On avait chroniqué à l’époque le premier album de Reflux, second couteau de la scène mathcore américaine alors fleurissante. Le groupe n’a plus depuis donné de nouvelles, même si aucun split n’a été annoncé. Arrive alors Animals as Leaders, projet solo du guitariste Tosin Abasi, sûrement le musicien le plus doué et créatif du combo, dont les morceaux instrumentaux ont été appréciés par le label de ces derniers, Prosthetic, qui lui a proposé d’en faire un album.
Abasi s’est alors entouré d’un autre musicien du même coin (le Maryland), Misha Mansoor, producteur en home studio autodidacte (et meneur du groupe Periphery), pour concocter cet album éponyme à partir de ses démos, celui-ci l’aidant à la programmation des rythmiques et sonorités électroniques s’ajoutant aux parties de guitare et permettant d’apporter une certaine cohésion à l’ensemble.
Tosin Abasi est un virtuose, il ne se contente d’ailleurs pas de simples 6 cordes, mais joue sur des guitares de luthiers à 7 et 8 cordes, et son jeu est tout simplement époustouflant et novateur sur bien des aspects. Son style emprunte beaucoup aux guitaristes jazz/fusion comme à ceux du rock progressif. Je pense au jeu sur sticks utilisé par King Crimson, ou aux mélodies alambiquées d’Allan Holdsworth ou Pat Metheny, tout en ayant un jeu (et un son!) beaucoup plus metal. Cette alliance d’un jeu de guitare unique et d’arrangements élaborés offre ainsi un des meilleurs albums de metal prog instrumental que j’ai pu écouter.
Son passif dans Reflux et la collaboration avec Misha Mansoor transparaissent dans une connivence sonore avec les quelques jeunes groupes qui tentent de se réapproprier l’héritage de Meshuggah, certains riffs typiquement djent se glissant dans le lot, et le son de guitare des rythmiques est typique. Mais le jeu d’Abasi est beaucoup plus étendu, la variété de ses influences lui permet d’alterner des riffs thrashy à d’autres joués en son clair aux doigts avec une technique mêlant slap et tapping lui permettant de jouer 2 lignes en parallèle dans les graves et les aigus, dans un esprit clairement jazz où se mêlent des solos complexes.
A ce propos, l’album proposant de vrais morceaux pour groupe, Animals as Leaders s’est étoffé de musiciens pour la scène, Abasi s’étant entouré du batteur Navene Koperweis qui officiait dans un des premiers groupes deathcore, Animosity, et Javier Reyes, un guitariste connu pour sa participation à des groupes de world music, 2 musiciens remarquables dont les milieux d’origine prouvent bien comme le groupe se positionne entre 2 extrêmes. Il a d’ailleurs été placé sur des tournées très différentes (The Dillinger Escape Plan, Decapitated ou Dredg entre autres).
La formation d’un groupe autour de ce projet permettra sûrement de le consolider mais de toutes façons, contrairement à nombre de guitaristes soloistes qui par le passé se sont essayés aux albums instrumentaux et qui finalement ne touchèrent qu’un cercle restreint de guitaristes, Tobin Abasi a réussi avec ce premier album solo à intéresser avec de vraies compositions assez riches pour pallier le manque de voix, et proposant des parties intensément techniques, ne se résumant pas à de la vaine branlette de manche. Le groupe a désormais une solide base de fans, aidé en cela peut-être par le fait qu’Abasi propose régulièrement des vidéos sur youtube le mettant en scène, celle qui suit est d’ailleurs celle d’un nouveau morceau enregistré depuis l’album mais qui propose un son similaire.
Cet album éponyme est pour moi une des meilleures sorties de l’année 2009 et consacre Animals as Leaders comme un des groupes metal qui font avancer cette musique actuellement. Enfin pour être franc, quand on arrive à la fin du dernier titre, l’excellentissime « Song of Solomon », on se dit que cet album est tellement bon que c’en est jubilatoire, ce mec est un dieu!
http://www.myspace.com/animalsasleaders
1. Tempting Time
2. Soraya
3. Thoroughly At Home
4. On Impulse
5. Tessitura
6. Behaving Badly
7. The Price of Everything and the Value of Nothing
8. CAFO
9. Inamorata
10. Point to Point
11. Modern Meat
12. Song of Solomon
Pas mon style de prédilection – loin s’en faut – mais ce Abasi est totalement monumental du coup j’ai écouté et je trouve une musicalité qui pour moi fait défaut à d’autres groupes du genre.
T’aurais du mettre le clip !
Allan Holdsworth…
Très bon, mais dommage cette prod hyper compressée, là…
ça va avec le style
La prod c’est meme tout le concept, gro sson!