A l’origine, Ephel Duath est un duo italien, en provenance de la Grande Venise pour être exact. Après une demo intitulée Opera, leur premier album Phormula, sorti de façon confidentielle sur l’excellent label transalpin Code666 en 2000, empruntait la voie d’un black sympho à la Limbonic Art, mélangé à du Emperor, mais déjà bien personnel. Malheureusement desservi par une production limite, cet album revoit le jour suite à la signature du combo sur Elitist/Earache, remasterisé et agrémenté de bonus, sous le nom de RePhormula. Histoire de faire patienter le chaland.
En fait, personne ne se doutait de la déflagration qu’allait provoquer la sortie de leur 2ème album The Painter’s Palette. Si d’aventures le terme ovni musical doit être appliqué à un album, c’est bien à celui-ci. Un foisonnement ultime de riffs, de mélodies qui ont donné une musique unique, un mélange de jazz, de metal et de hardcore, porté à bout de bras par un batteur issu du jazz au groove imparable, un jeu de basse puissant issu du funk, un jeu de guitare exceptionnel (jamais je n’avais entendu ce style de jeu faussement naïf), un chanteur clair et un autre typé core. Une trompette pour rajouter une couleur (thème central de l’édifice), et roule Pedro !
Alors inutile de vous dire que l’attente du petit dernier s’est avérée longue. Qu’allaient me réserver mes Italiens préférés ? La barre était placée tellement haut avec « The Painter’s Palette » que je m’attendais à une relative déception. D’autant que l’écoute du 1er mp3 mis en ligne m’a laissé dubitatif. Que peut donc nous réserver l’album qui vient de voir le jour, le bien-nommé Pain Necessary to Know…
Bien nommé, parce qu’il faut se faire mal pour atteindre la lumière. Parce qu’un tel album nécessite un nombre incalculable d’écoutes approfondies pour commencer à le cerner. Parce que tout simplement je pense que personne ne pourra jamais dire « j’ai tout compris à cet album » (comme pour The Painter’s Palette du reste…). Un gros pavé d’une richesse assez impressionnante ! Amis de l’album précédent, de jazz, d’expérimentations, mais aussi de groupes tels Oxbow, The Dillinger Escape Plan ou encore à moindre mesure Fugazi, vous allez être servis. Ephel Duath ne se contente pas en effet de resservir la même recette que The Painter’s Palette, il avance encore à pas de géant alors que nombre de groupes stagnent ou évoluent de façon microscopique d’albums en albums. Devant faire face à la défection du chant clair et de la trompette, les Italiens font contre mauvaise fortune bon cœur et exploitent au mieux le nouveau line-up. Plus de chant clair ? Baste ! On composera des lignes de guitares plus mélodiques, et le chant hardcore restera peu ou prou de même importance que sur l’album précédent en terme quantitatif. Plus de trompette ? Pas grave, on jouera moins sur le registre jazz. Allons voir ce que nous propose la scène rock indé ! Moins purement jazzy qu’avant, moins démonstratif aussi (oubliez les tourneries de malade sur les cymbales et les parties hallucinantes du batteur trop démonstratives, oubliez les breaks de basse slappés), tout est fait pour l’efficacité. Pain Necessary to Know n’en demeure pas moins une œuvre exigeante, riche et complexe. La structure des morceaux est plus biscornue (la tournée de l’hiver dernier avec DEP doit peser son pesant de cacahuètes dans cette orientation), et les breaks dissonants sont foison sur cet opus. A vrai dire il est difficile de discerner l’homogénéité d’un morceau tellement ça part dans tous les sens, et on peut facilement être rebuté par cette avalanche de riffs et de breaks. Pas évident de suivre la ligne directrice. Les riffs ne sont pas tenus très longtemps, et la répétition n’est pas de mise ici, il faut en conséquence une attention toute particulière pour saisir le propos. D’autant que le son général est assez surprenant, un peu crade dans l’ensemble, mais quand on écoute instrument par instrument, c’est limpide (rhâââ cette caisse claire !).
Structures biscornues certes, mais d’un autre côté les mélodies sont plus évidentes, comme cette superbe ligne sur « Vector third movement ». Il y a moins de pistes de guitares différentes par morceau, mais celles utilisées sont plus riches et plus touffues qu’auparavant. Et l’ajout de quelques loops bien placés, ainsi que quelques petits arrangements surprenants (fender rhodes ou moog, musique de boite musicale….) apportent d’autres couleurs supplémentaires aux compositions de façon subtile mais néanmoins efficace.
Il y aura les pro et les anti, c’est certain. En ce sens, je vais oser une comparaison inattendue (et qui fera plaisir au volatile en chef de ce webzine) avec… le dernier The Ocean. Ce sont 2 albums dont on ne peut pas dire qu’ils laissent indifférents. On aime ou pas (quel cliché clichesque…). Autant l’opus des Allemands me laisse indifférent malgré une qualité intrinsèque évidente, autant celui des Italiens me transporte ailleurs. Et nombre de personnes penseront le contraire. Cette donne est évidemment valable pour l’album du combo vénitien. La patte de l’Artiste, à n’en pas douter, quelle que soit son évolution et dont le propre de l’oeuvre est de faire réfléchir…
Il ne faut pas rentrer dans le débat « meilleur que Painter’s ou pas ? », parce qu’alors on biaise sa vision de l’album. Non, simplement il est différent et on peut tout autant adorer Painter’s… et détester Pain… et inversement. Allez, Pain Necessary to Know représente à nouveau un ovni génial dans la discographie d’Ephel Duath, un de plus…. Un album hors norme et par conséquent différent. Tout bêtement unique….
- new disorder
- vector, third movement
- pleonasm
- few stars, no refrain and a cigarette
- crystalline whirl
- i killed rebecca
- vector
- vector, second movement
- imploding
Pas grand chose à rajouter…
Le précédent m’avait justement saoûlé avec ses parties trop démonstratives pour moi… Ici point de ça Lisette. C’est technique certes mais il y a une place plus prépondérante laissé à l’efficacité et aux vibes. Bref j’adhère!
groupe de merde et qui n’a plus rien à offrir
non non j’ai même pas écouté c’était juste histoire de causer :D
J’avais adoré le précédent et j’aime tout autant celui-ci, album ovni insaisissable, barré, mais génial. Bcp d’écoutes avant de le cerner mais une fois fait, ce n’est que du bonheur. Ps: la chro est excellente.
« album ovni insaisissable, barré, mais génial » –) ovni insaisissable, barré ET génial. Le fait qu’il soit barré n’empêche aucunement le génie d’être présent ^^
pffffiouuu, c’est pas trop barré quand même … bande de fillete.
Sinon, je le trouves beaucoup mieux que le précédent (qui était déjà trés bien). Les enchainements sont un tantinet mieux controlés et en plus, y’a plus la voix claires.
J’aime pas du tout , mais je m’en doutais en même temps . Tant pis j’ai toujours les deux albums précédents : (
OK, Devin aime pas, j’y touche pas! Pratique d’avoir un goûteur attitré parfois :-p
Être son propre palais n’est pas mal non plus…
Un album musicalement intéressant, riche, vivant, contrasté… je regrette juste la présence d’un « chanteur ».
Le prochain album 100% instru ?
Oui,s’il vous plait !
Certains dont Neurotool pointe la technique un peu gratuite justement du précédent , alors que c’est ce que je reproche à celui-ci , pusique les chants clairs (apparement salvateurs) ont disparus , et que le reste de la musique n’a pas subi une refonte totale sauf sur les changements de rythmes , le resultat est un peu amer pour moi , comme si l’album n’était pas réelement terminé.
injustement pardon
« On jouera moins sur le registre jazz » ? Bah au contraire, la guitare est plus jazz que jamais justement ! Pour moi c’est même du jazz avant d’être du metal ou du hardcore… Cela dit, je plussoie, excellent album !
Après l’arrêt des activités de Elitist, Ephel Duath intègre le giron de EARACHE (contrairement à Carnival In Coal qui se retrouve sur le label de Zuul FX).