Après le joli Forever Blue (2020) suivi par l’album de reprises en confinement Songs From Isolation (où elle a réinterprété à sa sauce des titres de Nine Inch Nails, Deftones ou encore Radiohead – 2021), A.A. Williams revient avec un troisième long-format toujours habité par cette mélancolie, telle une marque déposée pour l’anglaise.
As The Moon Rests s’écarte cependant du « tout acoustique » et les instruments amplifiés viennent apporter un nouveau souffle aux compos. Même si l’on demeure dans la tristesse, les guitares ainsi sonorisées permettent une nouvelle forme d’immersion (« Evaporate » qui évoque des influences du côté d’Anathema et de Paradise Lost, suivi par un « Murmurs » offrant des nuances mi-fuzzy/mi-retenues). Encore une fois, certains passages jouent avec le minimalisme et le (quasi) silence (« Shallow Water », aux subtils arrangements), l’occasion pour A.A. Williams de poursuivre dans sa distillation d’émotions, autant que lorsque les riffs plus francs sont de sortie (« Alone In The Deep » jouant bien sur ce contraste, et surprenant avec ses orchestrations dans sa seconde partie).
Vocalement, la chanteuse se montre à nouveau très poignante, majoritairement fragile (« For Nothing »), toujours à l’aise dans ses modulations mélodiques (« The Echo »), elle fait évoluer ses mornes complaintes dans des contrées déchirantes sans jamais surjouer, et subjugue à chaque fois. Bref, encore un sans faute pour A.A. Williams qui signe là un album parfait pour accompagner votre déprime automnale.
- Hollow Heart
- Evaporate
- Murmurs
- Pristine
- Shallow Water
- For Nothing
- Golden
- The Echo
- Alone In The Deep
- Ruin
- As The Moon Rests
Merci pour la découverte ! Le titre Evaporate est sublime. Je vais m’intéresser à la demoiselle en déprime
Je l’avais découverte en ouverture des Sisters of Mercy au Bataclan en 2019. Ce Post-Rock-Folk tout en douceur n’était pas mièvre car il était suffisamment sincère. Je pense qu’elle va percer car ce style est assez à la mode et qu’elle a plus de choses à dire que d’autres, elle sait écrire un morceau (elle est Anglaise).
J’ai fini par craquer, plusieurs mois après l’avoir revue sur la tournée suivant cet album. Le recours accru aux grosses guitares, à certains codes du Metal au-delà du Post-Rock et les nouveaux territoires qu’elle explore prudemment au chant ont donné une amplitude encore plus forte à son propos… C’est un album bouleversant qui m’a remué au-delà de mes vieilles réticences envers les chansons de filles tristes en solo, car elle n’est pas venue pour pleurnicher.