Comme chaque année, l’heure des bilans permet de revenir sur des albums loupés ou survolés durant l’année, et Damnum fait clairement partie de ceux qu’il convient de mentionner retrospectivement, après que l’on soit magistralement passé à côté de sa sortie en février 2022. Les américains d’Allegaeon n’en sont d’ailleurs pas à leur coup d’essai, Damnum étant tout de même leur 6ème album, et pourtant je n’ai aucun souvenir lié à une potentielle écoute d’un de leurs albums précédents par le passé.
Qu’importe, il n’est pas trop tard pour se rattraper et constater que ces petits gars de Fort Collins près de Denver dans le Colorado sont loin d’être des manches pour ce qui est de balancer un death prog à tendance technique (mais pas trop) évoquant par exemple The Faceless ou Rivers of Nihil (sans le saxo).
Tout l’arsenal typique du groupe de death prog est en effet ici présent : entre des solos magistraux (cf par exemple celui d' »Into Embers » aux alentours de 3min30) et du shred qu’on doit à un guitariste techniquement très très costaud, des passages brutaux mais aussi d’autres plus nuancés et très mélodiques (cf par exemple cette guitare hispanisante accompagnée de percus sur le break de « To Carry My Grief Through Torpor and Silence »), un batteur qui matraque parfaitement ses fûts et use voire abuse de la double pédale, et des vocaux alternant growls bien puissants et vocalises claires. Des vocaux partagés entre deux chanteurs : le principal (Riley McShane) étant à l’évidence une pièce maîtresse du dispositif des américains, sa versatilité étant assez magistrale. On pense parfois à Devin Townsend sur certains cris (en particulier sur « Only Loss »), mais ses vocaux clairs n’ont rien à voir avec ceux du canadien tout en étant en même temps d’une limpidité et beauté qui permettent notamment lors des refrains, de projetter des titres comme « Of Beats and Worms » au firmament des meilleurs titres qu’on a pu entendre dans ce genre cette année. Des vocaux clairs qui ont aussi le mérite de ne pas tomber comme des cheveux sur la soupe durant les morceaux, jouant pour beaucoup dans la qualité d’accroche de bien des morceaux de l’album : notamment les premiers jusqu’à « Vermin » inclus (qui sont tous assez fous et vraiment excellents), puis les derniers de « Saturnine » à « Only Loss ». Il y a en effet un petit creux (de 20 minutes tout de même) sur l’album entre « Called Home » et « The Dopamine Void, Part II », qui peut apparaître comme un ventre mou qui pourrait nuire à l’album pris dans sa globalité, mais qu’on en vient au fil des écoutes de l’album à plutôt considérer comme une respiration intéressante, plus progressive et moins catchy, une respiration loin d’être dénuée de qualités et qui peut parfois fugacement trahir une inspiration Opethienne des américains (cf « Called Home » notamment). Il n’en reste pas moins que certains regretteront probablement quand même qu’Allegaeon n’aient pas décidé de tailler un peu dans le lard de ces 20 minutes pour alléger un album plutôt long (1 heure) qu’il faut donc un peu de temps pour digérer confortablement.
Malgré cette 1/2 réserve, j’espère que vous n’avez pas attendu cette conclusion pour cliquer et écouter notamment les morceaux en écoute ci-dessous : si vous aviez comme moi loupé cette sortie en début d’année et que vous êtes amateur de death progressif, peu de chances que vous soyez déçu avec Allegaeon qui envoie du très lourd sur Damnum. Un album qui dispose de beaucoup d’arguments lui permettant de prétendre se faire une place dans le top des sorties 2022 et qui fait du groupe un groupe phare du genre qu’il va falloir désormais surveiller de près!
Tracklist :
1. Bastards of the Earth (4:32)
2. Of Beasts and Worms (6:31)
3. Into Embers (5:19)
4. To Carry My Grief Through Torpor and Silence (5:19)
5. Vermin (5:11)
6. Called Home (7:40)
7. Blight (5:02)
8. The Dopamine Void, Pt I (2:07)
9. The Dopamine Void, Pt II (5:02)
10. Saturnine (4:42)
11. In Mourning (1:51)
12. Only Loss (6:53)
J’avoue préférer leurs précédents opus…
Découvert en 2019 alors qu’ils avaient déjà cinq albums, sur une tournée avec Obscura et Fallujah. Apparemment ils ont changé de chanteur. Surtout, je me souviens d’un Deathcore technique, rapide avec quelques émotions justes. Au vu des extraits, ils ont évolué vers le Death Progressif. Ca peut marcher mais c’est périlleux.