Aeolian marque le retour très attendu des berlinois de The Ocean et [mode auto anulingus on] il faut reconnaître qu’on n’est pas peu fiers d’avoir été parmi les tous premiers en France à vous parler de ce groupe très prometteur, peu de temps avant la sortie de leur excellent album fluXion [mode auto anulingus off].
J’avais personnellement pris à l’époque une bonne petite claque, claque qui ne m’avait cependant pas préparé à recevoir cette méchante mandale que représente Aeolian, qui sort ces jours-ci chez Metalblade.
En effet, s’il m’a fallu quelques écoutes pour m’imprégner de fluXion et de son alternance d’ambiances posées et de tempêtes mêlant métal et hardcore, je suis rentré tout de suite dans Aeolian qui m’a littéralement saisi à la première écoute.
J’avais parlé, un peu vite il est vrai, d’accointances entre The Ocean et des groupes de la scène dite “ post hardcore ” comme Isis ou Cult Of Luna. Si l’approche de ces groupes était alors parfois peu éloignée, il s’avère aujourd’hui qu’Aeolian permet de prendre conscience que The Ocean est loin d’être un simple ersatz supplémentaire et dispose bel et bien de sa propre personnalité.
Aeolian a été présenté par Robin (guitariste et tête pensante du groupe) comme le jumeau “ plus heavy ” de fluXion. Certes, ces 2 disques sont intimement liés, puisque de nombreux titres d’Aeolian ont été enregistrés au cours des même sessions que ceux de fluXion, pourtant à la 1ère écoute de ce nouvel opus, on a du mal à croire qu’on a bien affaire au même groupe… Beaucoup plus brut et violent, Aeolian voit le groupe officier dans des registres assez différents, tout en parvenant à maintenir la filiation et à conserver la patte “ The Ocean ”.
Véritable melting pot de genre metallo-coreux (on évitera cependant de parler de metalcore ce qui semblerait pour le coup réducteur voire péjoratif), on sera plus que jamais bien en peine de décrire le style du groupe : on entendra aussi bien du Meshuggah (notamment dans certaines rythmiques saccadées) que du Converge dans les parties les plus frénétiques (cf le cataclysmique et ultra jouissif « Dead Serious & Highly Professional »), voire même des passages plus thrash comme sur « One With The Ocean » (morceau que Robin estime probablement influencé par le Rusted Angel des suédois de Darkane, album qu’il adore).
Les parties purement instrumentales et aérées quant à elles, si présentes sur fluXion sont ici quasiment absentes : elles ressurgissent parfois de façon ponctuelle et temporaire, sur la fin d’« Austerity » ou sur « Inertia » qui s’avère en fait être un morceau enregistré pour la 1ère fois par le groupe en 2002, et qui est le seul qui aurait éventuellement eu sa place sur fluXion. Certains pourront ainsi être déçus, la référence à ce dernier encore chaudement en tête.
Croire pour autant qu’Aeolian est plus brouillon, moins travaillé que le précédent, serait une erreur de taille. Les arrangements sont toujours là mais un peu cachés, placés en arrière-plan, et si on ne les entend pas forcément à la première écoute, noyés qu’ils paraissent parfois derrière la furie qui a pris le dessus dans les compositions de cet opus, les écoutes suivantes révèleront tout le travail effectué justement sur ces compos. Parlons-en d’ailleurs des compos, qui sont extrêmement alambiquées (c’est peu dire), bougent, vivent, et se transforment passant d’un metal lourd à un hardcore chaotique et explosif en quelques secondes (le monstre « Une Saison En Enfer » qui vous saute littéralement à la gueule).
Au rayon vocal, on notera que la notion de “ collectif ” (on parle du collectif The Ocean) n’aura jamais été aussi pertinente puisqu’on retrouve pas moins de 6 chanteurs différents sur le disque.
Si Meta, chanteur officiel du groupe, est quasiment systématiquement au rendez-vous avec sa grosse voix proche du death, il est souvent accompagné par d’autres protagonistes de choix (sauf sur « Queen Of The Food-Chain » qui est intégralement chanté par Sean Ingram de Coalesce), parmi lesquels on citera pour les plus connus, Sean Ingram donc, mais aussi Nate Newton de Converge et Old Man Gloom ou Tomas Hallborn (qui apparaît sur 5 titres) de Breach (influence majeure et avouée de Robin, leader de The Ocean). Ce sont ces collaborations et oppositions de styles de tous les instants qui rendent le disque passionnant, varié et scotchant, et qui apportent aussi cette teinte hardcore à une musique essentiellement metal de prime abord.
En définitive, si fluXion nous faisait voyager au gré des eaux, de façon plutôt paisible finalement avec certes, des montées et des accès de violence, mais qu’on sentait toujours venir, Aeolian prend le parti, au contraire, de malmener, brutaliser l’auditeur, par ses multiples changements de rythme, ses structures complexes et imprévisibles (cf « Austerity » passionnant, fort de ses 9 minutes 40, ou le terrible « Swoon »), rendant le périple cette fois-ci difficile, éreintant, jusqu’au boutiste (ce final… puissant). On en ressort épuisé (surtout à la 1ère écoute), hébété aussi mais surtout, il faut l’admettre, ravi sur la durée. Le concept de l’album est éminemment sombre, mêlant regard désabusé sur le monde (rejet du consumérisme sur « Austerity » appuyé plus loin par un extrait -si je ne m’abuse- du film Fight Club à la fin de « Swoon ») et dimension poétique/littéraire puisque « The City In The Sea » est ainsi un poème de Edgar Allen Poe, dont les vers sont mis en musique par le collectif. « Une Saison En Enfer » est basé sur le livre du même nom signé Arthur Rimbaud, figure charismatique et intrigante par laquelle est fasciné Robin.
On pourrait y passer des heures, mais il faut savoir s’arrêter : en résumé, servi par un son énorme, le collectif The Ocean accouche tout simplement ici d’une des sorties majeures de l’année, et d’un superbe disque (avec un artwork magnifique une fois de plus). J’adore, je ne m’en lasse pas et j’assume pleinement le 19.
Tracklist :
- the city in the sea
- dead serious and highly professional
- austerity
- killing the flies
- une saison en enfer
- necrobabes.com
- one with the ocean
- swoon
- the queen of the food-chain
- inertia
Totalement d’accord. Je metterais juste 17 ou 18 sinon c’est énorme . Une synthèse de beaucoup de choses avec la patte The Ocean . Mention spécial au chanteur qui écrase tout . Tuerie.
Si je puis y apporter un bemol, cet album s’adresse avant tout à des fans de metal et non de hardcore. La production énorme mais un rien trop policée ainsi que les réflexes Meshuggien n’ont rien à voir avec le côté abrasif du hardcore.
Pour ce qui me concerne un bon album mais pas franchement ma came… Je reprocherai une tonalité vocale un rien monotone et des structures alambiquées où l’on s’y perd sans réel plaisir sur la longueur de l’album. Des moments forts mais desservis par ces longueurs. Dommage…
bien que ce ne soit pas mon de style de prédilection, j’aime de plus en plus cet album. D’abord déçu, il m’aura fallu plusieurs écoutes, pour bien tout saisir, incroyable le nombre de sons qui ne sautent pas à la gueule dès la première écoute… Dans le genre, c’est certain, c’est monstrueux. De manière générale, il y a une maîtrise impressionnante, et rarement des duos au chant auront été aussi maîtrisés.
excellent album !
17/20
les premières ecoutes ont été décevantes, je m’attendai a moins de métal de la part de the ocean. Mais à l’heure actuelle aprés plusieurs écoutes je prends une claque!!!! J prens l’album tel qu’il est, j’ai qd même une préference pour « inertia » car il y a le chanteur des cultissimes breach et puis car cette chanson est la plus proche au niveau atmosphère de « Fluxion », peut être même leur chanson la plus abyssale… Grand groupe!!!
Tiens, la chro est parue sur Obsküre quelques heures avant ici, Krakou sale suiveur :o)
Sinon je m’associe à ton enthousiasme (le 19/20 excepté, de ce côté je me rapprocherais de Devin), ce disque allie puissance et jouissance pure de facon presque inédite. Neuro(b)tool a beau dire qu’il s’agit plus de metal que de hardcore, je pense que The Ocean raisonnent en termes de core, et qu’ils ont le profil pour jouer les passerelles vers les fans de groupes fricotant avec le death technique.
Enaûrme!!!
Ouais lol j’ai vu ta kro ce matin juste avant de poster la mienne! Et quelques heures plus tard celle de VS était en ligne… Quelle synchronisation admirable… ;p
il existe d’autres webzine qu’eklektik ?! O_o
N’ayant pas encore écouté cet album, j’espère plus que vivement qu’ils ont abandonné leurs faux hautbois et mirlitons en plastique qui – ce n’est que mon avis – flanquait tout par-terre sur « FluXion ». A écouter donc, The Ocean en vaut bien la peine.
@ Shaq : ben tu vas être content, y’en a plus du tout de ce style. D’ailleurs c’était le seul truc qui risquait de me réintéresser au groupe : évolution… là je me fais chier grave, sans toutefois que ça soit pourrave, car le gros son (bien metal) est au rdv et les titres carrés, mais comme dirait Dupont, ça m’en touche une sans secouer l’autre….
C’est sympa mais pas à écouter en boucle, ça ne surprend pas assez.
la prod est énorme, les voix sont dévastatrices, les riffs sont d’une efficacité et d’une lourdeur démoniaques… n’empêche que je suis pas sous le charme… enfin je préfère quand même cet album à fluxion qui moi m’ennuyait bcp…
je dois être vieux car, de mon temps, il me semblait qu’on appelait ça du death; mais non, je lis par ci métal moderne, par là metalcore…
Vous avez pensé à un lexique?
Yep Jéjé, c’est clairement du métal.
Mais étant donné que plusieurs courants divers influent sur la zic => « metal moderne »
Cet album possède une profondeur insoupçonnée.
Avec du recul, je trouve ce skeud réelement excellent. Il aura fallu le temps pour l’adopter mais maintenant que c’est chose faite, c’est – come dirait l’analphabète Ribery – « que du bonheur » !
Y’a pas a chier : c’est tout simplement le seul album de metal qui joue – risque plutôt – la carte de la superproduction et qui me met autant à genoux.
Acquis récemment, je le découvre à peine. Effectivement, le ton s’est durci par rapport à ‘FluXion’. Des pelletés de riffs efficaces et une prod’ à faire trembler les murs. J’écoute pas des tonnes de groupes du genre mais là, je suis séduit par la densité et l’impact des compos. Beau boulot.