C’est sous un line-up quelque peu remanié durant une certaine pandémie que Death Engine fait son retour. Ocean, leur troisième album, semble indiquer que les quatre lorientais souhaitent ici célébrer leur Atlantique voisin mais zéro image de carte postale à l’horizon puisque comme sur Mud (2015) et Place Noire (2018), c’est bien de froid et de grisaille dont il est question chez eux.
La musique de Death Engine a toujours été en marge du genre post metal, empruntant autant à la scène noise hardcore qu’au sludge plus « atmosphérique ». Ocean va une nouvelle fois permettre au quartet de s’affranchir des codes du genre et aller où bon lui semble, entre tempêtes et moments de mer d’huile, fracas et émotions à vif.
Les envies de lourdeur, aussi survoltées qu’accablantes du groupe prennent vie tantôt du côté de l’oppression (« Hyperion », ouverture à la basse immersive), tantôt plus véloce dans son agression (« Lack »). De l’explosivité rugueuse et suffocante qui contraste diamétralement avec des titres comme « Pulled Down », « Mess » ou surtout « Dying Alone » qui viennent nous entraîner du côté de la mélancolie glaciale (qui a dit post-punk ?), n’hésitant pas à utiliser du chant clean (jamais hors sujet) ou des montées en puissance de toute beauté (celle de « Mess »). On retiendra aussi la conclusion « Empire », final plus progressif où se retrouvent condensées toutes les facettes de Death Engine, de sa violence chaotique à ses envies de mélodies plus évidentes, simplement renversant.
Ocean apparait comme l’album le plus riche, le plus froid, le plus pesant, bref le plus abouti des bretons, signant ici une douloureuse bande-son entre explosions cathartiques et désespoir plus introspectif que jamais. Un impressionnant retour pour Death Engine qui signe dès janvier l’un des albums les plus importants de 2023.
- Hyperion
- Leaden Silence
- Pulled Down
- Lack
- Mess
- Dying Alone
- Empire