Il y a peu, lors de la chronique du dernier album de Dirge, j’évoquais la sensation de catharsis insufflée par leur musique (je suis sûr que mes fidèles lecteurs s’en souviennent encore… mais si mais si, ne soyez pas timides sortez des rangs voyons…), sensation que l’on va ici retrouver, cette nouvelle offrande de JESU parlant autant au corps qu’à l’âme.
Avec cet album de JESU, Justin K Broadrick, ex-guitariste du mythique Napalm Death mais surtout tête pensante de feu Godflesh et accessoirement membre de différents projets tels que Techno Animal, Final, God, Ice, Curse Of The Golden Vampire, Painkiller, Scorn, etc… nous revient en leader – auteur – compositeur – interprète autocratique, accompagné de Ted Parsons (Swans, Prong, Killing Joke, Teledugnosis, Godflesh…) et Diarmuid Dalton (Final, Cable Regime…). Autocratique, car ce projet à géométrie variable constitue la « chose » de Broadrick, lui offrant une liberté totale de création, un espace d’expression dont il est le seul à détenir les clés. D’ailleurs à titre anecdotique, cet album fut enregistré avant le EP « Heartache » sorti courant 2004 enregistré par Broadrick seul, et çà s’entend sans nul doute.
Sur une musique sombre, intense, blessante, froissée comme une âme blessée, Broadrick nous dépeint des sensations profondément enfouies dans le corps et la psyché. C’est une musique qui demande un investissement, pose des questions, invite à une quête dont les premiers éléments ne se révèleront qu’après s’être engagé et avoir atteint une symbiose avec celle-ci.
Broadrick parvient à nous inhiber dans le calme et la tristesse, à nous faire toucher du doigt ses sensations, nous faire voyager à travers la résignation, la dépression, pour enfin découvrir de nouveaux sens, telle une purification, une catharsis, nous insufflant ainsi un nouvel espoir. Et cette capacité n’est pas donnée à tout le monde…
Afin d’obtenir de tels résultats, Broadrick utilise une musique noise/industrielle éthérée, organique proche en terme de son de Godflesh, mais bien moins rude et abrasive que la musique de ce dernier. Une basse puissante nous guidera au cœur de morceaux longs (d’une dizaine de minutes environ), incorporant des mélodies aussi superbes que dangereuses, développant des atmosphères issues de textures d’une extrême densité. Un certain minimalisme se dégage de ces compositions. Mais il n’en est rien tant chaque instrument, chaque intervention est complémentaire. De cette apparente simplicité se dégagent des structures évolutives sur lesquelles viennent se greffer des vocaux clairs, lointains, d’une tonalité quasi monotone mais agrémentés d’une intense quantité de reverb. Ce chant donne un souffle épique, quasi religieux à l’album.
Seul le 7° et avant dernier morceau de cette oeuvre nous rapproche de Godflesh, des riffs syncopés et des vocaux hurlés sous reverb venant trancher avec les atmosphères plus calmes des six premiers morceaux.
L’introspection, loin d’être brisée par cette rupture de rythme, nous confronte enfin dans toute sa violence à nos angoisses. Le miroir se brise pour mieux nous révéler…
Le point d’orgue sera le 8° morceau, clôturant un album en pleine quintessence, incorporant tous les éléments précédemment cités et faisant surnager quelques riffs de guitare distordus et envoûtants, rappelant le Pornography de The Cure. Moment culte en devenir… l’angoisse et la résignation font corps. Le voyage hypnotique touche à sa fin…une nouvelle perception se révèle.
Ceux qui auront découvert Jesu avec le EP Heartache, trouveront les atmosphères plus lourdes, plus plombées, mais aussi plus proches de Godflesh, surtout sur la fin de l’album. Justin K Broadrick nous donne ici une fois encore sa vision du spleen à travers ce projet, un spleen plus « urbain » dans le cas de cet album, mais un spleen salvateur, empli d’espoir.
A noter, que cet album est doté d’un superbe artwork dont Hydrahead a le secret, parachevant ainsi une œuvre sombre, puissante, introspective, intemporelle.
mp3 : We All Faulter
- your path to divinity
- friends are evil
- tired of me
- we all faulter
- walk on water
- sun day
- man/woman
- guardian angel
Pour une fois je mets une meilleure note qu’Eklektik lol ! 18.5/20 pour ma pomme, et LA grosse sensation de ce début d’année 2005. Globalement on a les mêmes arguments, Neuro ;-)
Je commence seulement à l’écouter mais il a l’ai nickel cet album, vivement le live.
Vivement que je mette la main dessus, ça m’a l’air emballant ce disque.
JK Broadrick n’a jamais été batteur chez Napalm Death. C’était Mick Harris, la tête pensante de Scorn…
énormissime album que j’écoute en boucle depuis 2semaines maintenant!rien à redire!j’ai hate d’être au 29 mai!
désolé pour l’erreur en effet…JK Broadrick était bien guitariste chez Napalm Death!
Je suis en train de lire « Choosing Death, the improbable history of death metal and grindcore » et ça raconte les débuts de Napalm Death entre autres, donc effectivement Broadrick était à la gratte.
ils disent l’iverse dans Versus, qui’il était donc à la baterrie…enfin bon on sen tappe nan?
Eh bien ils ont tort là-dessus Versus.
Ils avaient déjà fait la même erreur dans Velvet…
Sinon, on s’en tappe pas. JK Flesh est l’un des guitaristes les plus originaux des 15 dernières années (et je parle pas de solos chiantissimes).
Bon, il était effectivement batteur dans Fall Of Because vers 86/87…
Oulà aurions nous droit à un fan extrémiste…
Un fan de Godflesh? Bernard de NBNH?
Je n’ai pas l’honneur de connaître cet sommité…