Le consensus sur internet parmi la communauté de fans de Kayo Dot et de Toby Driver par extension est que cet album est décevant ou génial. Jetez déjà un oeil à l’attitude du petit bonhomme en haut et vous saurez de suite de quel côté de la barrière je me trouve. Après deux chef d’oeuvres passés presque inaperçus et après avoir perdu une grande partie de son orchestre, Toby Driver n’a cependant pas arrêté de composer et à même réussi à éviter de se répéter. Conséquence : plainte de certains fans qui attendaient une suite semblable à Dowsing anemone with copper tongue ou un improbable retour vers Choir of the eye. Mais, Kayo Dot évolue, change, s’échappe de son cocon et part voler encore plus loin.
Cette image n’a d’ailleurs pas que des prétentions littéraires. Bien que tout ce que délivre Blue lambency downward, Driver l’ait déjà évoqué dans ses précédentes compositions, les graines semées depuis le début sont aujourd’hui portées non plus par une brise mais par une tempête. Sa signature même sur Tzadik (label du saxophoniste free jazz John Zorn) trahissait , il y a quelques années déjà, la tendance qu’allait prendre ce compositeur multi-instrumentaliste et multi-forme. Ainsi, le jazz, par ses « codes » de composition complexes et évolutifs prend ici une part plus importante dans l’identité et dans les compositions de Kayo Dot. Aujourd’hui, l’influence de ce genre n’est plus uniquement diffuse mais, assumée et c’est ce tournant vers un « genre » plus « évident » que les fans auront peut-être du mal à accepter.
Evident c’est tout de manière très vite dit car, si Toby Driver était devenu un compositeur cloisonné dans un genre ce serait le signe qu’il aurait été remplacé par une pâle copie venue de l’espace ou d’une usine de cyborg de bas étage. Non, Toby Driver est toujours le même et son jeu de guitare est toujours aussi reconnaissable depuis ses débuts dans Maudlin of the Well (groupe de « metal » progressif dont il fut un des membres fondateurs) jusqu’à aujourd’hui. Son sens de la composition s’est par contre aiguisé et ses compositions sont aujourd’hui plus courtes (plus de marathon de plus de quinze minutes) mais, aussi beaucoup plus complexes.
C’est là aussi la grande surprise de ce disque et la raison de ma comparaison avec l’univers du jazz. La composition de l’orchestre n’a plus rien à voir avec le metal ou même le rock puisque seule la guitare subsiste comme témoin des raisons pour lesquels Kayo Dot a autrefois était associé à ces genres. Plus de bassiste. Plus de distorsion. Plus de cris. Plus, non plus, de notes laissées suspendues au beau milieu du silence. En réduisant la longueur des compositions, Driver a pris la décision de porter son attention vers une plus grande interaction constante entre tous les instruments (violon, piano, instruments à vent, orgue, vibraphone, percussions). Profitant des capacités musicales impressionnantes des musiciens qui l’accompagnent, il s’est permis des structures beaucoup plus denses et complexes.
En effet, lors du concert donné en région parisienne, bien que seulement six musiciens occupaient la scène, presque chacun tenaient au moins deux, voir trois instruments, différents entre les mains pendant toute la durée du set de quarante cinq minutes (à l’exception du batteur). Les morceaux sont par conséquent beaucoup plus difficiles à analyser et à saisir. Sur trois titres consécutifs la durée ne dépasse pourtant pas les cinq minutes. Mais, bien à l’opposé de ce que l’on pourrait attendre d’une chanson plus courte, l’attention est encore plus sollicitée à chaque instant pour en saisir toutes les variations.
Contrairement à Dowsing anemone … où l’on pouvait fermer les yeux et se laisser absorber doucement par une stase aux émotions douces et amères, Blue lambency downward demande à son public d’être attentif et de participer en activant tous ses sens pour profiter pleinement de chaque instant. Ce n’est toutefois pas un changement qui fait perdre de son identité à Kayo Dot ou même au travail de Toby Driver. Il suffit pour cela d’avoir suivit un peu son évolution depuis My fruit psychobell jusqu’à 60 metonimies pour entendre le chemin logique et subtile que l’artiste à tracé tout au long de sa vie de musicien. Driver et les musiciens qui l’accompagne (dont la ravissante Mia au jeu toujours aussi sublime et enchanteur, comme il se doit) ont fait atteindre à Kayo Dot une nouvelle étape. Intemporel tout en étant riche en idées neuves, ce nouvel album ne dénote pas du reste de la discographie de Driver à une exception près : la promesse d’un avenir encore plus surprenant.
- blue lambency downward
- cielia walking
- right hand is the one i want
- the sow submits
- the awkward wind wheel
- the useless ladder
- symmetrical arizona
chouette chronique, me reste plus qu’à écouter cet album correctement!
Kayo est de ces groupes à part qui pourrait singer constament la scène indé qu’ils resteraient toujours singuliers,Kayo je trouve toujours ça chiant au début,je me dis bah merde ils se sont plantés,dommage le précédent était meilleur,mais c’est sans compter sur cette lisibilité brumeuse,de ces trucs qui vous font revenir à chaque fois sur un disque en se disant qu’il manque une pièce au puzzle,on avance et à chaque marche on apprécie le paysage d’un peu plus haut,avec Kayo malgré le côté émotionné parfois limite surjoué je me prends au jeu,peu de groupes dans le genre me font cet effet.Je rejoins ta chro Horo,les effets jazzy sont plus présents mais toujours tenus sous le coude,ça déborde mais ça n’envisage pas la seule dialectique chaotique,un poil plus serains chez Kayo?C’est l’ambient qui pointe à l’horizon,peut être de l’etno qui sait en tout cas je vois cet album comme un album transitoire,chiant à en mourir ou claquifiant tout dépend du moment.Et puis Mia,still love ya quoi ;)
Cet album est ma grosse deception du moment… A part le 5eme morceau (je crois) qui est tres bon, la musique de Kayo dot, pour une foi, ne me touche pas plus que ça… :'( (et je ne suis pas un de ces fans qui attendaient quelque chose de précis)