Well, well, well… Voilà un “cas” intéressant que celui des allemands de Farsot. Intéressant à plus d’un titre, même. Tout d’abord, parce qu’il s’agit d’un bon (voire très bon) album et qu’à ce titre il fait l’objet d’une flopée de chroniques élogieuses sur bon nombre de zines. Ensuite, parce qu’il semble proposer ce que certains n’hésitent pas à nommer un « style unique ». Enfin, parce qu’il n’est pas impossible que nous ayons affaire à de mystérieux musiciens un peu moins primaires que la moyenne.
Je reviens immédiatement sur le dernier point et non sur le premier, foufou que je suis : pourquoi mystérieux ? Il n’est que de constater les patronymes à consonance chimico-synthétique (à moins qu’il s’agisse simplement de l’immatriculation des tour-bus) des 5 membres composant cette entité : R 215k, 10.XIXt, v.03/170, Pi: 1T 5r, 3818.w. Ajoutez à ça le classique site sibyllin et les photos ne dévoilant que des silhouettes peu suggestives et vous avez, sans crier gare, installé une aura énigmatique en moins de 2. La lecture des titres laisse augurer, quant à elle, qu’on n’a sans doute pas (je ne parle pas l’allemand) affaire à une sempiternelle litanie sur les pouvoirs incommensurables du Grand Bouc. De là à penser (et c’est une magnifique transition que voilà) que nous sommes en présence d’un groupe au style unique, il y a un pas que je ne franchirai pas et qui m’amène plutôt (liaison avec le premier point, eh oui c’est un métier) à mettre un léger bémol au symphonique engouement général que ce premier album suscite.
Si par « unique » certains entendent « loin des poncifs et réflexes musicaux du genre », je dis : pourquoi pas. Les compos sont en effet particulièrement bien travaillées et accentuent leurs efforts sur la notion d’atmosphères plus que sur l’enchaînement basique de riffs démoniaques. La production est suffisamment claire et puissante pour montrer que Farsot ne cachent pas un manque de talent derrière un vernis de boue caverneuse. Les structures sont assez simples et permettent à l’auditeur de prendre rapidement conscience qu’il n’est pas en train d’écouter un second couteau peu inspiré. Mais de cette dernière caractéristique ne découle pas une nécessaire lassitude car chaque morceau sait se faire apprécier d’un bout à l’autre, modulant les tempos au grès des arpèges, des leads mélodiques et autres claviers mélancoliques. Pourquoi pas donc.
Mais – saluer la particulière singularité de leur personnalité serait aller vite en besogne tant les passages m’inspirant des remarques telles que « ah ça sonne comme ci », ou « oh bon sang mais là on dirait vraiment du » sont fréquents. Riffs ou voix étouffées made in Shining et Forgotten Tomb, en somme et pour faire vite. Ce ne sont pas les premiers, me direz-vous, et vous aurez raison ; et après tout peu importe dès lors que c’est fait avec talent. En fait ce qui m’agace (le mot est peut-être un peu fort) le plus dans l’affaire c’est le dernier titre – qui s’avère paradoxalement le meilleur et laisse augurer de belles perspectives pour la suite : comment ne pas penser au Anathema de « Violence » (A natural disaster) légèrement teinté de Katatonia et d’Enslaved (période Isa) pendant ces plus de 20 minutes ? Hein ? Comment ?
Vous l’aurez compris, enfermer Farsot sous le simple vocable « black metal » serait une fatale erreur d’appréciation qui pourrait tout aussi bien décevoir ceux qui s’attendent à du raw blasphématoire ou empêcher certains réfractaires à franchir le pas vers une musique plus accessible qu’il n’y paraît. Ce serait également une erreur – et autrement plus grave – que de ne pas reconnaître à cet album les qualités lui permettant de légitimement postuler au podium des incontournables de l’année.
Un cas intéressant, décidément.
- thematik: hass
- hass – angst
- thematik: angst
- angst – tod
- thematik: tod
- tod – trauer
- thematik: trauer
Très bonne chronique,qui donne vraiment une idée précise de ce disque,j’avais suivi Farsot avec sa seconde démo,ils officiaient à l’époque dans un style beaucoup plus raw mais conservaient ce penchant pour la musique de Shining.Je me rappelle cependant que le titre en circulation de cet album était paru bien longtemps avant qu’on puisse se faire une idée du dernier Shining,la puissance du son était déjà là,ne pas y voir donc un simple copié collé d’Halmstad,juste un concours de circonstance aux vertus comme le dit le chroniqueur bien intéréssantes pour qui aime le metal sombre aux atmophères bien lourdes et tantôt lardées d’éléments atmosphériques.
Allez pour faire plaisir au Darkantichronique :
Très bon disque, je viens de le découvrir, d’accord avec la chronique…
Le rapprochement avec Shining est « normal » même si ici on a affaire à un disque beaucoup plus « black métal ».
Vraiment bon.