Le projet Changeling est l’œuvre du guitariste virtuose Tom Geldschläger, connu pour sa participation à l’album Akróasis d’Obscura. Il sort ici son premier album éponyme sous le label Season of Mist.
Je trouve plutôt pertinent qu’il ait donné un nom spécifique au groupe plutôt que d’utiliser son propre nom. Il aurait même pu opter pour « Fountainhead », son surnom (référence à Ayn Rand ?). Car c’est un vrai groupe que voilà : Fountainhead s’est entouré de musiciens de renom, notamment Morean, un Allemand comme lui au chant (également membre d’Alkaloid et Dark Fortress), mais aussi l’Anglais Arran McSporran (bassiste fretless de Virvum et Vipassi) et l’Américain Mike Heller (batteur de Fear Factory après le départ de Gene Hoglan).
Ça, c’est pour la formation principale, qui j’espère deviendra un groupe actif sur scène. Mais il y a également près d’une vingtaine d’invités sur l’album.
J’aime énormément l’album Akróasis d’Obscura, qui bénéficia de l’utilisation distinctive de la guitare fretless par Geldschläger. Mais des désaccords avec le leader d’Obscura, Steffen Kummerer, firent qu’il ne resta pas dans le groupe. Alors qu’Obscura sortira également un nouvel album début 2025, Changeling s’impose comme une alternative dans le même registre musical : le Death Metal technique. Changeling propose une expérience sonore riche et complexe, avec des expérimentations allant bien plus loin que ce que le prochain album d’Obscura, sans surprise, semble offrir.
Les sonorités de la guitare fretless apportent une dimension unique à l’ensemble, mais ce n’est pas tout : Fountainhead a réellement peaufiné son album. On peut aussi noter l’apport indéniable de Morean, chanteur multi-facette capable de growls bestiaux comme de chants clairs toujours expressifs, en parfaite adéquation avec l’ambiance sombre de la musique. Ce chant tend à rapprocher fortement Changeling du projet Alkaloid (groupe qui lui aussi n’hésite pas à expérimenter sur une base Death) avec ses vocaux variés, growls bestiaux et refrains semi-chantés d’une voix roque.
L’album, qui compte 10 titres, dont une intro et deux interludes, navigue entre des morceaux classiques comme le deuxième single, « Falling in Circles », avec toute l’agressivité du Death metal mais aussi les sensibilités mélodiques du metal progressif moderne sur des touches mélodiques, ou l’intégration de sections de cordes orchestrales, de choeurs, piano classique ou autres touches étonnantes. D’autres titres se révèlent plus étranges, plongeant l’auditeur dans une ambiance morbide, avec des ultragraves, des arrangements microtonaux et des orchestrations audacieuses, illustrant la capacité du groupe à repousser les limites du genre tout en conservant une authenticité.
En somme, Changeling s’impose comme un incontournable pour les passionnés de metal progressif et technique. C’est un très bon album, qui offre une fusion plus innovante de styles que la moyenne, avec une maîtrise technique impressionnante. Avec des musiciens ayant joué sur des albums d’Obscura, Alkaloid et Virvum, trois groupes que j’adore, un guitariste d’exception et un chanteur dont j’apprécie tous les projets, il y avait peu de chances que je sois déçu !
