La sortie en 2023 de Alföld, album que j’aurais aisément pu faire figurer dans mes déceptions de l’année après la claque Naiv, m’avait fait conclure un peu hâtivement que ce dernier n’était pour moi qu’un accident et que Thy Catafalque restait un groupe qui n’était pas fait pour moi, puisque Alföld faisait suite à unVadak sorti l’année suivant la sortie de Naiv, en 2021, et qui ne m’avait pas du tout accroché non plus. Tamás Kátai, tête pensante du projet, y revenait déjà à une approche beaucoup plus metal et linéaire, que j’avais en effet trouvée beaucoup moins intéressante que celle de son album de 2020.
Je n’attendais pas forcément grand chose de ce XII, alors si on m’avait dit que son nouvel album, qui sort pourtant si rapidement après le précédent, deviendrait mon album préféré du groupe, je ne l’aurais probablement pas cru. C’est pourtant bien le cas et ce douzième album, malgré son nom à coucher dehors (qui signifie en gros « de beaux rêves viennent ensuite ») et sa pochette champêtre surprenante, est pourtant absolument PASSIONNANT du début à la fin. On est vraiment saisi dès le premier titre « Piros Kocsi, Fekete Éj », épique en diable, et qui semble mettre en avant le côté folk hongrois avant le metal et le black metal qui ne fait son entrée que sur le titre « Mindenevo » et encore, après plusieurs minutes durant lesquelles le titre sera aussi passé par des passages plus symphonico-épiques magistraux. Et c’est sans parler de la fin du morceau qui navigue entre jazz et classique, fort de l’utilisation d’un saxophone, violoncelle, et synthé (qui évoqueraient dans une moindre mesure le plus radicalement jazzy « Tsitsushka » qu’on trouvait déjà sur Naiv). A noter qu’on retrouve aussi du saxo sur « Nyárfa, Nyírfa » mais il évoque alors plutôt les années 80’s que le jazz.
Plus globalement donc, Kátai renoue clairement avec le mélange bigarré de folk/black metal/électronique qui marchait si bien sur Naiv et l’harmonie dans le mélange des genres atteint à mon sens un niveau de perfection inédit, que les morceaux suivant « Mindenevo » ne vont à aucun moment démentir, bien au contraire, l’album étant un régal de tous les instants. La folk hongroise est plus que jamais au coeur de la musique de Thy Catafalque, d’abord via le chant en hongrois qui donne immédiatement une coloration singulière à la musique de Kátai, sachant qu’il est parfois partagé avec un chant féminin comme sur « Lydiához » et ses 3 minutes qui nous transportent dans un pays qui a heureusement bien plus à offrir que son sinistre président/dictateur et ses idées extrémistes. Au-delà du chant même un titre purement instrumental comme « Vakond » transpire l’âme du pays d’origine de Kátai. On pense parfois dans l’esprit au superbe album imprégné d’influences slaves de Lunatic Soul Through Shaded Woods, même si les racines de Thy Catafalque sont plus ancrées dans l’avant-garde et le metal que le projet de Duda. Et à cet égard le projet du hongrois revient parfois à ses amours tout en restant dans le folk hongrois, à l’image du très cosmico-folk « Ködkiraly » et ses cuivres puissants qui prend une tournure plus metal à mi-parcours avec les vocaux black de Kátai ou du morceau suivant, le plus concis et direct « Alahullas » et sa mélodie contagieuse.
Et l’album de se terminer avec le très dansant et accrocheur « A gyönyörü álmok ezután jönnek » lequel est complété par la reprise d’un tube de 1987 que vous ne connaissez probablement pas encore mais qui risque de vous rester en tête pendant un moment tant il est accrocheur. Il s’agit de « Babylon » signé Omega (un groupe également hongrois), morceau titre de l’album du même nom, interprété ici en bonus track via une reprise fidèle mais survitaminée qui permet à Thy Catafalque de clotûrer en beauté ce très grand cru du très prolofique hongrois.
Le moment du bilan de l’année 2024 approche et il m’apparaît évident que ce fantastique album sera dans le top 3 de l’année, et qu’il y aura même photo avec le Blood Incantation pour départager le meilleur album de metal de l’année. Rien que ça ? Oh que oui!
Tracklist :
01. Piros Kocsi, Fekete Éj (4:12)
02. Mindenevö (6:35)
03. Vasgyár (6:18)
04. Világnak Világa (6:28)
05. Nyárfa, Nyírfa (2:53)
06. Lydiához (3:05)
07. Vakond (4:29)
08. Ködkiraly (7:58)
09. Aláhullás (3:48)
10. A gyönyörü álmok ezután jönnek (3:14)
11. Babylon (Bonus Track – Omega Cover) (3:42)