Sacré pourvoyeur d’émotions depuis Travels (2008), sublime premier album à l’incroyable intensité, Defeater s’est ensuite retrouvé – un peu malgré lui – considéré comme leader de cette vague hardcore mélodique post-2010. Un statut pleinement assumé qui a permis au groupe de sortir deux albums tout aussi poignants par la suite: Empty Days & Sleepless Nights (2011) et Letters Home (2013), qui même s’ils s’avèrent très bien faits, paraissent pourtant bien loin derrière leur premier album, un peu comme si le groupe de Boston se reposait un peu sur ses lauriers. Une tendance se poursuivant avec Abandoned ou un nouveau départ ?
Groupe appréciant livrer des concept-albums autour d’une même thématique, ce Abandoned ne déroge pas à la règle en traitant cette fois du thème de la religion au travers du personnage d’un prêtre « vu de l’intérieur » (sans mauvais jeu de mots), torturé par ses propres sentiments par rapport à sa foi, ses doutes, le pêché… Bref rien de très original mais entre les mains de Defeater, pourquoi pas !
Contrition ouvre le bal dans une ambiance plutôt atypique pour un titre en retenue mais tout en montée jusqu’à l’explosion introduisant Unanswered, évident premier single nous offrant ce que Defeater sait faire de mieux: de la colère, de la passion, des émotions grâce à des mélodies sur le fil du rasoir. Les puissants December 1943 et Spared In Hell semblent ensuite confirmer la bonne forme de Derek Archambault et sa bande mais les deux titres suivants vont faire un peu déchanter. Divination d’abord, sorte de mid-tempo un peu poussif où pas grand chose ne se passe puis Borrowed & Blue avec son inattendue partie chantée, certes pas trop mauvaise mais plutôt hors-propos. Heureusement la suite repart sous de meilleures auspices avec un Remorse plutôt efficace, un Atonement sensible avant la superbe conclusion Vice & Regret, toute en fragilité et désespoir.
Que reprocher à ce nouvel album de Defeater alors ? Pas grand chose, la plupart de ces onze nouveaux titres correspondant aux codes qu’ils ont eux-mêmes installés à leurs débuts. Mais si l’habillage parait idéal, il manque vraiment quelque chose en profondeur pour faire de cet album un chef d’œuvre de la trempe de Travels. De bons moments, d’autres plus anecdotiques pour finalement un album mineur (mais très loin d’être mauvais !) dans la discographie des bostoniens.
- Contrition
- Unanswered
- December 1943
- Spared In Hell
- Divination
- Borrowed & Blue
- Pennance
- Remorse
- Pillar Of Salt
- Atonement
- Vice & Regret