La fin d’année 2005 et le début de 2006 nous ont apporté deux mauvaises nouvelles, les séparations de Curl Up and Die et de Beecher. Deux groupes pour qui le mot hardcore était plus qu’un simple ensemble de code mais une table de lois à déconstruire et à recomposer comme bon leur semblaient. Chacun a produit des derniers albums mémorables et c’est celui de Curl Up and Die que je m’en vais vous détailler. Premièrement, ceci est ma première rencontre avec cette entitée, le nom complexe et l’association à la scène hardcore chaotique m’ayant toujours fait reculer vers d’autres pâturages, je ne me suis jamais penché sur leur cas. Puis, à la sortie du dernier je me suis forcé à écouter les deux morceaux de l’ecard pour finalement revoir mon opinion sur ce groupe. Hardcore chaotique oui, mais au dessus du panier sans aucun doute. En tout cas il y avait ce petit quelque chose que Everytime I Die, Beecher ou Norma Jean font ressentir à la première écoute. Le sentiment que l’ont ne va pas ressasser les clichés mais que l’ont va vous les renvoyer dans la gueule d’une toute nouvelle manière.
Dès la première chanson, les premières couleurs que choisit Curl Up and Die ne sont pas celles attendues. Où est l’effervescence du chaos et la violence cathartique ? Lent et lourd, voila que l’on se retrouve dans des terres plus post hardcore. 4 minutes passent et la seconde chanson, la troisième puis la quatrième s’enfilent à vitesse grand V sur des airs de hardcore déconstruit en effleurant jamais, même du bout des doigts, un son metal. Hardcore. Jusqu’au bout des ongles, la musique n’en reste pas moins audacieuse et contemporaine. Cinquième chanson et c’est le retour vers le post hardcore et des territoire fréquentés par Isis mais aussi une touche plus emocore, sans jamais perdre en sincérité pour autant. Ecorchée et puissante, la voix explose sur chaque syllabe avec un grain particulier qui ne réinvente pas l’eau chaude mais que l’on ne peut confondre. Ce qui entoure ces hurlements n’est pas aussi si original que ça non plus, stylistiquement parlant, mais les influences s’affichent toujours en filigrane derrière une identité prononcée, celle de Curl Up and Die. Qu’ils soient dans un hardcore chaotique ou qu’il passe dans un monde « post », il n’y a pas de doute sur l’identité des coupables. Un peu comme Beecher d’ailleurs, un mélange des suspects usuels sans jamais que l’ont en viennent à crier à l’imposture. Une forte identitée et de l’émotion à revendre. Tout comme sur un circuit de grand 8, on effectue des boucles, on rentre dans un tunnel et on vomit son quatre heure mais on reste toujours sur le même circuit. Pas de risque de s’ennuyer.
Pas vraiment besoin de soulever la question de la production, parfumée à tout les instruments, elle n’en laisse aucun sur le carreau et forme un bouquet plaisant absolument pas lassant. Un son brut comme lors des concerts mais doté d’un mixage aux petits oignions, mais c’est aussi ce à quoi on doit s’attendre avec une production de Alex Newport (Fudge Tunnel, Theory of Ruin). Quand à la conclusion de l’album, les trois dernières chansons passent et ne se ressemblent pas, « There is never enough time to do nothing » ne laisse pas retomber la tension en s’aventurant pourtant dans un tempo proche de la ballade. Quelques vocalises claires apparaissent dans le lointain mais l’on ne peut pas parler de chant mais plutôt de spoken word disposés élégamment pour donner plus de variété au tout. Variété vocale, mais pas uniquement car l’accompagnement ne traîne jamais trop longtemps dans le même coin, ce que l’on peut parfois reprocher au groupe de la vague Neurosis-like. En fait, ce que Curl Up and Die a comprit, c’est que l’ensemble des veines du hardcore moderne pouvaient confluer pour donner vie à un individu neuf qui ne va pas tailler le bout de gras à un autre genre, Ils restent totalement hardcore, mais jamais prévisible. Et puis, à la dernière chanson, c’est l’explosion. On débute sur un tempo lent et pesant, orné d’une voix un peu chantée (rappelant Deftones) pour ensuite passer par un fil de distorsion qui nous fait croire que la chanson s’est arrêtée pour en fait revenir en force sur un tempo chaotique colérique. Le genre de riffs qui donne envie d’être épileptique pour pouvoir suivre avec chaque muscle de son corps les mouvements de la musique. Vous l’avez compris, je suis tombé sous le charme de cet album et de ce groupe. Que ce sois dans leurs moments plus conventionnels ou pendant des échappées uniquement chaotique, il n’y a pas a douter de l’émotion palpable qui ressort de chaque note. C’est donc avec cet album post mortem que Curl Up and Die vient ranger dans la liste des albums novateurs une pierre de plus pour une scène hardcore qui a toujours besoin de se renouveler. Merci à eux. Quand à moi je vais continuer à garder un oeil sur les projets prochains de chacun d’entre eux, en espérant que les idées proposées ici soient encore exploitées par leurs géniteurs et pas pillées par les nouvelles générations.
- an uncomfortable routine
- antidepressants are depressing
- ultra carb diet carpooling stupid fucking life
- the one above all, the end of all that is
- instrumental
- black out
- there ain’t no can’t in american
- zero mph fallover
- there is never enough time to do nothing
- i’m trying to fly to the moon using two magnets and willpowe
- blood mosh hips hair lips pills fuck death
Je me suis tellement fait chier durant leur prestation au Fury Fest y’a deux ans que ca ne me donne même pas envie de m’attarder sur cet album…
Leur meilleur album, et ma plus grosse claque hardcore (avec le Starkweather) de 2005-2006…. plus varié que les précédents, que ce soit au niveau de la musique ou du chant(qui est habité au possible, pouvant parfois rappeler dans l’esprit les meilleurs moments du beugleur de Kiss It Goodbye), passant d’instants de violence destructurée et insoutenable à une sensibilité jamais niaise et d’une noirceur impressionnante….le meilleur de tous les styles de hardcore moderne est concentré dans cet album!