Il y a eu du mouvement chez les américains d’Allegaeon depuis leur précédent album, l’excellent Damnum. En effet le groupe a choisi de débarquer son chanteur Riley McShane qui officiait en son sein depuis 2015, pour le remplacer par… l’ancien chanteur du groupe, Ezra Haynes qui officiait en effet déjà chez Allegaeon entre 2008 et 2015.
Un retour qui m’inquiétait passablement, très friand que j’étais du chant de McShane, lequel participait grandement à mon goût pour le cru 2022 du groupe, d’autant plus que j’avais découvert le groupe avec cet album.
Des inquiétudes très vite balayées à l’écoute de The Ossuary Lens qui démarre pied au plancher, après une très belle introduction à la guitare sèche (« Refraction »), avec des morceaux très directs sur sa première moitié, pour conserver pour la deuxième moitié son approche « plus progressive » et avec, ses morceaux les plus longs. Un choix qui pourra décontenancer les amateurs des longues épopées progressives des américains. Personnellement je ne trouve rien à redire compte tenu de l’enchaînement des bombes que sont « Chaos Theory », « Driftwood » (malgré un refrain un peu « facile »), et surtout « Dies Irae » et l’énormissime « The Swarm ». Ezra Haynes alterne à merveille growls et grognements presque black (voire quelques « wiiiiiiii » bien caractéristiques), qui dominent d’ailleurs largement les débats, avec quelques incartades de chant clair maîtrisé, en net recul cependant par rapport au précédent album (principalement sur « Driftwood », « Wake Circling Above » et en trompe l’œil sur le démarrage de « Scythe » par ailleurs très brutal), certainement en raison du changement de chanteur susévoqué.
Dans ces moments de frénésie et d’assauts directs, le groupe m’a parfois fait penser à son compatriote de Mire, un autre groupe qui a nos faveurs chez Eklektik même si Allegaeon est certainement un peu plus technique.
Et justement que les amateurs se rassurent, techniquement le groupe est toujours aussi solide en particulier à la guitare, avec du shred à gogo, des solos bien branlés et mélodiques, mais aussi à la guitare sèche dont on voit bien qu’elle est solidement maîtrisée (cf le démarrage et le pont de « Dark Matter Dynamics », mais aussi le démarrage d' »Imperial ») de même qu’à la basse qui ronronne délicieusement comme on l’aime (cf « Carried by Delusion » en particulier). Tout cela ne vise jamais l’objectif démonstratif mais est heureusement mis au service de compositions accrocheuses et intéressantes. A cet égard je trouve finalement ce nouvel album encore plus jouissif que le précédent, notamment car il ne contient pas de passages superflus ou de ventre mou, ce que j’avais déploré (de façon un peu sévère avec le recul) sur Damnum. Et si les premiers morceaux nous pètent bien la tronche, les suivants ne sont pas en reste qualitativement, qui à partir de « Dark Matter Dynamics » deviennent plus progressifs et non moins jouissifs avec pour point d’orgue l’excellent « Scythe » qui conclut les débats en beauté et sans que le groupe renonce à l’agressivité maîtrisée qu’il aura affichée avec succès durant les presque 45 minutes de cet impeccable et excellent nouvel album des américains.
Tracklist :
01 – Refraction
02 – Chaos Theory
03 – Driftwood
04 – Dies Irae
05 – The Swarm
06 – Carried by Delusion
07 – Dark Matter Dynamics
08 – Imperial
09 – Wake Circling Above
10 – Scythe