Deliverance n’est pas un groupe débarqué de nulle part. Composé de quatre membres dont certains ont fait leurs preuves ailleurs comme Etienne Sarthou (guitare, qui évolue à la batterie dans Karras ou encore feu-Aqme) ou le chanteur Pierre Duneau (Memories Of A Deadman), le groupe en est à son troisième album qui voit le jour dans une écurie plutôt prestigieuse: Les Acteurs de l’Ombre.
Neon Chaos In a Junk-Sick Dawn propose un album à la croisée des genres et simplifié sur le papier en « post black metal ». Pourtant, on est bien loin des habituelles divagations atmosphériques « post » chez Deliverance et ce même si l’on retrouve un expert en la matière au mastering en la personne de Magnus Lindberg (Cult Of Luna). « Salvation Needs A Gun » démarre tout en puissance, raw mais pris dans une force épique ravageuse.
Pourtant Deliverance va beaucoup plus ouvrir son spectre sur la suite de cet album. Point d’orgue de ces envies larges: « Odyssey » qui porte bien son nom, soient dix-huit minutes où le groupe place ses envies progressives psychédéliques/planantes/spatiales (au choix) avec un synthé se joignant régulièrement à la fête, et les enchaînant à des riffs sludge tout en conservant leur base black metal. Un titre très alambiqué mais qui parvient à nous transporter ailleurs.
Les titres passent et les surprises se succèdent les unes aux autres, une de taille s’amène pendant « Neon Chaos »: du vocoder ! Un parti pris rédhibitoire (qui me sort du délire à chaque écoute), mais peut-être trouverez-vous qu’il se marie idéalement avec l’énergie du passage où il est employé ? Il en sera de même avec l’introduction de « Fragments Of A Diary From Hell », qui traine en longueur. Là encore peut-être serez-vous complètement happé par les spoken words et l’ambiance qui les accompagnent ? Une fois encore, je ne parviens pas à y entrer. Et cela est fort dommage car la suite d’obédience sludge (version atmosphérique) est très prenante.
On obtient au final un album très ambitieux, mélangeant les genres à sa manière avec aisance au sein d’un concept narratif personnel. Pas toujours évident à suivre sur la longueur (on dépasse l’heure de jeu pour seulement six titres, parfois très alambiqués), la belle créativité de Deliverance laisse tout de même une très bonne impression globale après écoute.
- Salvation Needs A Gun
- Venereal
- Odyssey
- Up-tight
- Neon Chaos
- Fragments Of A Diary From Hell