Connaissez-vous 4chan? Ce petit monde de geeks aura fait parler le net grâce à l’élaboration collégiale de « meme », c’est-à-dire de petites idées adaptables par tous, à sa propre sauce, et d’un vocabulaire très particulier. Tout ce que le net compte de conneries ne leur est pas du mais il est normal de penser que si c’est con et de mauvais goût, c’est forcément passé par 4chan à un moment donné.
Le fonctionnement du site est simple : des sujets de discussion où chacun poste des messages de façon anonyme (il est toutefois possible de s’identifier mais ce n’est pas recommandé) accompagné ou non d’images. Le résultat ressemble à la couverture de ce disque. Des images éparses photoshopées avec plus ou moins de talent pour créer de nouvelles situations plus ou moins drôles.
Or, la musique ressemble à un jeu de fléchettes musical. On vise, on lance et on espère atteindre le centre, c’est à dire créer quelque chose de suffisamment cohérent pour que les imperfections s’effacent. Parfois ça marche et parfois ça échoue. Le metalcore chaotique et comique d’Iwrestledabearonce fait sourire jusqu’à ce qu’il en fasse trop et que l’on en vienne à demander au groupe de se concentrer un peu plus.
Ces musiciens ont le profil typique de l’élève doué que l’on surprend toujours en train de jouer avec son portable au fond de la salle mais qui est tout-de-même capable de répondre correctement à la question. Il fait un peu tout en même temps et obtient de bons résultats mais n’est pas capable de se concentrer un peu pour donner le meilleur de lui-même. Il y a pourtant du mieux. Le premier EP était blindé de clichés deathcore insupportables à la Suicide Silence (et rendu encore pire en concert) alors que ne subsistent ici que quelques beatdowns et les pig vocals de la chanteuse (qui en revanche sait bien chanter). Il y a donc du mieux mais ce n’est pas encore ça …
Klaxon de la Cucaracha, hennissement de cheval, mosh parts, beatdowns, chant clair assuré, pig vocals, paroles originales pour le genre, plans technique subtilisés à The Dillinger Escape Plan (avec qui ils tourneront prochainement aux Etats-Unis) tout se mélange et passe correctement grâce à l’humour du groupe. Mais, tout comme les adolescents de 4chan dont le collectif est parfois capable d’actions de groupes importantes (le mouvement contre l’église de scientologie, une attaque massive pour embouteiller les serveurs du gouvernement australien en signe de protestation contre une loi visant à interdire les films pornographiques avec des femmes « ressemblant à des mineurs »…), les bons riffs sont dispersés et moins marquants que si les éléments comiques avaient été atténués.
Il est même très regrettable que le groupe soit connu pour « Taste like Kevin Bacon » (une chanson que le dit acteur a avoué beaucoup aimer), la chanson la moins intéressante du disque car trop explosée aux quatre coins de la pièce. Leur popularité actuelle aidant, les portes des studios leur seront ouvertes pour un prochain disque et il faudra alors penser à composer et moins à tout jeter par la fenêtre en récupérant au hasard les petits bouts dispersés.
- you ain’t no family
- white water in the morning
- danger in the manger
- black-eyed bush
- eli cash vs. godless savages
- see you in shell
- i’m cold and there are wolves after me
- tastes like kevin bacon
- the cat’s pajamas
- pazuzu for the win
La vidéo mérite le visionnage. Ca part effectivement dans tous les sens, mais ma foi ce grind foutraque mené par une gonzesse qui a du coffre et une excellente voix claire ne me déplait pas. J’en boufferai pas à tous les repas, mais pour une occasion pourquoi pas !
La tournée avec The Dillinger Escape Plan est passé depuis prés de deux mois. C’était avec Darkest Hour et Animals as Leader aussi. Mais c’est vrai qu’il font le Vans avec DEP entre autre. Bref, musique sympatique à défaut d’être géniale.