Si cela fait plus d’une décennie que les allumés de Honey For Petzi traînent leurs guêtres dans le paysage musical suisse, ce groupe reste malheureusement encore trop méconnu hors de nos frontières.
Si l’album chroniqué ne date pas d’hier, il n’en reste pas moins LE disque qui a permis à beaucoup de personnes de découvrir cette formation des plus intéressantes. Après avoir sorti ses deux premiers albums (Honey For Petzi (1997) et Teleski (1998)) sur le label Dirty Alternative Beat (DAB), le groupe signe avec Gentlemen Records et s’offre les services du producteur Steve Albini pour ce troisième opus.
Véritable puzzle sonore, ce Heal all monsters est typiquement le genre d’album qui traverse les années sans jamais prendre une ride, et qui ne cesse de se bonifier avec le temps. Avec des compositions aux structures à la fois complexes et épurées, mélodiques et noisy, le groupe a trouvé le parfait dosage et nous balance quatorze titres intenses à souhait.
Si des titres tels que Snakes & scorpions, Safari deluxe, Formes flottantes, Thalassa, ou encore Leviathan vous déconnecteront presque totalement de la réalité grâce à leurs ambiances planantes et apaisantes, d’autres, nettement plus abrasifs et nerveux, se chargeront de vous secouer le cocotier. Le meilleur exemple à mon avis est le titre Labrador, qui débute de façon très poppy et entraînante, avant de gagner en intensité et de se muer en un véritable brûlot saturé, pour un final qui risque bien de faire grincer quelques dents, tant les attaques stridentes et noisy sont agressives.
Bien entendu, les morceaux ne suivent pas tous le même schéma de composition, mais je trouve que le titre susmentionné est assez représentatif de l’univers sonore proposé par le groupe tout au long de cet album. Tantôt ange, tantôt démon, le groupe aime jouer avec les nuances et les extrêmes, en prenant soin de bien brouiller les pistes, ce qui risque peut être d’en déconcerter certains au premier abord. Mais pas de panique, car comme la majeures parties de morceaux ne dépassent pas les trois minutes, l’assimilation reste tout de même assez facile.
Une fois ce cap passé, je dirai même qu’il devient très difficile de ne pas écouter l’album dans son intégralité et de ne pas se le repasser plusieurs fois d’affilée. Les titres se suivent et ne se ressemblent pas, mais forment un tout on ne peut plus cohérent et qui se révèle être un véritable petit chef-d’œuvre qui n’attend plus que vos platines.
A noter aussi que si la majorité des titres sont instrumentaux, cet album propose trois titres chantés (Post-teenage state, Formes flottantes, Facteur cheval), ainsi que quelques incartades électros (Snakes & scorpions, Formes flottantes, Leviathan) ou pianotées (Labrador).
Si vous êtes amateur de groupes tels que Shellac, Chevreuil, Don Caballero, Tortoise, ou encore Cheval de Frise, ce Heal all monsters ne devrait vraiment pas avoir de peine à trouver sa place au sein de votre CDthèque. Il s’agit d’ailleurs de l’album que je conseille généralement aux personnes qui souhaitent se plonger dans la discographie du groupe, laquelle comprend également les albums Nicholson (2003) et Man’s rage for black ham (2005, réédité une année après avec un cd supplémentaire composé de remix), ainsi que la bande originale du film d’Emmanuelle Antille, Angels Camp (2003). Le groupe a aussi collaboré en 2004 avec ses compatriotes de Parazit en formant Machnik, et en sortant un album éponyme (d’excellente qualité d’ailleurs) la même année chez Gentlemen Records.
Voilà, je crois que vous savez tout et j’espère vous avoir donné envie de découvrir cette formation qui est en constante évolution, et qui ne cesse de surprendre au fil de ses albums. A découvrir de toute urgence et à consommer sans modération !
- structurotron
- snakes & scorpions
- morgan’s thrill
- post-teenage state
- telecabine
- safari deluxe
- labrador
- formes flottantes
- kraken
- pandor
- facteur cheval
- thalassa
- alveole
- leviathan
Yeah? Chef-d’oeuvre ouais!!!! Un album culte! Dans les références il faut encore citer Larytta, projet electro-pop du batteur Christian Pahud accompagné de son collègue Guy Meldem.
Bien d’accord avec votre chronique qui est très complète sur la discographie du groupe!! Juste pour préciser, c’est Nicholson qui est ressorti en 2006 pour une seconde édition agrémentée d’un CD de Remixes (RMX FOR HFP). A noter aussi que HFP a sorti qqes-uns de ses meilleurs morceaux dans des compiles ou des splits maxi 45 (avec Chevreuil et Seidenmatt). Au début de cette année, ils ont sorti un maxi 45, Colorplan Excel, regroupant de version revues « electro/synthés » (sans guitare) de trois morceaux de Heal All Monsters ainsi qu’une nouvelle chanson assez décapante: No Story.