Au-delà d’un patronyme un brin clichesque, My Own Private Alaska, groupe toulousain de son état, est pourtant bel et bien une formation atypique. Œuvrant sous la forme d’un trio, il est de prime abord bien surprenant de constater qu’aucun instrument à cordes frottées ou pincées ne fasse partie des 3 retenus. En clair : pas de trace de guitare ou de basse sur cet opus uniquement orchestré autour d’une batterie (tenue par Y), d’un piano (tenu par T) et d’une voix (assurée par M). Derrière ces lettres se cachent quelques acteurs de la scène française assez bien établis qui souhaitent cependant que l’on parle de MOPA pour sa musique seule.
MOPA donc, prouve en tout cas via cet opus éponyme de 40 minutes, qu’il n’est nul besoin de guitare pour marquer en plein son appartenance à la grande famille du rock. Plus particulièrement ici, on ira chercher du côté du post hardcore voire du screamo pour trouver les habituels rattachements rassurants qu’on est en droit d’attendre dans une chronique.
La lecture des influences du groupe donne des indications évidentes sur l’originalité du contenu que l’on s’apprête à aborder puisque sont aussi bien cités Will Haven, Helmet, que Chopin. Voilà qui a le mérite d’attirer et d’attiser même la curiosité d’un auditoire pourtant passablement blasé, surtout lorsqu’il s’agit de post hardcore, genre devenu un peu trop en vogue ces derniers temps pour que ne surnage que la qualité.
En tout cas de qualité il est ici question, aucun doute là-dessus : les mélodies sont chaque fois portées par le piano, un clavier doux aux parties limpides, qui rendent la lecture de la musique parfaitement aisée. Sur cette base, la rythmique de la batterie pose une certaine rugosité, alors que c’est carrément d’aridité qu’on parlera pour décrire la voix, complètement arrachée, hardcore jusqu’au bout du larynx (et qui rappelle effectivement par sa sonorité le timbre du chanteur de feu Nostromo). C’est clairement elle qui porte l’agressivité ou plutôt un certain désespoir qui se marie idéalement avec les mélodies tristes du piano. Elle impose même des instants de pure terreur glaçante, comme ce cri primal a capella qui marque la fin de « Page Of A Dictionary », au début de « Kill Me Twice », ou le non moins terrifiant « I Am An Island » hurlé sur le morceau du même titre (et appuyé par un clavier alors en rupture).
Il n’y a pas grand-chose à jeter sur cette galette de 6 titres (peut-être les premières minutes de « Kill Me Twice » moins pertinentes que le reste), mais il y a par contre de nombreux moments forts qu’on gardera comme de sacrées cartes de visite : « I Am An Island » qui est quand même assez saisissant, et surtout le sublime « Die For Me (If I Say Please) », se détachent un peu du lot et marquent vraiment même avec peu d’écoutes au compteur.
« First Steps » conclut les débats en douceur, puisque tant la batterie de Y que le chant de M s’effacent pour laisser le piano de T œuvrer en soliste pendant près de 8 minutes.
Le son est excellent, ce qui n’est pas négligeable même s’il est toutefois permis de penser que sonoriser un piano et une batterie est probablement moins difficile que sonoriser un ensemble à 4 pièces avec guitare saturée…
Au final, fort de l’idée très bien exploitée d’un contraste assez saisissant entre le piano classique et la voix éructée, MOPA vient foutre un bon coup de latte dans la fourmilière des ersatz du genre, aujourd’hui plus nombreux qu’hier (mais assurément moins que demain). Il fait voyager l’auditeur dans un monde torturé mais toujours beau et finalement si humain qu’on attend désormais qu’une seule chose : la suite !
PS : l’album est vendu 5 € directement auprès du groupe, et il faut noter qu’il s’agit d’un boitier taille DVD, avec les paroles à l’intérieur. Tout cela fleure bon le professionnalisme… Plus d’infos sur le myspace du groupe.
- die for me (if i say please)
- page of a dictionary
- ego zero
- kill me twice
- i am an island
- first steps
My Own Private Alaska ??? LOL
La voix un peu surmixée à mon goût mais Le cocktail d’instruments est frais et intéréssant. Bonne expérience sur deux titres, je vais ecouter ct’alboume.
Ouais cinq euros par VPC (+frais de port) et l’objet est très beau, vraiment. Un très bon album de surcroit pour peu qu’on fasse abstraction du côté « cliché » de leur musique (voix écorchée + piano mélancolique = désespoir). Superbe initiative
ce que j’ai écouté me fait carrément penser à du solefald
ca manque de basse je trouve que ca fait vraiment vide…
C’est vraiment dément, les titres font frissonner, le piano est magique, et le chant extraordinairement puissant… Et les voir en concert est énorme !