15 années dévouées au metal. Et quoi de mieux pour fêter ces 15 ans de musicalité misanthropique qu’un superbe cadeau au fan : un coffret pas cher à l’artwork impeccable et au contenu intéressant avec 2 cds et 2 DVD :
– « Misanthro-therapie » : un album composé de nouveaux titres et de versions inédites de certains morceaux ;
– « Traces Indiscrètes » : un second cd avec du live, des reprises (« Coroner », « At The Gates », « S.U.P. », « Trust ») et le titre « Khopirron » en version française (« Le Scarabéidé Bleu »)
– 2 DVD : du live de toutes les époques, des interviews, des studio report, making of, backstage, ect…
Je rappelle qu’il s’agit là d’un objet avant tout réservé aux fans (qui auraient tort de passer à côté d’ailleurs) car limité à 2000 exemplaires (pour le monde, pas uniquement pour la France). Quand on produit un objet de ce style, très intéressant sur le fond, il faut que la forme suive aussi. Comme d’habitude avec Misanthrope, l’artwork est très soigné, encore plus que d’habitude je trouve. L’objet est superbe, le livret somptueux et les petites notes poétiques toujours subtiles. De plus le prix est attractif !
Maintenant intéressons-nous au contenu, est-il aussi intéressant que le contenant ?
Commençons d’abord par le plus intéressant : le CD «Misanthro-therapie » qui est rempli d’inédits en tout genre, soit un nouvel album en quelque sorte. Ça commence de façon glorieuse avec «Titan Fall », l’intro symphonique de la tournée de l’album Immortel, composé par Jean-Baptiste Boitel. Cette superbe intro plonge déjà l’auditeur dans le monde musical unique de Misanthrope. Puis suivent 4 nouveaux morceaux enregistrés et composés au début de la tournée «Sadistic… » auquel Anthony Scemama, le nouveau guitariste, a largement contribué. « Inspiration », le 1er titre annonce que Misanthrope continue sur la lancée de «Sadistic Sex Daemon », mais avec une approche plus surprenante et plus mélodique. J’ai tendance a trouvé ces 4 titres encore plus fantastiques que ceux de «Sadistic Sex Daemon ». S.A.S. est au sommet de son art poétique, les textes sont superbement bien écrits. On note que les thèmes politico-sociaux, déjà exprimés sur « Sadistic… » par des morceaux comme « Révisionniste », « Armageddon à l’Elysée » ou « Sans Complaisance » se retrouvent à nouveau sur « Estampe Géopolitique », texte subtil et très juste avec toujours cette touche de Misanthropie et de romantisme.
Le romantisme, on le retrouve sur le sublime « Amour Anthropophage », une ballade romantique extrême version death metal (!!?!). Ce n’est pas la première fois d’ailleurs que Misanthrope nous fait le coup de ce type de morceau, remember « La Rencontre Rêvée » sur « Visionnaire » ou « Nuit Androgyne » sur « Misanthrope Immortel ». Ce titre n’est pourtant pas une resucée des 2 morceaux précités. Paroles superbes et émouvantes alliées à des guitares heavy dont les mélodies subtiles vous feront sans doute verser une larme. Les chœurs de la mezzo-soprano Héloise Haag sont subtilement utilisé dans ce morceau, de même que les guitares classiques délicieusement mélancoliques. La deuxième partie du morceau se veut plus féroce, avec un SAS aux vocaux death impeccables, scandant des «je te dévorerai le cœur » terrassant.
Un autre exemple qui prouve que la poésie est un élément important de l’art de Misanthrope : «L’Antéchrist » un poème de Victor Hugo magistralement mis en musique. Il ne s’agit pas d’une version métallique, mais un superbe titre dark atmosphérique. Ici la guitare électrique ne tient pas le 1er plan, même si elle est quand même présente lors d’un subtil solo. Ce sont surtout les claviers qui mènent la danse. Subtile dark symphonique poétique avant le terrible assaut que sera « Crimes, Tyrannie et Châtiments », commençant par le grognement death de S.A.S.. Morceau lourd mid-tempo qui voit le retour des guitares de façon écrasante après le poème démoniaque théâtral (dont les inquiétants chuchotements «il viendra » de la mezzo-soprano Heloise Haag servent tout à fait l’ambiance de fin du monde).
Il serait aussi honteux d’omettre de parler de « Le Bestiaire Souterrain », de ses nombreux breaks parsemés de guitare heavy metal, de claviers symphonico-heroïque, décrivant un sombre monde troglodytique fantastique. Fantastiques aussi, les claviers du brutal « Emmurement », avec ces blast-beasts ravageurs mais jamais étouffants car le jeu de Gaël Féret reste subtil. Tout ne sonne pas aussi black/dark metal que ces 2 morceaux, il y a aussi le très heavy metal « Contemplation » et ses claviers futuristes. Comme sur « Sadistic Sex Daemon », on remarque un travail important sur le son des claviers. Ils sont moins omniprésents et précieux que sur le magnifique opus que fut « Misanthrope Immortel », mais ne sont pas non plus trop effacés. Ils n’étouffent jamais les morceaux et apportent toujours une mélodie supplémentaire s’il le faut et servent à l’ambiance général d’un morceau. On n’a pas non plus l’impression d’entendre toujours les mêmes sons synthétiques au fil des morceaux.
Justement, s’il est un morceau ou Misanthrope a utilisé les claviers de façon magistral, c’est bien le cyber « Chair Organique », présent sur le C.D. bonus de « Sadistic Sex Daemon ». Il est ici présent dans une nouvelle mouture, avec la participation de Ludovic Loez de S.U.P.. Si le morceau reste toujours fantastique, notamment quant au bout de 2 min apparaît le fantastique break, marqué d’abord par des «coups de clavier » résonnant comme des sentences, tel qu’on peut les trouver dans à peu près tous les morceaux de Children Of Bodom. Survient ensuite ce déluge de clavier accéléré, exprimant comme une folle poursuite dans un univers cyber-labyrinthique, des droïdes chassant leur gibier humain dans un univers à la Matrix/Tetsuo («sommes-nous leur gibier qu’ils n’ont plus à chasser »). S’ensuivent ensuite quelques notes à la basse avant le solo de guitare claustrophobique. Bref ce morceau est fantastique mais… il y a un os dans sa nouvelle version. C’est justement Ludovic Loez qui me gêne sur ce morceau. La version initiale voyait de nombreux effets sur la voix de S.A.S. fort à propos sur ce morceau futuriste. Dans cette nouvelle version, si les vocaux death se font plus denses, plus pesants, je trouve que les passages en voix clair de Ludovic Loez ajoutent une touche d’étrange au morceau qui me dérange. Bref ils me paraissent mal venus… mais je me demande si mon avis aurait été le même si je ne connaissais pas la version initiale de cet excellent « Chair Organique ».
Mais Ludovic Loez n’est pas le seul invité de marque de ce disque et « Chair Organique » n’est pas le seul morceau de Misanthrope qui se voit ici transformé. Que dire de ce « Conte Fantasmagorique », issu de « Misanthrope Immortel », avec la participation de Stille Volk. Oui Stille Volk, les chantres de la musique folklo-medivale pyrénéenne, eux qui nous avaient déjà offert des reprises d’Iron Maiden ou de Paradise Lost. Ici ce n’est pas une reprise, mais un duo auquel on a droit. Misanthrope ose transformer son « Conte Fantasmagorique » en une folle farandole folklorique. Attention, la base du morceau metal demeure, elle se voit juste agrémentée de toute l’instrumentation folklorique de Stille Volk et des «chants rustiques » de la formation pyrénéenne (les vocaux de S.A.S. sont toujours présents aussi).
Pour faire la liaison entre ces 2 duos, le fier instrumental « Bassiste-de-Cœur » permet à Jean-Jacques Moreac de faire admirer tout son talent et sa virtuosité. On a là un petit intermède instrumental beau, frais, reposant et bienvenu avant l’exubérance médiéval de Conte Fantasmagorique.
Et pour terminer ce CD, « Exsilium Existentia ». Ce morceau est un pur joyau, aux mélodies divines et gracieuses. Le morceau démarre par une m
Zut, je croyais avoir mit 17/20 à ce coffret…
Bon tant pis, il en vaut 17/20, qu’on se le dise !