C’est désormais comme une tradition depuis Chaos Primordial (2016), Dysylumn sort un album tous les deux ans. Cosmogonie succède donc à l’impressionnant Occultation qui avait fait partie de mes coups de cœur de 2018. Comme à son habitude, le duo lyonnais a travaillé le concept de son album dans les moindres détails, ce coup-ci même au niveau du support. En effet, on se retrouve ici avec trois chapitres découpés en trois albums (disponibles en vinyle, CD et K7, tous par trois donc), et on comprend rapidement un tel découpage car Cosmogonie s’avère être particulièrement dense.
Mis à part son intro, son interlude et son outro (immersions à ne pas zapper !), les morceaux de ce nouvel album culminent en moyenne à plus de six minutes (avec même l’un d’eux dépassant neuf minutes), autant dire qu’il y a beaucoup d’informations dans ce Cosmogonie, album pour lequel il faut avoir le cœur bien accroché ! Comme je l’annonçais un peu plus tôt, Dysylumn a découpé cet album en trois parties distinctes, celles-ci étant elles-mêmes découpées en trois partie (vous suivez toujours ?). En bref, on a une première partie nommée « Apparition », une seconde « Dispersion » et une dernière « Extinction », tout ça sur fond de black/death atmosphérique unique sur une thématique célébrant autant l’espace, la matière et les éléments.
Après une introduction ambiante plutôt inquiétante, « Apparition I » nous plonge directement dans le vif du sujet: du trémolo intense sur une rythmique urgente sur fond aérien, puis s’amène la voix bien rauque de Sébastien (qui montrera ensuite un panel plus large avec des cris et scansions). Une fois de plus, Dysylumn distille un intense black/death (infusé de quelques phases doom) dont le rendu apparaît aussi complexe qu’hypnotique. Le duo reste fidèle à sa marque de fabrique, celle de créer un paysage musical unique, où l’impression de divaguer côtoie des phases particulièrement agressives, et tout ça sans aller chercher dans les clichés actuels du post-black. Non avare en mélodies entêtantes (avec son chant scandé comme pendant « Apparition II »), Dysylumn dégage surtout une saisissante mélancolie grâce à des riffs instantanément lisibles, aériens mais sinistres (« Apparition III »).
Le chapitre « Dispersion » apparaît comme plus axé sur des progressions immersives et plus émotionnelles, de véritables montagnes russes où les mélodies évoluent au travers des morceaux sans pour autant perdre la dimension extrême de l’ensemble (« Dispersion I » en est l’exemple parfait, plus sensible en apparence au début mais qui n’oublie pas les blasts sur la fin, mais les deux autres titres ne sont pas en reste, tout aussi passionnants malgré leurs durées plus étendues).
« Extinction » est le chapitre concluant ce Cosmogonie, un titre annonçant une vision encore plus sombre que les précédents ? Il y a un peu de cela oui, dégageant là une nouvelle déferlante mélancolique, notamment pendant « Extinction II » aux contours doom plus affirmés avant une plongée finale dans un trou noir avec « Extinction III », magnifique conclusion monolithique dont l’outro ambient la suivant permettant de retrouver ses esprits.
Au sommet de son art, Dysylumn reste fidèle à son approche si singulière du black/death (en injectant même parfois quelques breaks quasi post-metal). Alors certes, Cosmogonie est long et se diffuse très progressivement, mais les paysages majestueux qu’il dessine (superbe prod au passage !) et la richesse des compos qu’il renferme en font une œuvre grandissant en vous jusqu’à devenir addictive. Grandiose !
- Intro
- Apparition I
- Apparition II
- Apparition III
- Dispersion I
- Dispersion II
- Dispersion III
- Interlude
- Extinction I
- Extinction II
- Extinction III
- Outro