu’une fois de plus, la qualité est au rendez-vous.
L’album se clôt sur « Rearraged ». Ce titre composé par Nick D’Virgilio n’aurait pas déparé son album solo Karma auquel le début fait fortement penser. L’arrivée d’une petite mélodie au piano, reprise par la suite au clavier, vient annoncer le départ d’une partie plus rock au refrain entraînant.
Le son de l’album est excellent, on retrouve tout ce qu’on aimait chez le groupe : basse ultra puissante et chaude, claviers aux sons 70’s, son de batterie très rock’n’roll. Le groupe s’est même adjoint les services d’un quatuor à cordes et d’instrumentistes à vent sur certains titres, c’est dire.
Alors, que penser de Spock’s Beard cuvée 2006 ? Prolixe, le groupe a toujours sorti des albums très régulièrement, et encore une fois la qualité est au rendez-vous. L’album est très long et très complet, ce qui rebutera peut-être les néophytes, mais la présence de certains titres efficaces devrait constituer une bonne accroche pour ceux qui souhaitent découvrir le groupe. Car cet album éponyme mérite de l’être car il est parfaitement représentatif du son et de la qualité d’un groupe qui a su évoluer. Spock’s Beard est depuis quatre ans un groupe moderne, qui sait regarder en arrière juste ce qu’il faut pour prendre les bonnes choses (influences Beatles ou Deep Purple, par exemple) mais surtout aller de l’avant et évoluer. Il est somme toute consternant de voir qu’après dix ans de carrière et neuf excellents disques, le groupe n’a toujours pas réussi à percer au-delà d’une fan base fidèle mais réduite. Si ce neuvième disque leur permettait d’avoir un peu plus de succès j’en serai le premier ravi : ils le méritent plutôt deux fois qu’une.
- on a perfect day
- skeletons at the feast
- is this love
- all that’s left
- with your kiss
- sometimes they stay, sometimes they go
- the slow crash landing man
- wherever you stand
- hereafter
- as far as the mind can see
- part 1 – dreaming in the age of answers
- part 2 – here’s a man
- part 3 – they know we know
- part 4 – stream of unconsciousness
- rearranged
Je rentre à peine dans ce cd, et là je suis entrain de me prendre une grosse claque !!
Je crois que dans ce genre de style un peu « heavy-rock-prog » bien evolué et bien arrangé au gout du jour, Spock’s Beard doit être le seul groupe que j’arrive à m’enfiler dans cette trempe.C’est franchement neuf, mais derrière tout ça ça sent sacrément le gros gros vécu qui pèse sur leurs épaules (positivement biensûr) et c’est dément !! Non franchement, je n’écoute jamais ce genre de truc, mais vraiment jamais (je me demande même si depuis ma naissance j’ai jeté une oreille rien que sur du heavy) !! Et je me prend une forte mandale dans la tête, c’est vraiment jouissif.Les solos et compagnie à tout va, c’est pas du tout mon truc, mais alors là…. LA!! Rien à voir je trouve, c’est un prog retapé à neuf et vraiment bon à ecouter.
Merçi de la découverte, je n’en reviens presque pas!!
Voilà un commentaire qui fait plaisir … Tu découvres le groupe avec ce disque ou tu connais les autres ?
Je découvre le groupe avec ce disque, bien qu’ils m’ont l’air d’être reconnu pour ce qu’ils ont fait auparavant !
Je vais m’atarder sur leurs précédent albums et voir ce que ça donne…
Tu peux y aller les yeux fermés! Ce groupe a accouché d’une discographie exemplaire. Si je devais t’en conseiller seulement trois, je dirais « V », « The Light » et « Snow ». Bonne écoute…