La première chronique d’un album de Pain of Salvation que j’ai écrit pour Eklektik date d’il y a 16 ans, l’année de création du webzine, 2004! C’était pour Be qui était pour moi sur le moment une déception par rapport à leurs albums phares des débuts. Rétrospectivement j’aime en fait beaucoup cet album et il était superbe sur scène. C’était aussi le dernier album vraiment réussi du groupe… jusque 2017 et un retour fracassant avec « In the Passing Light of Day » qui les voyait revenir à des sonorités plus dures, on retrouvait à la fois le « metal » comme le « prog » et ce qui faisait de Pain of Salvation un groupe si unique dans le metal progressif.
Pain of Salvation est le groupe de son créateur, chanteur, guitariste et compositeur Daniel Gildenlow, mais ça a toujours été un groupe, Gildenlow a toujours été accompagné de musiciens émérites. Sur « In the Passing Light of Day », il était secondé par Ragnar Zolberg au chant et à la guitare, et ce dernier était excellent sur les 2 tableaux, mais est également le compositeur des meilleurs morceaux de l’album. Peut-etre qu’il faisait de l’ombre à l’ego assez surdimensionné de Gildenlow car il fut limogé du groupe peu après, ce qui permit le retour du guitariste soliste historique Johan Hallgren.
Le groupe aurait pu la jouer facile et continuer sur la lignée de In the Passing Light of Day, peut-etre que le départ de Ragnar Zolberg a joué dans le fait qu’ils ont préféré essayer d’expérimenter et ne pas continuer dans la lignée de cet album. Les différences sonores sont marquées, la production de Panther est bien plus synthétique, intègre de nombreux éléments électroniques. J’avoue que les morceaux sortis en single m’ont un peu inquiété, mais finalement l’album dans sa globalité me plaît plus que je ne l’imaginais.
Les 3 titres sortis en single sont les plus electro/bizarres alors que le reste reprend des codes plus habituels pour le groupe, meme si l’album dans sa globalité a une vraie cohésion, à base de rythmiques complexes, de sonorités synthétiques omniprésentes, et guitares relativement en retrait. Les guitares sont d’ailleurs pour beaucoup acoustiques et apportent un coté bluesy à « Unfuture » et « Species ». Le piano a aussi sa part belle sur l’album et les guitares saturées sont assez en retrait, Johan Hallgren parait relativement inexistant. L’album en général a une production qui n’est pas rock et les morceaux sonneront surement différemment en concert, les passages agressifs ne sont d’ailleurspas le fait de riffs metal, mais plutot de sonorités électroniques saturées. J’aurais préféré qu’ils restent sur quelque chose de plus organique, plus rock, mais je comprend aussi tout à fait leur désir d’essayer quelque chose de différent, et la description d’un monde industrialisé, pollué, maussade, où les individus sont isolés dans leurs rivalités et leurs certitudes colle certainement à la musique proposée.
Au niveau du concept, par ailleurs porté par un artwork aux dessins plutot sympa, ça tourne autour d’un « I feel like a panther, stuck in a dog’s world » qui souligne encore malheureusement l’égocentrisme prétentieux de Gildenlow. Pour un groupe dont j’adore la musique, un chanteur dont j’adore la voix, je n’ai jamais franchement apprécié ses paroles de toutes façons. Au niveau vocal, il y a aussi 2 occurrences que je qualifierais de faux pas, le rap de « Panther » assez ridicule et le chorus exagéré de « Wait » qui sonne quasi autotune et gâche une ligne mélodique qui n’en avait pas besoin. Rien de bien grave cependant.
Panther n’est pas l’album dont j’aurais rêvé, mais c’est une belle collection de morceaux et un ajout intéressant dans leur discographie, certainement pas un mauvais album et surement un album qui nécessitera du temps pour faire sa place dans la discographie du groupe, qui reste un des meilleurs et des plus uniques groupes metal prog aujourd’hui.