Blanck Mass – Dumb Flesh

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Style: Electro NoisyAnnee de sortie: 2014Label: Sacred Bones Records

Blanck Mass, c’est la moitié de Fuck Buttons. Pour ceux qui n’ont rien compris à cette phrase, précisons : aux manettes derrière ce Blanck Mass, on retrouve Benjamin John Power, qui est un des deux leaders (avec Andrew Hung) des anglais de Fuck Buttons, dont, comme moi, vous ne connaissez peut-être pas grand chose.

Sachez donc que Fuck Buttons versent dans la musique électronique, entre techno et expérimental, avec quelques épanchements noisy ou drone. J’avoue ne pas avoir encore pris le temps de me frotter avec application à l’ensemble de la discographie du duo, qui compte 3 (longs) albums à son actif. En revanche je suis littéralement tombé amoureux de ce Dumb Flesh, que je trouve absolument fascinant. Pourtant la pochette ne donne pas envie de prime abord, avec cette improbable agrégation de chair, dont le résultat est assez repoussant, évoquant une difformité que nous avons certainement tous été conditionnés à trouver effrayante tant elle fait écho à certaines de nos peurs.

Et le fait est que Blanck Mass sur ce 2ème album paru chez Sacred Bones mêle parfaitement le malsain et le beau, trouvant l’équilibre parfait entre les deux, demandant un effort à l’auditeur qui devra aller chercher les mélodies -au demeurant superbes- bien cachées, tapies dans l’ombre, derrière le bruit et la saturation. Le meilleur exemple est certainement « Detritus » qui porte bien son nom, et suscite d’abord une impression de rejet, puisqu’on aurait vite fait de n’y voir qu’un délire bruitiste insupportable. C’est effectivement comme ça que le morceau démarre, avant de laisser peu à peu la mélodie poindre et nous emporter, mais pour découvrir cette mélodie et succomber enfin, il faut accepter de supporter 2-3 minutes de bruit.

Se faire mal pour se transcender et accéder à la récompense en quelque sorte. Et de fait l’atmosphère générale sur l’album, celle qui frappe en premier est plutôt malsaine, mais la beauté se cache clairement derrière le mal-être. Et elle vendra sa peau chèrement. Pour la trouver il faudra donc la traquer. On retrouve sur Dumb Flesh la fascination de Power pour le drone ce qui s’illustre assez clairement dans sa tendance à jouer sur la répétition, en menant à la transe sur plusieurs de ses morceaux comme l’étrange introductif « Loam », les très beaux « No Lite » (qui nous propulse littéralement dans l’espace à partir sur sa 8ème minute, grandiose), « Atrophies » ou « Lung » et le précité « Detritus ». L’intelligence de Power est de ne jamais oublier la mélodie que l’on retrouve sur chacune des 8 pépites de l’album (qu’elle soit bien planquée ou directement offerte comme sur « Atrophies ») et de nous balancer des tubes techno noisy pour aérer ces passages les plus drone : « Dead Format », « Double Cross » et surtout le fabuleux « Cruel Sport » permettant à la sauce de bien prendre, et à la lassitude voire l’ennui de ne jamais s’installer.

Au final, la fascination prend rapidement le pas sur le malaise et le voyage est tellement beau que la transe en devient incroyable et jouissive.

Je ne parle pas souvent de musique électronique car c’est un genre qui me touche rarement, mais lorsqu’il le fait l’obsession me gagne assez rapidement : c’est ce qui est arrivé pour Carpenter Brut et c’est aussi ce qui s’est produit dans un genre radicalement différent avec Dumb Flesh, que je tiens d’ores et déjà pour l’un des meilleurs albums de l’année tout simplement et qui va certainement rejoindre mon panthéon personnel des albums de musique électronique.

Tracklist :
01. Loam
02. Dead Format
03. No Lite
04. Atrophies
05. Cruel Sport
06. Double Cross
07. Lung
08. Detritus

krakoukass

Chroniqueur

krakoukass

Co-fondateur du webzine en 2004 avec Jonben.

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