Turnstile – Never Enough
Chronique du Moment Opened Melodic Hardcore

Turnstile – Never Enough

krakoukass
krakoukass
Auteur
5 juin 2025
il y a 3 mois
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Année de sortie
2025
Note
L'album très attendu des américains se distingue par une approche audacieuse du hardcore, mêlant mélancolie et passages frondeurs, tout en offrant des transitions soignées entre des morceaux lumineux et contemplatifs, créant une expérience d'écoute immersive et cohérente.
Turnstile – Never Enough

Pour parler de ce nouvel album, évidemment très attendu, des américains de Turnstile, autant commencer par les défauts, enfin le seul défaut notable en réalité : la pochette est décevante, basique, vraiment trop simple surtout compte tenu du contenu du disque (même si elle traduit quand même le côté lumineux de la musique des américains). Voilà. Ceci évacué, on peut se concentrer sur les points positifs qui sont légion et qui, pour faire simple, s’incarnent finalement par tout le reste.

Alors c’est certain si vous n’avez pas accroché à l’approche du hardcore très (vraiment très) ouverte des américains, peu de chances que Never Enough vous fasse changer d’avis puisque le groupe y pousse encore plus loin son concept entamé sur Nonstop Feeling (le premier album du groupe), et progressivement développé tour à tour sur l’excellent Time & Space, et le non moins excellent Glow On. Turnstile propose donc sur Never Enough de mêler mieux que jamais cette mélancolie parfois très « ambiante » qui habite le groupe, avec des passages de hardcore frondeurs. A l’écoute de ce nouvel album, il semble que le départ du guitariste et membre originel du groupe Brady Ebert en août 2022 (et son remplacement par Meg Mills) n’aura eu aucun impact sur le groupe et ses ambitions, intactes, puisque Never Enough apparaît très vite comme une version améliorée du déjà excellent Glow On dont il se rapproche beaucoup (à commencer par l’artwork similaire dans l’esprit).

S’ouvrant avec le morceau titre qui met l’auditeur directement dans l’ambiance avec cette plage de synthé atmosphérique sur laquelle Brendan Yates commence à chanter avant que les guitares entrent en scène pour durcir (un peu) le propos et faire de « Never Enough » (le morceau) un hymne, dont on imagine qu’il fera (ou fait déjà)  bien chauffer le pit dans les concerts du groupe.

Après cette introduction parfaite, le groupe va alterner les petites attaques frontales (« Sole », « Dull/Sunshower » ou plus loin le super furax « Birds ») avec des morceaux plus étonnants comme ce lumineux « I Care » qu’on croirait écrit par the Police, un morceau sur lequel Yates prouve encore une fois qu’il n’est plus seulement un hurleur coreux, mais aussi un très bon chanteur (avec un petit côté Sting dans ces tonalités assez aigues). Quitte même au sein d’un même morceau passer du hardcore bien enlevé à un passage zen et contemplatif avec cette flûte angélique portée par le synthé, et qui nous amène vers la suite de l’album.

Quant aux trompettes de « Dreaming » (un morceau qui rappelle un peu « Don’t Play » dans l’approche) que l’on doit au groupe BadBadNotGood avec lequel le groupe avait déjà collaboré (pour un EP sur lequel le groupe jazzy reprenait à sa sauce 3 titres de Glow On), elles sont tout simplement parfaites et donnent à ce morceau de hardcore mélodique une autre dimension, exactement comme on l’attend d’un groupe comme Turnstile. En enchaînant avec un nouveau morceau lumineux, le merveilleux « Light Design » (qui serait presque trop court tant il est superbe), le groupe confirme qu’il a conçu Never Enough comme un tout parfaitement lié, avec des transitions très travaillées entre les différents titres de l’album. Il est d’ailleurs délicat à mon sens de n’écouter qu’un titre isolément tant tout semble couler naturellement et doit être pris comme un gros bloc sur lequel on alterne les moments de colère et d’autres purement contemplatifs et beaux.

A cet égard l’enchaînement central « Look Out for Me »/ »Ceiling »/ »Seein Stars »/ »Birds » est tellement jouissif qu’il est difficile de ne pas se répéter toutes les 10 secondes : « mais putain qu’est ce que c’est bien! ». Pas facile non plus de finalement redescendre après être monté si haut. Mais heureusement on n’aura pas besoin de redescendre (en tout cas pas encore) car la fin de l’album sera à l’avenant et pas du tout décevante avec le superbe « Slow Dive » d’abord puis la doublette « Time is Happening »/ »Magic Man ».

Lorsque l’album se termine après 45 minutes (oui oui 45 minutes! Never Enough et ses 14 titres est bien l’album le plus long jamais sorti par le groupe), on a l’impression d’avoir été emmené dans un trip incroyable et on a qu’une hâte : presser « play » à nouveau et s’y replonger avec délice.

Enregistré au Mansion, studio de Rick Rubin à Los Angeles dans lequel ont été enregistrées des œuvres aussi connues que Blood Sugar Sex Magik, ou le 99 Problems de Jay-Z, avec Brendan aux manettes, Never Enough s’avère être un putain de feel good album assez incroyable, estival, lumineux et magnifique de bout en bout, un album qui transcende les genres, et qu’il est finalement difficile de continuer à rattacher au hardcore tant le groupe semble avoir volontairement pris la tangente par rapport aux fondamentaux du genre. C’est probablement l’œuvre la plus aboutie du groupe à ce jour et son chef d’oeuvre, en attendant le prochain album bien sûr, une œuvre qui pourrait rassembler et fédérer bien au-delà du genre des musiques saturées.

Bravo et merci!

Tracklist :
1. Never Enough
2. Sole
3. I Care
4. Dreaming
5. Light Design
6. Dull
7. Sunshower
8. Look Out for Me
9. Ceiling
10. Seein Stars
11. Birds
12. Slow Dive
13. Time is Happening
14. Magic Man

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Co-fondateur du webzine en 2004 avec Jonben.

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