Cavernlight a la particularité d’être le groupe personnel d’Adam Bartlett, batteur de ce quartet du Wisconsin et proprio de l’excellent label Gilead Media (Thou, Ash Borer et un maximum d’autres groupes références). On ne s’étonnera donc pas de trouver As We Cup Our Hands And Drink From The Stream Of Our Ache (en compétition pour le titre d’album le plus long de l’année) sur le label de son batteur…
Faisant suite à Corporeal (2015), ce nouvel album devrait facilement attirer les amateurs du label, enfin ceux de sa frange lente et lourde, car Cavernlight est du genre à prendre son temps. Basant son propos sur une atmosphère bien lugubre, le quartet avance leeeeentement, écrasant par ses riffs poisseux tandis que les râles du vocaliste résonnent du fond de la caverne. En gros on a affaire à du sludge/doom enrichi de drone, de funeral doom ainsi que d’une lichette de black metal, bref de quoi donner un sacré coup de froid à votre début d’été !
Et ce froid-là, il est glacial tant l’atmosphère de cet album est inconfortable. Les titres jouent sur les textures, si bien que l’on a une paradoxale impression de dénuement alors que les riffs occupent l’espace majoritairement dans un imposant fracas (à vérifier pendant « Constructing A Spire To Pierce And Poison The Infinite », titre nous offrant de nombreuses variations, un petite accélération black puis quelques vocalises incantatoires).
Malgré l’aspect hermétique de l’enrobage, certains titres se distinguent par leurs mélodies hypnotiques: « Lay Your Woes Upon The Ground And Know That The End Will Soon Swallow You » notamment grâce à la contribution de Rachel N. de False (autre collègue de label) ou encore la conclusion « A Shell Of One’s Former Self » titre à la première partie quasi post-rock (avec le violoncelle et la voix de Sarah Green en invités), puis à la guitare seule accompagnant un chant de sirène. Ce titre se mue ensuite en post-metal plus typique (avec la voix de Michael Paparo de Inter Arma en nouveau guest) avant de rechanger de direction vers un black metal plus rapide qui ralentira sur la fin. Bref, un subtil mélange de beauté angélique et d’agressivité toute en noirceur.
Pour résumer grossièrement, on dira que Caverlight fait du… caverneux ! (hohoho !) Non, cet album ne fait pas rire et se distingue des nombreux groupes issus des genres post/doom/sludge grâce à ce parti pris contemplatif mêlé à cette atmosphère opaque digne d’une bonne petite noyade dans un océan (de nuit bien entendu). Essayez donc d’y plonger !
- Lay Your Woes Upon The Ground And Know That The End Will Soon Swallow You
- Constructing A Spire To Pierce And Poison The Infinite
- Wander, Part II
- To Wallow In The Filth That Dwells Where Despair Is Born
- A Shell Of One’s Former Self