Volver est le seizième film (déjà), de Pedro Almodovar. Depuis 1980 et son premier long métrage, Pedro Almodovar nous régale de ses histoires qu’il écrit et réalise, histoires toujours très attachées à l’Espagne traditionnelle, et centrées autour des personnages féminins. Volver ne fait pas exception à la règle, et met en avant les femmes, les rares hommes présents dans l’histoire étant soit absents, soit vite éclipsés. Servi par un casting merveilleux (récemment primé à Cannes), mené par Penelope Cruz, le film raconte un drame familial dans l’Espagne actuelle, partagé entre Tolède et Madrid. C’est évidemment un grand plaisir pour les hispanophones de se délecter de la langue très idiomatique et très riche mise en avant par Almodovar, mais le plaisir de s’arrête évidemment pas là.
J’ai l’impression qu’Almodovar, avec Volver a encore fait des progrès dans son talent de mise en scène, et certains plans sont a proprement parler bluffants. Sur une demi-heure du film, sans en dévoiler trop, plane l’ombre d’un Alfred Hitchcock. Bref, la réalisation de Volver est talentueuse, servie en complément par une photo d’excellente qualité, et comme toujours avec Almodovar, très colorée
Mais le talent de Pedro ne s’arrête pas là, et sa grande force est de réussi à nous faire passer en un instant du rire aux larmes, avec des situations qui n’appartiennent qu’à lui. Par le truchement de ses actrices, toutes excellentes je le répète, Almodovar nous fait ressentir des émotions que personnellement il ne m’arrive pas si souvent de ressentir au cinéma. Passer de l’émotion la plus intense (la scène de chanson, par exemple) au rire le plus franc, sans oublier quelques piques de provocation, qui, si elle est moins visible que dans les premiers films, où Almodovar, remuait l’Espagne post franquiste comme un chien dans un jeu de quille, reste néanmoins bien présente, plus subtile mais non moins forte.
En résumé, Volver est une réussite, à l’instar des autres productions d’Almodovar, mais je trouve que l’émotion atteint sans doute son paroxysme dans ce dernier film. Clairement un film à voir cette année. 6/6
Volver
