Formé en 2010 du côté de Zurich, Mycelia est un groupe affirmant vouloir repousser les limites des différents sous-genres du metal. Cela peut sonner un peu présomptueux mais une telle ambition peut aussi donner de bonnes choses. S’attaquant au monde, quelque peu surchargé, du metalcore façon djent, le sextet suisse compte y ajouter de l’originalité en puisant aussi quelques influences du côté du jazz ou de bandes originales de films.
Pour son cinquième album, Mycelia attaque d’entrée avec un sacré brûlot: « Eight Milligrams » où l’on retrouve de grosses voix aussi plombées que les riffs Mesh-chugchug-esques avant de nous offrir une courte accalmie plus atmosphérique avec un court chant clair. Ce premier single gagne ensuite en complexité grâce à l’ajout de riffs quasi mathcore, de quelques synthés ambiançant le tout avant que le vocaliste nous gratifie d’une belle accélération sur la fin. Le cocktail est quasiment comme annoncé, un peu douloureux étant donné l’énorme production glaciale, toutes basses devant.
La suite donne peu ou prou dans cette même alliance destructrice: « Nefarious Seeds » marquera par l’utilisation plus poussée du chant clair donnant un côté un brin plus accessible, car à côté les guitaristes virtuoses et ses basses bien énormes. Mycelia nous balade et nous balance des murs de riffs à la gueule, la violence clinique du groupe impressionne surtout par sa créativité et son impact (« Lawnmower Man » ou « The Hateful Half-Dozen », deux titres très efficaces dans leur genre djent/deathcore futuriste).
Mais une telle densité cache aussi quelques légers points faibles: notamment ce chant clair qui, malgré la diversité qu’il apporte à une musique très compacte, se révèle parfois un peu éreintant, sur « Once Upon A Lie » où l’on sent qu’il tente d’apporter un certain lyrisme, le negro-spiritual hors-sujet « Holler » ou encore sur « Slip-Along Jack McTravis », titre taré de sept minutes où l’on part dans vraiment trop de directions pour tout assimiler (jazz, electro). Des envies d’ouvertures louables mais qui donne au final un sentiment d’album un peu trop décousu.
Mis à part ces titres un peu en-deçà, le reste de ce Apex mérite le détour: du boulot mélodique sur les guitares (pouvant rappeler The Human Abstract et toute leur clique) aux ambiances spatiales contrastant avec le poids des riffs djent (école Born Of Osiris). Mycelia signe là un album à la densité un peu dure à encaisser mais contenant autant de groove et de créativité dont les fans du genre sauront se délecter.
- Eight Milligrams
- Nefarious Seeds
- Lawnmower Man
- Once Upon A Lie
- East Of Eden
- Monolith
- Holler
- The Hateful Half-Dozen
- Slip-Along Jack McTravis
- Flak
- E.V.A.
- Cromulon
- Timesick
- Eight Milligrams (radio edit)