Owl Cave, c’est le genre de projet qui prouve que l’on a pas forcément besoin d’être cinquante personnes à la production d’un album qui vous attrape et vous retient. Derrière ce patronyme évoquant forcément la nuit et l’obscurité se cache une entité anonyme nommée « S. », multi instrumentiste et producteur seul aux commandes de ce Broken Speech, son tout premier album empruntant des sentiers bien tortueux très joliment mis en image par l’artwork de Dehn Sora (Throane).
Constitué d’une seule et unique plage de quarante-trois minutes, Broken Speech est forcément dense tout en demandant à l’auditeur une attention particulière. Il y a bien des pauses silencieuses qui auraient bien correspondu à des fins de morceaux, mais S. en a décidé autrement, bien décidé à jouer avec nos nerfs.
Car ce Broken Speech multiplie les pistes, nous entraînant dans de l’ambient glacial à des montées en pression issues du post-metal (tout ça sans parole). Des pistes qui se brouillent bien souvent grâce à l’usage de samples vocaux parfois fantomatiques, côtoyant du drone ou des relents EBM/indus tandis que les instruments se voient torturés, créant cette ambiance générale peu commune, quelque part entre musique concrète (d’où l’étiquette « acousmatic black metal ») et œuvre d’une âme tourmentée souhaitant nous mettre à l’épreuve.
Car entre les déferlements de violence et cette atmosphère lugubre qui habitent Broken Speech, autant dire que des précautions sont à prendre avant d’entrer dans cette « caverne du hibou », un oiseau pas simple à apprivoiser mais un guide parfait pour un singulier voyage nocturne duquel vous ne reviendrez peut-être pas.
- Broken Speech