Beunz vous avait déjà vanté les mérites du précédent album (et même du premier) des frappadingues de The Callous Daoboys (leur nom est un reshuffling du nom de l’équipe de foot américain les Cowboys de Dallas), le très bon Celebrity Therapist, et me voilà à prendre la suite pour vous parler de leur tout nouvel album sorti en mai 2025. Un album qui les voit poursuivre leurs aventures au nom d’un mathcore plus varié que jamais, ouvert même pourrait-on dire, tant le groupe propose des moments qui tiennent clairement du grand écart musical.
J’ai pu voir leur musique décrite comme un mélange de celle des regrettés the Dillinger Escape Plan, avec le pop-punk de Fall Out Boy, et je dois dire que je souscris vraiment à cette définition. Autant dire qu’on ne se prend pas au sérieux chez les américains et qu’on n’a pas du tout peur de mélanger les genres quitte à choquer les puristes (et ça se voit jusque dans leur accoutrement, comme vous pouvez le constater). Mais attention on fait ça bien!
Si la plupart des morceaux (en faisant fi de l’introduction et de l’interlude qui fait la transition entre les morceaux au format normal et le dernier titre fleuve) fusionnent les deux approches (dès « Schizophrenia Legacy », puis avec « The Demon of Unreality… », avec son espèce d’improbable break quasi bossa nova, »Idiot Temptation Force » et ses agaga boo aga boo boo aga et là aussi ce break super pop/funky, ou encore « Douchebag Safari » qui à l’inverse commence de façon électronico-pop avant de partir en furie pour mieux repasser par la suite sur les deux registres, et je m’arrête là pour vous laisser découvrir les surprises et les petites trouvailles que contiennent quasiment chaque titre), d’autres prennent carrément le contrepied du mathcore standard du groupe pour partir dans des registres complètement pop. Vous n’êtes ainsi sûrement pas prêts à encaisser l’enchaînement entre « Tears on Lambo Leather » et … « Lemon » qui est un pur morceau chill comme aurait pu en pondre il y a longtemps un Sugar Ray. Groovy et infectieux en diable. Et l’album d’enchaîner avec « Body Horror for Birds », morceau le plus calme de l’album, qui marque la césure avant la reprise des hostilités (toujours contrastées) sur le titre suivant et ce jusqu’à un « III. Country Song in Reverse » qui condense à peu près toutes les idées du groupe en 11min48.
Et à l’avenant, le très charismatique chanteur du groupe Carson Pac, délivre une prestation pour le moins variée, passant de cris rageurs (flirtant même une fois encore avec le deathcore sur « Two-Head Trout ») à des voix claires dignes d’un Mike Patton, parfaitement maîtrisées. C’est un véritable masterclass que Carson délivre sur cet album, secondé par d’autres membres du groupe, et parfois aussi par quelques invités qui passent poser une gueulante ou leur voix sur quelques titres.
Concernant le violon qui était jusque là une marque de fabrique spéciale du groupe, il se retrouve ici largement relégué au second plan, à tel point qu’il m’a fallu un peu de temps pour en repérer la trace (sur « Two-Head Trout » tendez l’oreille et peut-être aussi sur « Body Horror for Birds »). Les cuivres sont en revanche davantage de la partie et ça fonctionne vraiment très bien à mon sens (bien mieux que le violon dont j’avoue ne jamais avoir été très friand) jusqu’à la conclusion épique de l’album. Ailleurs ce sont des passages plus électroniques (« Douchebag Safari ») voire des samples improbables (l’idée géniale d’intégrer magnifiquement un passage de dans « Two-Headed Trout »).
C’est certainement là la grande réussite des Daoboys : cette musique iconoclaste s’avère beaucoup plus accrocheuse qu’on pourrait initialement le penser. L’album m’a même semblé plus rapidement assimilable et surtout encore plus jouissif (malgré le chaos ambiant) que le grand frère Celebrity Therapist, à l’image de « Distracted by The Mona Lisa » qui s’avère une parfaite illustration de la capacité du groupe à se faire quasiment tubesque sur ce nouvel album.
Les six d’Atlanta signent rien de moins qu’un album de génie que je ne saurais assez recommander aux plus ouverts d’entre vous et aux nostalgiques de TDEP. Un des albums de l’année pour sûr.
Tracklist :
1. I. Collection of Forgotten Dreams (02:13)
2. Schizophrenia Legacy (04:53)
3. Full Moon Guidance (03:59)
4. Two-Headed Trout (03:52)
5. Tears on Lambo Leather (03:47)
6. Lemon (03:51)
7. Body Horror for Birds (05:37)
8. The Demon of Unreality Limping Like a Dog (03:45)
9. Idiot Temptation Force (03:56)
10. Douchebag Safari (03:26)
11. Distracted by The Mona Lisa (03:34)
12. II. Opt Out (02:25)
13. III. Country Song in Reverse (11:48)
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