Mon cher collègue Neurotool (qui se fait malheureusement bien rare dans ces colonnes depuis quelques temps) avait bien résumé le cas October File dans sa chronique d’une des précédentes sorties du groupe, l’EP Hallowed Be Thy Army (chronique à laquelle je vous renvoie donc naturellement).
On a clairement affaire avec eux à une très bonne alternative à Killing Joke. Rien que le vocaliste Ben Hollyer fait immédiatement penser au style vocal du père Coleman.
Ajoutons à cela une musique mixant post-punk, hardcore et métal, et l’on est clairement en terrain connu.
Je n’avais pas écouté (à tort) les précédentes sorties du groupe, mais ce n’est clairement pas ce nouvel album Our Souls to You toujours paru chez Candlelight, qui changera la donne. A commencer par la dimension visuelle qui reste encore une fois très particulière, très artistique et belle, bien que moins guerrière que par le passé.
Pour le reste et ce qui nous préoccupe d’abord, l’album est rempli de rythmiques puissantes, de mélodies râpeuses, et même si l’album commence avec 3 titres plutôt directs misant sur l’efficacité et déployant une puissance qu’on ne trouve pas forcément chez Killing Joke aujourd’hui (dont un « Corporate Evasion » assez hardcore), il contient aussi des compositions misant plus sur le côté répétitif et aéré propre à l’esprit indus qui anime Killing Joke et qui a souvent conduit à parler de transe pour évoquer les compos de la blague qui tue.
« Dredge » est un bon exemple, alternant passages en mode boucle et assauts fracassants. Ailleurs, on aura droit avec le morceau titre (« Part 1 ») à un métal instrumental flirtant avec le post-hardcore (le « Part 2 » étant plus une outro à ambiance avec un « fuck » crié tout du long).
Pour autant au global, je trouve October File plus agressif que peut l’être Killing Joke (« A Public Display of Anger » portant à ce titre très bien son nom, fort de son tranchant et de son immédiateté toute hardcore).
Chacun jugera s’il préfère le maître ou l’élève, mais ce qui est sûr c’est que Our Souls to You vaut bien une écoute attentive, car la variété des tons et la dynamique de l’ensemble en font un album très réussi sur lequel le groupe ne se contente heureusement pas de plagier ses héros et sur lequel les grands moments ne sont pas rares. Il manque cependant encore un petit quelque chose au groupe pour gagner le « panache » qu’évoquait mon camarade, et qui peut encore lui manquer.
A noter que l’album présente la particularité d’être commercialisé en version double cd avec la version normale de l’album d’un côté, puissante et claire (tout en étant un peu grasse) produite par John Mitchell, et une V2 produite par l’illustre Justin Broadrick (Godflesh justement, Jesu….) pour une version plus indus, plus agressive et saturée, qui permet d’apprécier différemment les mêmes compositions. Cette bonne idée permet d’avoir le choix et de s’orienter vers le type de son dans lequel on se retrouve selon les préférences de chacun, ou même selon son humeur du moment.
Pour l’anecdote la version vinyle ne contiendra que le mix de Justin Broadrick.