Actif depuis quelques paires d’années, To Kill Achilles met en musique le désespoir le plus profond, les britanniques passent même un cran au-dessus avec ce Something To Remember Me By. Vous me direz que la déprime est courante dans la scène hardcore, sauf que le groupe écossais se démarque en réalisant là un concept-album tournant autour de la vie d’un homme et du déroulement de l’année aboutissant à son suicide. Un sujet fort et émotionnel dont la narration passe en quatorze titres via un hardcore mélodique aux attaques metalcore bardées de breakdowns massifs.
« Fourpercent » donne clairement le ton, les attaques rythmiques étant nerveuses et bien puissantes tandis que le chanteur se montre bien agressif. Une ouverture virulente contrebalancée par « In Vain » aux guitares mélodiques et au chant plus émotionnel (et s’abstenant de chant clean pouvant apparaitre trop forcé dans le genre), pas très loin de l’expressivité d’un Jeremy Bolm (Touché Amoré) ou d’un Derek Archambault (Defeater) mais avec un son metalcore (une grosse production quoi).
Mais pas de méprise, la forme est ici très nuancée avec de nombreuses mélodies touchantes telles sur « Luna et Altum » ou les arpèges de « There’s No Right Way To Say This… ». Une forme de douceur qui, couplée à la fragilité sous-jacente du message matérialise avec force le propos de To Kill Achilles, cherchant à aider l’auditeur à percevoir les signes d’isolement de dépression chez ses proches.
La progression narrative est en tout cas poignante, on sent les tourments du personnage exprimés rien que par les titres des morceaux passant de « Oh God, I’ve Never Felt This Low » à une sorte de dernier appel désespéré (le minimaliste « We Only Exist Together »). La fin de l’album traite de l’heure de son passage à l’acte (« 21:36 ») puis du deuil qui suit (« Beautiful Mourning » puis le morceau-titre, tous deux déchirants).
On tient au final un album rempli de douleur mais aussi d’empathie, aux inspirations thématiques provenant d’expériences personnelles de membres du groupe eux-mêmes. Des luttes intérieures à l’acceptation de la fatalité puis du deuil, un album émotionnellement puissant s’inscrivant tel un mix de Touché Amoré, Counterparts et des regrettés Heart In Hand.
- Fourpercent
- In Vain
- Luna et Altum
- Oh God, I’ve Never Felt This Low
- Black Marble
- When You Live With Ghosts, You Don’t See The Dead
- Agnostic
- On My Mind
- There’s No Right Way To Say This…
- Venom
- We Only Exist When We Exist Together
- 21:36
- Beautiful Mourning
- Something To Remember Me By