Pèlerinage Prog Metal à Tokyo

Pas de commentaires      40
Annee de sortie: 2024

Fin novembre, je pars pour Tokyo pour explorer la ville et ses environs pendant une semaine, mais également pour combiner cela avec une des mes plus grandes passions : le metal progressif. Ce qui rend ce voyage encore plus spécial, c’est l’opportunité d’assister à un concert à Tokyo réunissant quatre groupes qui me tiennent à coeur — Pain of Salvation, Cynic, Textures et Cyclamen . Et tout cela après une semaine passée à explorer la beauté sereine du Mont Fuji et le riche patrimoine culturel de Tokyo. Pour un fan de Prog Metal, cette combinaison de musique et de voyage est l’expérience ultime, et je suis impatient de m’immerger pleinement dans les deux.

Le concert aura lieu le 26 novembre dans une salle appelée Roppongi Ex Theater. Les billets peuvent être achetés directement auprès de l’organisateur, c’est un show purement DIY organisé par le leader du groupe japonais Cyclamen, Hayato Imanishi : https://www.facebook.com/realisingmedia

Pain of Salvation : Les maîtres du prog metal théâtral

Le groupe en tête d’affiche sera Pain of Salvation, un groupe suédois que j’admire depuis des années. Il s’agit d’un groupe qui n’a plus besoin d’introduction dans le monde du metal progressif. Chaque album est un voyage à travers des thèmes complexes tels que la mort, la renaissance et la condition humaine. Pour moi, tout a commencé avec la découverte de Remedy Lane à sa sortie en 2002, un album qui reste mon préféré. La capacité du groupe à tisser des compositions complexes avec un chant profondément habité est ce qui les distingue de la masse et en fait un groupe unique en son genre. Au fil des ans, j’ai aussi appris à aimer leurs œuvres plus anciennes, notamment The Perfect Element et One Hour by the Concrete Lake, qui démontrent tout autant leur créativité et leur volonté d’expérimenter, qui était là dès leur premier album alors qu’ils étaient tout juste adultes.

Leur ère Be, album sorti en 2004, les a vus plonger dans des morceaux encore plus théâtrales et sophistiquées. J’ai eu la chance de les voir en live à cette époque, et les performances étaient tout simplement envoûtantes. Peu de groupes peuvent équilibrer une maîtrise technique et une profondeur émotionnelle brute aussi bien que Pain of Salvation, et j’espère que leur set à Tokyo revisitera certains de ces classiques.

J’ai eu le privilège de rencontrer Daniel Gildenlöw, le leader du groupe, à quelques reprises pour des interviews à Paris pour Eklektik à l’époque. Imposant physiquement mais incroyablement sympa et réfléchi, Gildenlöw dégage une présence aussi puissante hors scène que sur scène. C’est un véritable artiste, pleinement immergé dans son monde, et cela se ressent dans tout ce que fait Pain of Salvation.

Leur travail le plus récent, In the Passing Light of Day (2017), a marqué un retour en force après une décennie un peu plus calme et moins inspirée créativement parlant. Ce fut un vrai plaisir que de les voir renouer avec l’intensité qui a fait d’eux des légendes du genre. J’attends avec impatience leur prochain album, a priori en cours d’enregsitrement, et qui sait — peut-être joueront-ils un extrait à Tokyo.

Dans un genre qui flirte parfois avec le kitsch, lorsque le côté « heavy metal » (pensez à Manowar et compagnie) prend trop de place, Pain of Salvation plonge pleinement dans l’épique et le théâtral, mais ils parviennent à ne jamais — ou rarement — franchir la ligne de la gêne (pensez à Dream Theater). Peu de groupes ont une approche aussi diversifiée du prog metal, avec une carrière qui s’étend sur trois décennies.

Je les ai vus en live plusieurs fois au cours des 20 dernières années, et je n’ai jamais été déçu, bien que, bien sûr, les concerts en tête d’affiche dans de petites salles aient toujours été meilleurs que ceux en plein air lors de festivals. La dernière fois que je les ai vus, c’était l’année dernière au festival Artmania. J’ai été un peu déçu car le concert n’a pas duré assez longtemps — ils n’étaient pas en tête d’affiche, et on avait l’impression qu’ils n’avaient pas beaucoup répété avant le concert. Il y avait aussi quelques problèmes techniques. Mais je ne pense pas que ce groupe puisse se planter, c’était quand même incroyable, et Gildenlöw a toujours une voix en or. J’étais heureux de voir Johan Hallgren de retour sur scène, l’autre guitariste du groupe est aussi un excellent chanteur, et Pain of Salvation est capable des meilleures harmonies en live, tous les membres chantent. Le batteur (Français!) a même chanté en lead sur une chanson récente.

Cynic : L’évolution d’un pionnier du prog metal

Cynic est un autre groupe qui a profondément marqué le genre du metal progressif. Lorsque leur premier album Focus est sorti en 1993, ce fut une petite révolution. En mélangeant le Death Metal avec le Jazz Fusion, Cynic a repoussé les limites de ce que le metal pouvait être. Le travail de guitare complexe, les rythmes élaborés et les mélodies éthérées de Focus en font l’un des albums les plus importants du Death Metal Progressif.

Formé par Paul Masvidal et Sean Reinert, qui avant ça avaient joué sur l’album Human du groupe culte Death en 1991, Cynic a pris la maîtrise technique de la scène Death Metal de Floride et l’a transformée en quelque chose de beaucoup plus étandu. Malheureusement, le groupe s’est dissous après ce premier album révolutionnaire, mais l’héritage de Focus a continué à influencer le Metal Progressif pendant des années. Lorsqu’ils se sont reformés en 2006, les fans dont je fais partie furent ravis, et leurs albums suivants — Traced in Air (2008), Kindly Bent to Free Us (2014) et Ascension Codes (2021) — ont vu le groupe évoluer vers des sons plus mélodiques, atmosphériques et expérimentaux.

Aujourd’hui, la musique de Cynic incorpore des influences post-rock, ambiantes et même électroniques, ce qui en fait un groupe en constante évolution qui continue de repousser les limites du Metal Prog. Leurs performances live sont connues pour être transcendantes, et je suis impatient de voir comment leur set à Tokyo mettra en valeur l’évolution de leur son.

Bien sûr, je suis excité de les voir en live, avec une formation renouvelée après le décès malheureux du batteur Reinert il y a quelques années. J’ai vu le groupe plusieurs fois après leur reformation, ils tournaient à l’époque avec deux Néerlandais, Tymon Kruidenier et Robin Zielhorst, respectivement guitariste et bassiste, et Tymon s’occupait aussi des growls. Tous deux ont joué sur Traced in Air et ont ensuite créé le groupe Exivious. Ils ont sorti deux albums en 2009 et 2013, je les recommande vivement, ils ont en quelque sorte poussé la musique de Cynic plus loin avec une influence Jazz Fusion encore plus poussée, et c’est instrumental. Depuis, ils ont évolué vers un autre groupe appelé Our Oceans, cette fois avec Tymon au chant, plus Prog Rock dont je suis aussi un grand fan. Tant que je parle des gars qui ont tourné en tant que membres de Cynic, je mentionnerai également Max Phelps, guitariste/chanteur qui s’occupait aussi des growls en live, et qui a sorti un excellent album cette année avec son groupe Exist. Je ne pense pas que ces gars joueront avec Paul Masvidal à Tokyo, mais on ne sait jamais.

Textures : Le retour d’un joyau caché du prog metal moderne

S’il y a bien un groupe que je ne m’attendais pas à revoir en live, c’est Textures. Ce groupe néerlandais, qui s’est dissous en 2017 après la sortie de leur cinquième album Phenotype (2016), a laissé un impact durable sur la scène Prog Metal avec leur mélange unique de rythmes polymétriques Djent, de Metal/Hardcore, de Prog et d’éléments de Jazz Fusion. Ils ont été parmi les pionniers de ce son avant qu’il ne devienne plus largement adopté, avec une trajectoire comparable à celle du groupe anglais Sikth. Comme Sikth, Textures avait une approche distinctive qui combinait la férocité rythmique de groupes comme Meshuggah avec une touche plus mélodique et ambiante. Leur premier album, Polars (2003), a vraiment marqué un tournant et ouvert la voie à une nouvelle ère dans le metal progressif.

Ils ont eu différents chanteurs tout au long de leurs cinq albums. Leur premier chanteur était un peu limité, se contentant principalement sur des cris Hardcore. Puis Eric Kalsbeek est arrivé pour ce que je considère comme leurs deux meilleurs albums, Drawing Circles (2006) et Silhouettes (2008), avant qu’ils ne passent à un nouveau chanteur, Daniël de Jongh, que j’apprécie également beaucoup. Il avait déjà chanté dans un autre groupe néerlandais que je connaissais bien, CiLiCe (ils n’ont sorti qu’un seul album génial, Deranged Headtrip, en 2009, chroniqué sur Eklektik), et j’aimais beaucoup sa voix. Il est polyvalent, capable de gérer à la fois les growls et le chant clair (et a en fait une voix très similaire à celle d’Eric), ce qui donne à leur son beaucoup de nuances.

Initialement ancré dans un metal agressif avec une touche djent, la capacité de Textures à combiner intensité et mélodie, ainsi que leur expérimentation avec différents styles, en fait l’un des groupes les plus innovants du prog metal moderne. Je suis impatient de voir comment ils vont se débrouiller sur scène après cette longue pause.

C’est aussi un groupe que j’ai vu plusieurs fois, et j’ai toujours été impressionné. Après leur pause fin 2017, je ne pensais pas avoir l’occasion de les revoir, mais j’ai appris avec bonheur qu’ils prévoyaient de se reformer pour quelques concerts en 2024, et cette date à Tokyo semble être un cadeau pour les fans de longue date comme moi.

Un groupe japonais pour commencer, et découverte de Tokyo

Le premier groupe à monter sur scène sera Cyclamen, l’un des groupes de Prog Metal les plus renommés du Japon, formé par le guitariste Hayato Imanishi. Ils ont émergé au milieu de la vague « djent » aux côtés de groupes comme Periphery, Tesseract et Monuments, mais ont réussi à se forger une identité distincte en incorporant des influences musicales japonaises dans leur son. Leur musique fait le lien entre l’Est et l’Ouest, mélangeant des paysages sonores atmosphériques et une profondeur émotionnelle, ce qui en fait une addition unique et remarquable à ce concert.

Mais ce voyage ne se résume pas uniquement au concert. Avant le show, je passerai du temps à Tokyo avec ma femme, ville que je visiterai pour la première fois. Bien que ce soit une métropole animée, nous sommes particulièrement impatients de découvrir ses aspects historiques — jardins, temples et palais qui offrent un aperçu du passé japonais. Contrairement à beaucoup de visiteurs, nous sommes moins intéressés par le côté high-tech de Tokyo, avec ses magasins de mangas et de jeux vidéo. Nous chercherons plutôt des coins plus calmes où l’histoire et la culture prennent le dessus. Nous louerons également une voiture pour explorer les paysages époustouflants autour du Mont Fuji. Nous avons prévu de séjourner dans un ryokan traditionnel à Hakone, un type d’auberge japonaise où nous pourrons profiter des sources thermales – onsen – et nous imprégner de la tranquillité de la nature environnante. Bien que nous ne gravirons pas le sommet du Fuji — la neige de Novembre rendant l’ascension difficile — nous visiterons les lacs environnants, les temples, les sanctuaires et les villages anciens qui rendent la région si spéciale. C’est une opportunité de renouer avec la nature et de découvrir la beauté sereine du Japon.

Le point culminant de ce voyage sera le concert — une expérience intense et émotive partagée avec les fans locaux. Ce sera la fin parfaite d’une semaine d’exploration. Pour moi, ce voyage est une célébration des choses que j’aime le plus : le prog metal, voyager à l’étranger et passer du temps avec ma femme.

jonben

Chroniqueur

jonben

Krakoukass et moi avons décidé de créer Eklektik en 2004 suite à mon installation à Paris, alors que disparaissait le webzine sur le forum duquel nous échangions régulièrement, ayant tous deux un parcours musical proche entre rock et metal, et un goût pour l'ouverture musicale et la découverte perpétuelle de nouveautés. Mes goûts se sont affinés au fil du temps, je suis surtout intéressé par les groupes et styles musicaux les plus actuels, des années 90s à aujourd'hui, avec une pointe de 70s. J'ai profité pendant des années des concerts parisiens et des festivals européens. J'ai joué des années de la guitare dans le groupe Abzalon. Mes styles de prédilection sont metal/hardcore, death technique, sludge/postcore, rock/metal prog, avec des incursions dans le jazz fusion et le funk surtout, depuis une île paumée de Thaïlande. 

jonben a écrit 533 articles sur Eklektik.

Up Next

Du meme groupe

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *