Ignoré à ses débuts, ce projet solo français était à l’origine d’un disque pourtant fort intéressant. Titré Tectonics et paru sur le label Appease Me (fondé par Blut Aus Nord), l’album n’avait pourtant pas reçu le même accueil que d’autres signatures du label. Dommage, car il y avait beaucoup à dire et a écouter sur un premier album aussi abouti.
Aujourd’hui, le créateur du monstre PHOBOS continue seul sa route et s’auto-gère pour créer un luxueux et superbe deuxième album. Anoedipal est le second chapitre de l’aventure commencée en 2005 et dont le nouveau volet accuse les trois ans de réflexion qui les séparent.
Le disque même est protégé par un digipack luxueux, format dvd, cartonné et agrémenté d’illustrations complexes. Une imagerie chrétienne croise la lave et la roche dans un choc qui n’évoque pas un simple rejet pseudo sataniste mais la création d’un nouveau culte. Les paroles quant à elle évoquent la jouissance physique et intellectuelle. Un sentiment qui parcourt ce disque avec une vivacité toute particulière.
Dans toute sa froideur, ses cris et ses pulsations désarticulés, Anoedipal est une célébration. Un disque monde que l’on explore à la manière d’une exposition. Chaque morceau est une nouvelle pièce, étape d’un trajet visant non pas à révéler une vérité mais une nouvelle dimension. Celles qui constituent son auteur. Les rythmes créés par une boîte à rythme synthétique conviennent à merveille pour faire vibrer le coeur de cette machine dont les grondements proviennent des tréfonds de la terre. L’illustration centrale du livret traduit parfaitement l’image mentale créée. La roche entoure et recouvre le tracé rouge d’une lave évoquant le sang. Encastré dans ce socle créé par des guitares dissonantes et discordantes sur un rythme Godfleshien, les cris sont les seules marques d’une humanité hurlant, non pas par révolte, mais par catharsie au contact de cette substance sonore à la fois compacte et mouvante.
De ce concept abouti, PHOBOS tire un album unique en forme de voyage au centre de la terre. Une exploration qui mêle la chair à la roche dans une structure électrique et futuriste. Un artiste unique et vital que l’on peut rapprocher de Godflesh et Blut Aus Nord mais qui ne ressemble à aucun des deux. Une œuvre à célébrer.
- unzen / to disrupt the cycle of the foeces
- hans & horses / to unbind father and son
- post theophanies / to unbind the son and the holy ghost
- destrud mortid / to comply with the cruel contact
- algo lagnia / to embrace the rites of masoch
- elitotems / odimus profanum vulgus
Tectonics était très intéressant mais j’avais assez vite mis les pouces faute de véritablement lui trouver un terrain d’accroche, et parce que mon masochisme auditif a des limites dans ces cas là. A voir ci ce petit dernier propose un cauchemar plus hospitalier, ou à tout le moins plus cartographié.
Plus cohérent et structuré que Tectonics, donc plus effrayant et moins » too much « .