Je n’attendais pas monts et merveilles de ce groupe, dont la première production, l’EP Ancient Sorrow, faisait doucement la planche dans la vague d’Agalloch et multiples consorts. De monts ni de merveilles il n’est d’ailleurs question sur leur premier album, emballé avec amour par Code666. On se contentera de feeling et de qualité, choses qui […]

Je n’attendais pas monts et merveilles de ce groupe, dont la première production, l’EP Ancient Sorrow, faisait doucement la planche dans la vague d’Agalloch et multiples consorts. De monts ni de merveilles il n’est d’ailleurs question sur leur premier album, emballé avec amour par Code666. On se contentera de feeling et de qualité, choses qui suffisent à une musique copieusement arpégée, et enrichie de nappes limpides (claviers, backing guitar) pour autant de fuites au couchant en des refuges tapissés de feuilles mortes, qui ne sont pas sans évoquer le modus operandi de Negura Bunget. Les charmantes natures sépia de l’artwork y trouvent leur expression sonore rêvée. Fen s’adonnent donc à un style balisé, mais pas encore surpeuplé, où leur album, soigneusement scénarisé et solide jusqu’à son terme, paraît pouvoir s’arroger une certaine permanence. On pourra peut-être faire la fine bouche en regrettant que le groupe campe parfois sur des harmonies réussies et nous frustre ainsi de davantage de coups d’audace dans la veine de cette superbe sarabande de guitare claire en conclusion de “As Buried Spirits Stir.”

Vous lirez un peu partout que le chant clair est une calamité. Ce n’est pas tout à fait vrai. D’une part il n’apparaît qu’en peu d’endroits, d’autre part seul le morceau “Colossal Voids”, le seul à posséder, l’espace de quelques minutes, une parenté stylistique avec Alcest – là encore ne croyez pas les comparaisons hâtives – s’en trouve véritablement dégradé, et c’est seulement parce que le gars met vraiment tout son cœur pour chanter comme une casserole.