J’aime beaucoup chez Soderbergh sa capacité à alterner films expérimentaux et confidentiels et films de divertissement grand spectacle (dans le but de financer les premiers). Avec Bubble c’est plutôt dans la première catégorie que l’on se trouve avec Bubble, un film d’une sobriété exemplaire, avec peu de personnages, pour la plupart acteurs amateurs, et filmé de manière à coller au plus près à la réalité.
Bubble met en scène les relations entre trois personnages, ouvriers dans une petite usine de fabrication de poupées, que l’on sent à la limite du dépôt de bilan, dans le Midwest américain. Martha, une vieille fille dévouée, est amie avec Kyle, un jeune homme un peu solitaire. L’arrivée de Rose, qui va se lier avec Kyle, va bouleverser les relations entre les personnages, et conduire au pire.
Il est intéressant de voir comment, en une heure treize de film, Soderbergh arrive à aller à l’essentiel, à se placer au plus près de ses personnages, de leur vies mornes et de leurs frustrations. Ultra minimaliste, à l’instar de sa musique (des accords de guitare sèche apparaissant de temps à autre), Bubble permet néanmoins à Soderbergh de mettre en avant tout son talent de mise en scène. La versatilité de ce réalisateur m’étonnera toujours : difficile de deviner en regardant ce film qu’il est du même réalisateur que Ocean’s Eleven par exemple.
Soderbergh réussit là encore un joli coup, en se frottant à un genre qu’il n’avait jamais abordé. On en ressort désarticulé, à l’image de ces morceaux de poupées, qui donnent au film ses images les plus belles mais aussi les plus dérangeantes.
Bubble de Steven Soderberg
