Decoherence sort aussi vite les albums que notre ministre de la santé modifie les protocoles avec le covid. Ekpyrosis a donc vu le jour fin 2019 et voici déjà son successeur, lui aussi rempli ras la gueule de bruits et de cris glaciaux. Unitarity n’y va pas par quatre chemins et confirme en effet les envies industrielles du trio, qui semble vouloir s’inscrire dans la durée dans le sillage de Darkspace et de Blut Aus Nord (avec même quelques traces de Godflesh).
Derrière les instruments, le dénommé Stroda poursuit dans sa construction de murs de guitare à la manière d’un voile opaque et dissonant tandis que Prior amène sa pierre à l’édifice en se concentrant sur ces sons electro/ambient contribuant à l’atmosphère apocalyto-malfaisante. Et par-dessus, Tahazu balance des cris inhumains semblant se répercuter sur des murs d’hôpital. Ainsi ce Unitarity varie entre passages aux mélodies plus franches, voire épiques comme sur l’excellent « Equilibrium Unreached » et phases ambiantes plongeant soudain vers les abysses (« Metastable Phase Transition » ou « Remnants », devenant plus lumineux sur leur final).
Le trio parvient à chaque fois à trouver l’équilibre parfait entre ses différentes personnalités, de la peur naît la fascination, de la tension permanente naît l’hypnose. Le black metal dissonant et chaotique de Decoherence se pare d’une atmosphère renversante et émotionnelle, de quoi demander un véritable investissement de l’auditeur tant l’espace est densément obstrué. Une expérience particulièrement éprouvante et qui ne laisse pas indemne.
- Final Boundary State
- Equilibrium Unreached
- Metastable Phase Transition
- Torsion Formed
- Remnants
- Unitarity Violation