Chat Pile - Cool World | Eklektik Rock

Passé en un rien de temps de petit groupe de noise rock un brin dérangé d’Oklahoma à véritable phénomène, jusqu’à gagner son billet pour le Roadburn 2023, Chat Pile a su imposer son style et a multiplié ses adeptes malgré l’aspect torturé de sa musique. Cool World possède bien la tonalité sarcastique de son titre, car comme à son habitude, le groupe va s’attaquer au thème de la violence avec son optique aussi viscérale que glauque.

Cool World s’annonce comme un prolongement de l’énorme God’s Country (2022), Chat Pile renouant instantanément avec cette ambiance unique, pleine de tension dès « I Am Dog Now » (où la folie est bien retranscrite dans le clip visible ci-dessous). Une entame qui va être suivie par un étonnant « Shame », sonnant simplement comme du grunge désaccordé avec un refrain ultra entêtant (sensation qu’on retrouvera plus tard sur « Milk Of Human Kindness »), puis par un « Frownland » reposant sur une basse clinquante répétitive pas loin du néo metal. Des ouvertures oui, mais une identité toujours bien reconnaissable grâce à un Raygun Busch toujours aussi halluciné (ah ca, ils sont certainement plusieurs dans sa tête !) et une qualité de production reconnaissable entre mille (notamment ce son de batterie à la compression singulière).

Passant du désespoir (« Camcorder », titre le plus étendu où Busch parle beaucoup et chante un refrain à la mélodie « Nirvanesque » aussi simple que déprimante, ou encore le groovy « Masc ») à de grosses crises de colère en un éclair (« The New World » ou la conclusion « No Way Out », cette dernière revenant à leurs premières amours tout en expérimentant via de surprenantes notes de guitare, devenant peu à peu inquiétantes), Chat Pile nous plonge malgré nous dans un univers nauséeux avec quelques irruptions de danger (« Funny Man »).

Pris dans son ensemble, Cool World correspond donc bien à ce qu’on attendait de lui, mais avec une lichette de mélancolie englobant le tout sans en dénaturer ni ses crises de démence bien abrasives, ni la sinistrose redneck émanant du projet (celle-ci étant confortée par les choix esthétiques dérangeants des visuels et vidéos). Iconoclaste et incontournable, un éloge de la folie qui va bien mériter sa présence dans de nombreux tops de l’année.