Fear Factory – Demanufacture

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Style: futuristic cyber metal (!!)Annee de sortie: 1995Label: Roadrunner Records

En principe vous auriez du retrouver la kronique d’un album de Queen dans la rubrique anthologik cette semaine. Mais le chroniqueur qui s’en charge outre le fait qu’il n’est pas forcément le plus rapide de toute la bande (euphémisme, euphémisme…) a surtout cette fois une excellente raison (félicitations mecton) de ne pas pouvoir s’acquitter de sa tâche. C’est donc finalement Bibi qui s’y colle avec un autre album datant de 1995 (après le Draconian Times de Paradise Lost de la semaine dernière) et pas le moindre une fois de plus. Quelle belle année quand même…

Demanufacture… Un album essentiel pour moi, un de plus. Essentiel pour 2 raisons majeures : la première est que cet album m’a fait découvrir Fear Factory, un groupe qui le vaut bien. La 2ème en ce que c’est cet album qui m’a fait franchir un pallier de violence dans la musique. Les 1ères écoutes ont été douloureuses, ayant gagné l’album (en cadeau d’abonnement à Hard Force si vous voulez tout savoir) je n’étais pas vraiment obligé de persévérer, de m’accrocher, allez donc savoir pourquoi je me suis obstiné à le remettre malgré le saignement de mes pauvres oreilles de l’époque qui criaient « stop ! », pas habituées à un tel traitement qu’elles étaient.

Certes cet album n’est pas en soi un sommet de violence mais tout de même, à l’époque, un tel déchaînement de rage était relativement nouveau pour moi. Même aujourd’hui du reste, il n’a rien perdu de sa puissance et de son efficacité. Merci en cela à la production de Monsieur Colin Richardson (clairement l’une des références de la production des disques de métal de la grande époque des années 90, le bougre avait par exemple produit plusieurs albums de Machine Head), claire, mais très puissante et qui a surtout le bon goût de n’avoir pas pris une ride.

Demanufacture c’est un peu la BO de Terminator 2. D’ailleurs lorsque « Zero Signal » commence, on jurerait que le groupe a repris là le thème de Terminator 2. Mais au-delà de ça, que ce soit dans l’ambiance des morceaux, dans le packaging, le son, tout évoque la froideur metallique d’une machine et le groupe scénarise et conceptualise d’ailleurs sa musique autour d’une thématique de guerre « Hommes / machines » qui rappelle celle du film cité.

Musicalement, s’éloignant un peu plus du death metal de ses débuts, le groupe trouve ici l’équilibre parfait entre violence et mélodie froide, un équilibre qu’il avait approché de près sur son précédent méfait (voir « Martyr », « Scapegoat » ou « Scumgrief » sur Soul Of A New Machine le précédent et inégal opus du groupe). Du coup Fear Factory invente ici ce que l’on aura coutume d’appeler le cyber metal, c’est-à-dire un indus metal martial, violent mais aussi mélodique.
Indus, à cause de l’ambiance, froide, je l’ai dit, distillée à grand renfort de synthés, samples et du fait de la production également, clinique, glacée, industrielle.
Martial car le jeu de batterie de Raymond Herrera, souvent calqué sur les guitares rythmiques apporte une touche « mitraillette » grâce à l’utilisation très importante de la double grosse caisse et à la précision millimétrée du garçon. C’est d’ailleurs ce jeu de batterie/guitare « mitraillette » qui deviendra véritablement la marque de fabrique du jeu de Herrera et par là même, du son du groupe.
Violent et mélodique car si Burton C. Bell hurle la plupart du temps dans un registre qui reste assez proche du death, il nous propose aussi désormais des vocaux clairs absolument excellents, qui mixés un peu en arrière et affectés d’un effet de reverb restent invariablement sombres (ça ne respire pas la joie de vivre sur ce disque), et s’inscrivent donc pleinement dans la tonalité générale froide et sombre du disque.

Loin d’un systématisme qui deviendra quelques années plus tard un peu trop récurrent dans le néo-métal (avec les alternances de couplet gueulé et refrain chanté), Fear Factory fait ici les choses à sa manière, capable de nous marteler la gueule sans aucune retenue comme sur « New Breed », « Your Mistake » (morceau bonus sur lequel on retrouve en guest Freddy Cricien, chanteur des coreux de Madball), « H-K (Hunter-Killer) » ou « Flashpoint » sur lesquels le chant clair est carrément absent ou très rare, pour mieux nous cajoler l’instant d’après comme sur « Dog Day Sunrise » (reprise du groupe Head Of David dont faisait partie Justin Broadrick, influence majeure de Fear Factory avec Godflesh) entièrement chanté en voix claire.

Demanufacture c’est aussi « Replica » et « Self-Bias Resistor », deux véritables hymnes, totalement représentatifs du style du groupe : violents, martiaux, froids mais aussi mélodiques. Ces titres, à l’instar de « Zero Signal », « Body Hammer » ou « Pisschrist » (magnifique, peut-être le morceau le plus extraordinaire de l’album avec des vocalises sublimissimes) présentent ce double visage (violent/mélodique) de Fear Factory que les fans aiment tant, la violence de la batterie et des riffs saccadés, et une voix passant de l’agression pure au mélodique planant dans cette ambiance glauque et froide (les bandes de « Pisschrist » par exemple).

Impeccable de bout en bout (« A Therapy For Pain » terminant le travail en presque 10 minutes, dans une sinistre douceur appuyée encore une fois par une belle performance vocale de Bell) et apportant vraiment quelque chose de nouveau avec ce mélange inédit (Devin Townsend ne cachera pas avoir été influencé par FF pour l’écriture du magistral City de Strapping Young Lad) Demanufacture est clairement un album charnière dans la carrière du groupe, celui à partir duquel tout s’est accéléré pour le groupe. Dommage que ce dernier n’ait jamais réussi à égaler cet album, et ce même si Obsolete son successeur (moins noir), n’ait pas été loin de réitérer l’exploit après un Remanufacture assez anecdotique (album de remixes de Demanufacture, la démarche –déjà effectuée du reste, après Soul Of A New Machine sur Fear Is The Mindkiller– démontrant l’attachement du groupe pour les sonorités indus et les sons technoïdes).

Evidemment indispensable donc.

A noter que les bonus de l’édition digipack valent au moins le détour pour le déjà cité « Your Mistake » véritable pain dans la gueule indus-core.

  1. demanufacture
  2. self bias resistor
  3. zero signal
  4. replica
  5. new breed
  6. dog day sunrise (cover de head of david)
  7. body hammer
  8. flashpoint
  9. h-k (hunter-killer)
  10. pisschrist
  11. a therapy for pain
  12. your mistake (bonus version digipack)
  13. resistancia (bonus version digipack)
  14. new breed (remix) (bonus version digipack)
krakoukass

Chroniqueur

krakoukass

Co-fondateur du webzine en 2004 avec Jonben.

krakoukass a écrit 1203 articles sur Eklektik.

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11 Commentaires

  1. FireCat says:

    C’est dans une compilation du collègue Hororo que j’ai découvert cet album il y a plusieurs années, quand je quittais le néo metal, aux cotés de groupe comme In Flames, Converge, Meshuggah ou Zao. Une compil qui m’a marqué et surtout cet album, qui m’a happé surtout par ses mélodies absolument inédites (froides, etc). L’opposition parfaite de l’humain et de la machine. Je l’ai vraiment beaucoup écouté ce skeud… Le meilleur album du groupe et une vraie bombe inlassable ;)

  2. sano says:

    J’aime beaucoup ce disque moi aussi, mais je prefere peut être Archetype, avec qui j’ai connu Fear factory. Techniquement Demanufacture est le meilleur album, mais sentimentalement je prefere Archetype.

  3. Jingai says:

    Le truc sur la Bo de Terminator 2 a déjà été utilisé sur la chro de Judas Priest, Krakou pompe les chroniques?

  4. damien luce says:

    Quelle excellente chronique mon ami krakoukass !!! Pareil souvenir, souvenir !!! Un album majeur de ma jeunesse !!! Tout est dit dans cette chronique, j’ai par la suite dévié sur strapping mais cet album « démanufacture » est une légende du métal !!! Je crois que ce disque restera intemporel !!!

  5. Angrom Angrom says:

    Le chroniqueur il avait surtout dit qu’il ferait appel à un éminent amateur de queen , human cover band à ses heures en sa compagnie, pour faire la chronique de ce monument ..
    Enfin pas grave FF c’est bien aussi

  6. krakoukass Krakoukass says:

    @angrom : le monument en question est juste repoussé à la semaine prochaine, certainement pas annulé… ;) Je voulais juste laisser Joss tranquille en ce week-end si particulier…

  7. shaq says:

    Soul of a new machine plantait le décors, Demanufacture enfonce le clou. La suite n’est pour moi que redites et déceptions ; FEAR FACTORY reste ainsi le groupe de 2 albums brutaux, froids et indispensables.

  8. Ilhan says:

    Fear Facto, grande epoque, du tout bon ce skeud, j’ai du l’écouter en boucle au collège.

  9. ridurand says:

    le groupe et l’album qui m’a fait venir au métal

  10. Joss says:

    Merci à Krakou d’avoir pensé à me laisser tranquille ce W.E ;-) La chro du Queen est en cours…elle arrive…bientôt…
    Quand à l’album, il tournait pas mal à une époque chez moi mais a été oublié par la suite…Comme d’habitude après chaque chro Anthologik, je pense que je vais réécouter le skeud en question :-)

  11. Monster says:

    J’ai écouté ce disque il y a bien longtemps, je l’avais beaucoup apprecié. Mais tout ce que Fear Facto a pondu par la suite ne m’a helas jamais passioné…
    Sinon je les ai vu live au Graspop il y a quelques années, un grand moment d’ennuie !!! Je sais pas si c’était la fatigue, la chaleur ou le plein air qui faisait ça mais alors les compos de Demanufacture perdaient toutes leurs subtilités et devenaient agaçante… A revoir dans de meilleures conditions donc…

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