Sludge – Lava

Style: doom / deathAnnee de sortie: 2008Label: Mighty Music Records

Fort d’un line up reboosté par l’arrivée de Danek (Houston Swing Engine, Unfold) au chant et d’Ulik (Ukrainian Destroyer) à la basse, la formation lausannoise est enfin de retour sur le devant de la scène avec son quatrième album, et compte bien distribuer quelques claques.
Malgré une absence discographique de quatre années, le combo, mené par Makro (Samael), semble au meilleur de sa forme et nous balance un album qui débute d’emblée sur les chapeaux de roues. C’est 60MM qui ouvre les hostilités avec sa rythmique mécanique et soutenue, ainsi que ses guitares aux riffs dévastateurs, tandis que Danek nous livre une prestation de haute voltige, qui oscille entre growls carverneux et cris à s’en rompre les cordes vocales. La pression ne redescend pas d’un cran lorsqu’un coup de canon introduit Idi na hui, véritable brulôt sonore et décadent, qui fait penser à du Motörhead sous amphétamine.
Changement total d’atmosphère avec l’oppressant et inquiétant Lava, dont la section rythmique pachydermique et les riffs d’une lourdeur inouïe se marient à merveille avec l’interprétation époustouflante de Danek, pour un résultat qui n’est pas si éloigné de ce que Celtic Frost proposait sur l’excellent Monotheist. Au fur et à mesure que les secondes défilent, l’auditeur se retrouve pris à la gorge et entraîné dans une descente aux enfers, qui s’annonce longue et éprouvante, et qui ne prendra fin qu’avec les quelques incursions bruitistes qui ponctuent la fin du morceau.
C’est sur un coup de tonnerre que débute ensuite le magistral Carnivore, qui ravage tout sur son passage à grands coups de double-pédale, de riffs virulents en acier trempé, et un Danek plus hargneux que jamais.
Si vous pensiez avoir atteint le fond du gouffre avec Lava, autant vous prévenir que ce titre fait office de ballade en forêt comparé au phénoménal Below (dont les paroles sont tirées du poème « Les litanies de Satan » de Charles Baudelaire). Débutant sur une respiration hésitante – voire agonisante – et quelques notes de synthé glaciales (qui peuvent aisément faire penser à du Red Harvest), ce titre fait souffler un vent d’apocalypse dans vos enceintes, pour un résultat qui serait en parfaite adéquation avec une exposition de H. R. Gigger. Le chant, truffé de divers effets dérangeants, se charge de renforcer cette sensation de malaise et d’oppression qui prédomine tout au long du morceau, et qui lui confère une aura vraiment particulière.
L’arrivée de Monolith fait presque office de bouffée d’oxygène après les sept minutes de déchéance que l’auditeur vient de subir. Lourdeur et efficacité sont aussi de la partie pour ce titre aux relents très doomy, sur lequel viennent se greffer quelques chœurs ça et là. Le petit break qui intervient au milieu du morceau est très justement placé, permettant ainsi au groupe de rebondir et de renforcer l’impact général du titre, pour un final sur lequel Danek s’égosille, entre growls intenses et cris de désespoir.
Avec Machine, le quartet continue de nous plonger dans un univers suffocant et suintant, agrémenté d’un chant diabolique et haineux à souhait. Dernier gros pavé de cet album, Inquisition débarque et vous matraquera de ses riffs vicieux durant près de neuf minutes. Après une première moitié très intense, le titre prend des allures presque mystiques durant la seconde partie, principalement grâce à des paroles en partie susurrées et à un jeu de guitare plus aérien. A la fois dérangeant et prenant, ce morceau est, une fois de plus, une véritable réussite, qui se savoure du début à la fin.
Véritable procession funeste, The end marque la fin des hostilités. Rythmé par un piano aux notes lugubres, le titre gagne en intensité seconde après seconde, pour atteindre son paroxysme un peu avant la troisième minute. Inquiétante et froide, cette dernière attaque du combo clôt magistralement cette galette dans une atmosphère embrumée, digne d’une des nouvelles d’Edgard Allan Poe.

Après quatre ans d’absence, le quartet lausannois fait donc un retour gagnant avec un disque tout simplement excellent et envoûtant. La tension monte graduellement au fil de chaque titre, pour un résultat vraiment intense et dont on ne ressort pas indemne. L’auditeur aura beau essayer de résister, il est impossible de ne pas se laisser happer par une telle succession de titres, dont l’intensité monte constamment en crescendo, pour ne jamais redescendre.
Pour terminer, je dirais juste que cet album est une véritable bombe à retardement qui ne demande qu’à exploser dans vos enceintes, et qui risque bien de terminer dans mon top 10 de l’année. Oui, rien que ça !

  1. 60mm
  2. idi na hui
  3. lava
  4. carnivore
  5. below
  6. monolith
  7. machine
  8. inquisition
  9. the end
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