Le retour inattendu d'un groupe emblématique, après une longue pause de dix-sept ans, se traduit par un album enregistré dans un cadre original, offrant une approche plus accessible tout en conservant des éléments chaotiques, alternant entre grooves entraînants et passages mathcore, avec une variété vocale notable.

En voilà du retour inattendu ! Dix-sept ans après leur dernière livraison (Turtle Nipple And The Toxic Shock – 2008), les doux dingues de Heavy Heavy Low Low ont décidé de se réunir sous leur line-up originel alors que leur split était acté depuis 2011. Connu jusqu’alors dans cette frange UG du spazz/sass hardcore chaotique, le groupe s’est remis au boulot en 2019 pour le live puis a décidé, histoire de coller avec ses habitudes farfelues (comme dans ses lyrics), de composer et enregistrer ce nouvel album dans une yourte au milieu d’un camp nudiste de Santa Cruz (véridique !).

Pain Olympics propose cependant une approche bien différente des déferlantes soniques (presque) sans queue ni tête qu’on leur connaissait à leurs débuts (comme sur l’ébouriffant et « culte » Everything’s Watched, Everyone’s Watching – 2007) au profit d’un son plus policé qu’auparavant et à des compos, certes toujours secouées mais plus accessibles (et en totale autoproduction !).

Le groupe alterne donc entre phases groovy (l’introductif « I’m So Bad At Goodbyes » à la basse bien aux avant-postes) et mathcore à l’ancienne ponctué de multiples breaks et du grain de folie qui les caractérise (« I Go Where I’m Kicked »). Le vocaliste Robbie Smith offre là une variété vocale assez étendue allant de cris perçants à des passages scandés dans l’esprit d’un Mindless Self Indulgence (sur « Thizzme Software ») en passant par des cris plus haut perchés rappelant là SeeYouSpaceCowboy (« Vomited Soul »).

Presque dix-huit minutes d’un revival chaotique « pas pareil qu’avant » (avec d’agréables réminiscences de Duck Duck Goose et de The Blood Brothers) seulement calmé par le surprenant « Hospital Bed Blues » qui opte pour le mélancolique. Un retour réussi pour HHLL, un tantinet différent mais toujours fun, qui a de quoi ravir les « scenekids » à ceintures blanches de l’époque (qui se prendront là presque vingt ans dans la gueule).