Rolo Tomassi – Where Myth Becomes Memory

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Style: Post Rock Core IndéAnnee de sortie: 2022Label: Eone Entertainment / MNRK

Le retour des anglais de Rolo Tomassi en ce début d’année montre à quel point le groupe a décidé de capitaliser sur la réussite de son excellent précédent album, le très acclamé Time Will Die and Love Will Bury It et on ne pourrait pas s’en réjouir davantage, puisque ce dernier était un de nos albums de l’année 2018. En effet, si la rupture entre Time Will Die and Love Will Bury It et son prédécesseur (le très chaotique Grievances) était nette, ce nouvel album, Where Myth Becomes Memory s’inscrit cette fois au contraire dans la parfaite continuité de son prédécesseur en reprenant jusqu’à ses codes et son approche, à savoir cette alternance entre des mélodies post-rock et des agressions rageuses qui nous avait déjà tant plu il y a 4 ans. Même sa structure est similaire à celle de son aîné, avec un premier titre calme introduisant les choses, une nouvelle césure calme à mi-parcours (ici « Closer) de même qu’une conclusion tempérant les assauts passés. Car entre tous ces moments charnières, la violence est de la partie, même si elle est toujours « mélodique » et entrecoupée de moments d’apaisement qui contribuent une fois de plus à créer cette alternance aigre-douce qui caractérise le groupe.

Et pour servir cette ambiance lourde en plus de riffs acérés, quoi de mieux que des synthés qui, ça tombe bien, occupent une part toujours plus importante de l’espace pour dépeignant et accentuant le côté le plus sombre de la musique du groupe (les monstrueux « Cloaked », ou « Drip » qui commence presque comme du Strapping Young Lad et sur lequel le batteur se montre très en bras) et les rythmiques parfois saccadées semblent avoir pris une teinte « djent » qu’on n’avait pas décelé jusqu’ici sur les précédents albums du groupe venant compenser ou remplacer le côté « mathcore » qui semble avoir disparu (pas de morceau comme « Alma Mater »). Le groupe confirme ainsi cette orientation moins chaotique, au profit d’une meilleure structuration et lisibilité qui sert sans nul doute l’efficacité des titres. A noter que les synthés deviennent carrément du piano qui vient parfois tempérer la violence du titre (introduisant le moment post rock du monstrueux « Prescience ») mais s’exprime aussi parfois seul lors de passages envoûtants et somptueux comme sur le court « Stumbling », la fin de « Mutual Ruin » ou au démarrage de « Closer » et même comme clé de voûte de l’ensemble du morceau.

Outre les synthés, les quelques petites touches électroniques qui existaient déjà sont toujours présentes, utilisées avec parcimonie et discrétion et participant de la sophistication globale de la musique du groupe qui se confirme ici. Tout est parfaitement fignolé, les arrangements sont excellents, et la musique du groupe est par ailleurs toujours aussi belle à l’image du très aérien et déjà évoqué « Closer », sur lequel prédomine nettement la part la plus « post-rock » du groupe, de même que sur l’introductif « Almost Always ». Et évidemment la voix magnifique d’Eva Spence est toujours aussi importante pour incarner les qualités mélodiques du groupe, mais aussi pour se laisser aller à des hurlements toujours impressionnants (même si techniquement elle n’est sûrement pas la plus grande growleuse du monde), l’alternance de ces phases mélodiques et des autres de grande violence faisant toujours grandement le sel du groupe. Un bel exemple est à entendre sur « Labyrinthine » sur lequel les passages mélodiques sur lesquels Eva fait entendre sa superbe voix claire m’ont presque fait penser à du Deftones, avec ce côté aérien qu’on aime tant chez les américains. Eva est parfois secondée par une voix masculine, que ce soit sur des passages hurlés (« Labyrinthine ») ou sur des passages en voix claire (« Closer ») qui apportent une vraie (et nouvelle) complémentarité.

Si on était mal luné, on pourrait probablement reprocher au groupe de finalement proposer un nouvel album un peu trop ressemblant et même parfois de frôler la redite (le début de « Drip » avec cette tension montant crescendo rappelant par exemple pas mal celle de « Balancing the Dark » sur Time Will Die) mais honnêtement, on est à nouveau sous le charme devant ce groupe et son nouvel album qui ne déçoit pas. Et en attendant peut-être une évolution (qu’on redoute tant elle risquerait d’affadir leur musique) qui les verrait se calmer durablement et se concentrer uniquement sur leur facette mélodique, on continue de penser que les anglais ont trouvé la formule magique et on en profite en savourant ce nouvel opus qui montre à quel point ils la maîtrisent justement.

En un peu plus de 48 minutes au compteur qui passent incroyablement vite tant tout est vraiment fluide sur ce disque, les anglais continuent de tracer leur route et ajoutent une indispensable nouvelle pierre à leur édifice patiemment construit depuis 2005. Indispensable une fois de plus!

Tracklist :
01 – Almost Always
02 – Cloaked
03 – Mutual Ruin
04 – Labyrinthine
05 – Closer
06 – Drip
07 – Prescience
08 – Stumbling
09 – To Resist Forgetting
10 – The End of Eternity

krakoukass

Chroniqueur

krakoukass

Co-fondateur du webzine en 2004 avec Jonben.

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